Institution pionnière dans la prise en charge des tuberculeux en Haïti, le Sanatorium, perché sur les hauteurs de Carrefour-Feuilles, crie sa misère, soixante ans après sa fondation. Avec ses quelque 500 tuberculeux à traiter, loger... et nourrir annuellement, le fardeau est lourd pour l'administration.
Toits éventrés couverts de moississure, parquet troué, baies vitrées privées de quelques lames, lits branlants, maigre budget ... le Sanatorium de Carrefour-Feuilles, en dépit de son dénuement, symbolise la lutte contre la tuberculose en Haïti. Annuellement, cet hôpital de référence admet pour être traités et nourris quelque 500 tuberculeux. A cela s'ajoutent des centaines d'autres soignés en clinique externe tous les mois. Un lourd fardeau pour la directrice, le Dr Jocelyne Dorlette, qui ne désarme pas. Depuis son minuscule bureau, la pneumologue de carrière s'échine à tenir à bout de bras l'institution pionnière dans la prise en charge des cas de tuberculose dans une capitale haïtienne où la majorité de ses 2 millions d'habitants vivent dans la promiscuité. Ce qui est favorable au développement de cette maladie contagieuse.« Si vous voyez dans les salles d'hospitalisation que les draps sont propres, c'est grâce à la donation d'un particulier de l'étranger », a murmuré, reconnaissante, Jocelyne Dorlette qui -pour avoir été pendant huit longues années directrice adjointe- connaît bien la boîte.
Le maigre budget de l'institution ne permet pas d'investir ni dans l'achat de matériel ni dans l'entretien du bâtiment. Il sert seulement à payer les employés et les contractuels. Une réalité qui a poussé la nouvelle administration à réclamer une cotisation de 50 gourdes pour une consultation et 300 gourdes pour toute la durée d'hospitalisation d'un patient. Cette cotisation permet au moins à l'institution de se procurer les antiseptiques nécessaires pour combattre les mauvaises odeurs.
« Autrefois, quand la nourriture fournie par le CRS (Catholic Relief Service) arrivait à notre entrepôt, il n'y avait pas de gaz pour la faire cuire, se rappelle la directrice. Mais, depuis près d'un an, nous bénéficions hebdomadairement d'une bonbonne de gaz de Monique César Ministère pour faire la cuisine aux patients.
Ici, quand l'aide n'arrive pas de façon irrégulière ou incohérente, elle est par contre mal canalisée. Certains groupes de religieux arrivent parfois avec des sacs de nourriture ou de détergent et les distribuent directement aux patients, constate impuissante l'administration de l'hôpital aux 111 lits fonctionnels. « Le malade ne faisant ni la lessive de ses draps ni la cuisine à l'hôpital, il n'a qu'à faire parvenir cette aide à sa famille », commente la directrice qui n'entend pas parler de lourd fardeau. Bien qu'en situation difficile, ce centre est souvent épargné des grèves en cascade que connaissent les hôpitaux publics. « Le fardeau serait lourd si je tentais de le porter toute seule », philosophe la pneumologue formée à l'Université d'État d'Haïti, en Algérie et en France. La détermination de ses 172 collaborateurs (médecins, infirmières, radiologues, laborantins, cuisiniers, personnel de soutien...) a entretenu sa passion jusqu'à considérer le Sanatorium comme un second foyer. L'espoir renaîtDe 200 lits, la capacité du Sanatorium est passée à 150 depuis qu'un chantier a été ouvert par l'Etat pour reconstruire une aile de cet hôpital spécialisé dans le traitement des maladies pulmonaires. « Le chantier doit être relancé incessamment», a annoncé, l'air joyeux, la directrice qui a récemment demandé qu'on vienne en aide à l'institution fondée il y a de cela soixante ans par le Dr Louis Roy. Depuis l'intervention publique de l'actuelle directrice à une session organisée par Panos Caraïbes, la situation de l'hôpital s'est améliorée.« Les malades reçoivent des soins, on a connu des jours meilleurs », admet la directrice qui a tenu à saluer le dévouement du ministère de la Santé publique qui a aidé à l'assainissement des toilettes. Le ministère de tutelle est également intervenu au niveau de l'électricité, indispensable à l'hôpital qui savait utiliser des bougies en période de rationnement drastique du courant électrique.
Si l'espoir renaît pour la plus vieille institution qui traite des patients référés par le Pénitencier national, l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti, les centres ambulatoires... l'environnement se dégrade davantage. « Les gens ont construit tout autour de l'hôpital. Certains voisins ont même déversé des détritus dans la cour du Sanatorium.» Un autre combat dans la quête de la bonne santé au Sanatorium!
Claude Gilles
gonaibo73@yahoo.fr
(Panos Caraïbes)
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=45755&PubDate=2007-07-06
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 6 juillet 2007
Le Sanatorium, tenu à bout de bras (Vos aides seraient les bienvenues!)
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