Par Carly Dollin
carlydollin@yahoo.com
Moins de 3 médecins pour 10 000 habitants, une espérance de vie à la naissance autour de 54 ans, un taux de mortalité maternelle de plus de 500 pour 100 000 naissances vivantes, un nombre annuel moyen de 38 000 décès d’enfants de moins de 5 ans, soit un taux de mortalité infanto-juvénile qui représente les 2/3 des décès d’enfants de cette tranche d’âges dans les Caraibes. En dépit de ces indicateurs alarmants, les étudiants haïtiens diplômés en médecine à Cuba semblent n’être pas les bienvenus dans leur pays.
Deux promotions de médecins haïtiens, soit plus de deux cents (200) étudiants, ont chiadé à l’École latino-américaine de médecine (ELAM) pour décrocher leur diplôme en médecine à Santiago de Cuba. Parmi les 28 pays du monde ayant bénéficié de ce programme de formation en capital humain mis sur pied par le gouvernement cubain, Haïti est sortie en tête de liste pour la première promotion.
Une adaptation culturelle difficile
Les études de médecine à Cuba s’avéraient un défi de grande taille à relever par les étudiants haïtiens, particulièrement au début. L’adaptation aux us et coutumes, notamment à la cuisine cubaine, ne leur a pas été facile. Du côté financier, la vie de ces étudiants a été également très compliquée. Au début, chacun recevait une infime allocation de 50$US qui ne pouvait même pas couvrir leurs besoins primaires. Cette allocation allait être coupée avec un changement de gouvernement à Port-au-Prince. Mais, animés d’un mâle courage, ils ont fini par surmonter les difficultés de tous ordres et boucler leurs études. Si, lors de la cérémonie de collation de diplômes, les étudiants des autres pays bénéficiaires du programme, ont eu, de la part des représentants de leurs gouvernements, droit à des promesses d’affectations de postes, de salaires et de cadeaux, il en était autrement pour ceux d’Haïti. D’ailleurs, aucun officiel haïtien n’avait jugé nécessaire de faire le déplacement.
Selon une clause du contrat signé avec l’État, les jeunes médecins haïtiens formés à Cuba doivent retourner au pays, au terme de leurs études, pour mettre leurs savoirs au service des populations de leur zone de naissance. Cependant, cela fait environ deux ans qu’ils sont revenus, mais aucune suite administrative n’est toujours donnée à cette clause. Les responsables sanitaires attendent sans doute qu’ils s’expatrient au Canada ou aux États-Unis, dans ces contrées où l’on reconnaît la valeur des ressources humaines, pour enfin mettre en place les structures d’accueil qui permettront à ces professionnels d’être utiles à leur pays.La précarité de notre système de santé, la fragilité de notre environnement, la faiblesse de notre système d’éducation sont tributaires de nos comportements irrationnels. C’est Paolo Coelho qui dit : « Au lieu de regarder la vie comme des malheureuses victimes d’un voleur ; nous devons appréhender la vie comme des aventuriers à la recherche de trésor ».
Combien de fois avons-nous été chercher à l’étranger des ressources nécessaires à l’exécution d’un projet pendant que ces ressources sont disponibles chez nous. Nos médecins, issus de la moule cubaine, sont parmi les acteurs médicaux les mieux formés de ce 21e siècle. Engageons-nous à leur offrir un cadre de travail convenable pour qu’ils puissent exercer leur métier et aider à l’amélioration de notre Indice de développement humain.
jeudi 5 juillet 2007
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Commentaires
Je me sens particulièrement touché par cette dépêche qui traduit encore une fois le dysfonctionnement de tous les systèmes chez nous. Qui pis est, ont est souvent dérouté par la cacophonie flagrante résonnant dans une contradiction palpable entre les discours des responsables pour épater la galerie et l’orientation effective des actions des autorités.
Depuis quelques temps on ne fait que parler de la coopération hatianno-cubaine dans le domaine de la santé et, dernièrement cette coopération a aménagé un espace pour l’empreinte de l’homme fort du Venezuela Hugo Chavez pour constituer un axe Preval-Castro-Chavez pour résoudre les problèmes de santé de la population haïtienne. Dans les discours du président de la République lors de la visite de Chavez en Haïti il était question de doter le pays d’une couverture médicale complète assurée par des médecins cubains qui seraient peu à peu remplacés par des médecins haïtiens formés à Cuba. Jusque là, l’initiative luisait une certaine cohérence.
Il est aujourd’hui inconcevable que des diplômés d’écoles cubaines aient des difficultés à s’intégrer au sein de ce programme à un point tel qu’ils doivent contempler comme la grande majorité des médecins haïtiens formés en Haïti ou ailleurs, s’expatrier vers le Canada ou les Etats-Unis d’Amérique.
Il est donc intéressant de trouver une justification à cet état de fait.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 6 juillet 2007
SANTÉ / Les médecins haïtiens diplômés à Cuba invités à s’expatrier
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