Juillet 2007
par Djems Olivier
A Port-de-Paix, dans le Nord-Ouest d’Haïti, les problèmes auxquels fait face la population, particulièrement les jeunes, sont multiples.
Conscients, de nombreux jeunes demandent aux autorités régionales et nationales d’assumer leurs responsabilités.
P-au-P, 25 juil. 07 [AlterPresse] --- Pas d’écoles professionnelles ni d’universités (publiques ou privées), pas de centres de lecture et d’animation socioculturelle, ni de programmes d’intégration pour les jeunes, la ville est privée d’électricité, d’eau potable, de toutes les infrastructures de base.
C’est le constat dressé, ce 25 juillet 2007, par l’Association des Jeunes en Action de Port-de-Paix (Aja), au cours d’une rencontre avec la Presse, dont un journaliste de l’agence en ligne AlterPresse.
Venus directement de cette ville haïtienne, des responsables de l’Aja, très critiques envers les autorités étatiques, croient important de faire le nécessaire pour permettre aux résidents et originaires de ce département de vivre convenablement.
« Les problèmes endurés par les jeunes de Port-de-Paix sont multiples : maladie, pauvreté, famine, délinquance juvénile, discrimination, exclusion sociale, loisirs, éducation, eau potable, électricité, dégradation de l’environnement », expose Yornide Darice, coordonnatrice adjointe de l’Association des jeunes en Action.
Au siège social du Centre de communication sur le Sida (Cecosida) à Port-au-Prince, Darice et ses compatriotes expliquent aux journalistes que ces problèmes poussent de nombreux jeunes de la zone du Nord-Ouest à se diriger vers la République Dominicaine pour se faire exploiter à outrance dans les bateyes dominicains.
D’autres, soulignent-ils, risquent leur vie dans des embarcations de fortune en quête de meilleures conditions de vie à Bahamas ou aux Etats-Unis d’Amérique.
Cette rencontre, avec la presse au siège du Cecosida, s’est déroulée sous le thème « L’urgence d’améliorer la situation des Jeunes de Port-de-Paix ».
Ville, autrefois, exportatrice de bananes et de café, Port-de-Paix est actuellement un entrepôt pour l’importation de biens arrivés en contrebande depuis Miami. Ce chef-lieu du département du Nord-Ouest est habité par quelque 6.3% de la population totale d’Haïti estimée en janvier 2003 à 8,4 millions d’habitants.
Les jeunes de l’Aja croient que le développement de ce département doit inéluctablement passer par eux-mêmes.
« Nous avons besoin de l’encadrement des autorités gouvernementales, pour pouvoir développer nos talents, nos aptitudes intellectuelles, nous avons besoin de l’encadrement pour pouvoir participer au développement de notre communauté », affirme Jean-Ryl Anténor, porte-parole de l’Association des jeunes en Action.
Les jeunes face à la pandémie du Sida
Les Caraïbes, zone où se trouve Haïti, constituent la deuxième région la plus touchée au monde par le VIH/SIDA, selon les statistiques officielles. A Port-de-Paix, il n’y a pas longtemps, ce fléau touchait particulièrement les jeunes. Grâce aux efforts de certaines institutions, Yornide Darice indique que le taux de prévalence commence à diminuer.
« C’est une faible amélioration, mais cela ne veut pas dire que tout doit s’arrêter là », précise-t-elle, tout en soulignant l’apport du Cecosida ainsi que d’autres partenaires dans la lutte contre ce fléau.
Appel aux interventions gouvernementales
Les revendications des jeunes de Port-de-Paix s’adressent aux ministères de l’éducation nationale, de l’environnement, de la culture ainsi que de la jeunesse et des sports. Yornide Darice et Jean-Ryl Anténor invitent les responsables de ces instances gouvernementales à intervenir au plus vite dans le Nord-Ouest.
« Les jeunes, il y en a qui ne vont pas à l’école ; d’autres, après avoir terminé leurs études classiques, ne sont pas en mesure de s’inscrire, voire de fréquenter l’Université d’Etat d’Haïti », se plaint la coordonnatrice adjointe de l’Aja.
« Nous demandons au ministère de l’éducation nationale de nous aider à sortir de cette situation d’isolement, d’ouvrir des annexes d’université dans le Nord-Ouest pour éviter que nos jeunes continuent à se rendre à Port-au-Prince pour des études supérieures », soutient-elle.
A Port-de-Paix, la moyenne des précipitations ne dépasse pas 500 millimètres, tandis qu’à la moindre averse, la ville, se présentant comme une cuvette, est inondée à cause de l’absence de canalisation et d’assainissement des différentes artères.
« Les problèmes environnementaux ont des conséquences néfastes sur la vie de nos jeunes. Les ordures ménagères jonchent nos rues, la ville déjà poussiéreuse est plongée dans le black-out », déplore Yornide Darice qui estime que « le black-out est source d’insécurité et de violence ».
« Nous demandons au ministère de l’environnement de venir en aide à la population de Port-de-Paix », ajoute Jean-Ryl Anténor.
Vers la célébration de la journée internationale de la jeunesse à Port-de-Paix
La date du 12 août de chaque année est consacrée par les Nations Unies à la célébration de la Journée internationale de la jeunesse. En 1995, l’Organisation des Nations Unies (Onu) avait adopté un Programme d’action mondial pour la jeunesse, dans le souci de sensibiliser les gouvernements aux aspirations des jeunes qui souhaitent un monde meilleur et à la volonté de ces mêmes jeunes de contribuer à la recherche de solutions plutôt que d’être une source de problèmes.
A Port-de-Paix, l’Association des Jeunes en Action compte marquer cette date. Des activités culturelles et artistiques seront organisées pour sensibiliser les autorités concernées sur les différents problèmes de cette ville, selon les précisions de Jean-Ryl Anténor.
Port-de-Paix est à la fois le chef-lieu du département du Nord-Ouest et d’un arrondissement qui comprend quatre communes : Port-de-Paix, Île de La Tortue, Bassin Bleu, et Chansolme.
Cinquième ville d’Haïti, Port-de-Paix fut fondée en 1644 par les Espagnols qui la nommèrent Valparaiso (Vallée de délices) sur l’ancienne résidence d’un lieutenant du Cacique du Marien. [do apr 25/07/2007 14 :00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6242
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 26 juillet 2007
Haïti : Des jeunes de Port-de-Paix exposent leurs desiderata
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