Google

vendredi 15 juin 2007

Cité Soleil, l'autre bataille...

A Cité Soleil, les armes se sont tues. Mais la bataille contre la misère et le chômage vient à peine de commencer...Malgré la canicule, des jeunes gens font le pied de grue à l'entrée de la Mairie de Cité Soleil. Contenus par des vigiles bien armés, quelques-uns, en guenilles, tiennent fermement leur carte d'identification nationale à la main. Ils semblent être dévorés par le besoin de trouver du travail. Une échappatoire à la précarité socioéconomique accentuée par les conséquences dévastatrices des mois d'affrontements entre Casques bleus et groupes d'individus armés.
Ironie évocatrice, Mackenson *, 22 ans, ancien guérilléro aux ordres de Bélony, l'ancien homme fort de Bois-Neuf, se trouve parmi ces demandeurs d'emplois. Casquette vissée sur la tête, le regard dénué d'expression tel un revenant de l'enfer, il évoque, du bout des lèvres, les circonstances d'une blessure à la nuque à lui infligée en décembre dernier. C'était, lors des raids successifs de la MINUSTAH, pour reprendre le contrôle du plus grand bidonville de la capitale où vivent plus de 250.000 personnes, se rappelle-t-il. Loquace, Mackenson le devient en revanche en s'apitoyant sur ses galères, tout en regardant, du coin de l'oeil, une pelleteuse du SMCRS s'attaquer à une pile d'immondices que l'on croirait avoir poussé des racines sur le pavé. « Nous avons compris qu'il fallait déposer les armes. Mais aujourd'hui, l'Etat doit penser à nous », explique-t-il sous les yeux de compagnons d'infortune pour qui la misère et le chômage sont à la base de la violence à la Cité. Une observation partagée par Jean-Robert Charles, un des Maires de Cité Soleil qui dit insister auprès des ONG opérant dans la commune pour qu'elles embauchent des gens vivant dans ce bidonville. Le CHF, une ONG qui détient 12 des 20 millions de dollars de don des Etats-Unis en faveur des habitants de Cité Soleil pour construire deux écoles nationales, une gare routière non loin de Fort-Dimanche, paver (adoquiner) de rues..., promet d'embaucher 400 personnes, confie Jean Robert Charles. Ce maire s'inquiète, d'un autre côté, du départ prochain des équipes de Médecins Sans Frontières de l'Hôpital Sainte Catherine de Labouré, non loin du wharf. Un coup dur, estime t-il, en faisant état des discussions avec le ministre de la Santé publique, le Docteur Robert Auguste afin de les remplacer.Cité Soleil ne fait plus la une de l'actualité. Les armes se sont tues. Mais les conditions qui ont fait d'elle un terrain de recrutement fertile pour la mafia locale aux ramifications internationales demeurent. Mackenson et d'autres compagnons de galère attendent des solutions, du travail. Pendant combien de temps ? C'est la question que se posent ceux qui souhaitent réellement gagner la bataille contre la misère de ces gens.
Roberson Alphonse
robersonalphonse@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=44842&PubDate=2007-06-14
Commentaires…
Oui. Il s’agit encore de CITE SOLEIL. Sans aucun doute la région devenue la plus populaire du pays. Quartier déshérité peuplé de déshérités de Port-au-Prince, Capitale d’Haïti. Quartier devenu synonyme de violence, de misère, de fief d’Aristide, synonyme de kidnapping, synonyme d’Haïti en faillite. Souvent le plus vaste bidonville du pays porte le poids de toute la déconfiture de la société haïtienne.
Nous apprécions l’engouement que suscitent la situation et le contexte qui gravitent autour de cette partie de Port-au-Prince. Il est clair qu’il ne suffira jamais de déloger les bandits et d’occuper leurs maisons pour considérer comme régler le problème de l’insécurité engendré en grande partie par la fameuse fracture sociale.
Il faudra comme corollaire, des actions concrètes destinées à provoquer une situation de rupture dans les consciences dans les mœurs et surtout dans la réalité de tous les jours.
Que l’action des pays concernés s’insère dans cette logique et une bonne partie du chemin sera parcourue…

Aucun commentaire: