Pour l'ambassade américaine à Port-au-Prince, le président sortant d'Haïti, René Préval, est un allié, mais sa "personnalité" pose problème. Lors de son élection, en 2006, M. Préval avait pu compter sur le soutien des Etats-Unis, du Brésil et de la France, très impliqués en Haïti. "Son engagement pour la construction d'institutions démocratiques, la promotion de la stabilité politique et le développement de l'économie correspond à notre propre intérêt", affirme un message diplomatique de mars 2007 obtenu par WikiLeaks et examiné par Le Monde.
"Préval reste l'homme indispensable d'Haïti", insiste un long mémo de juin 2009 intitulé "Déconstruire Préval". Cependant, "la relation avec lui est un défi qui peut être frustrant et parfois gratifiant", explique ce texte. La difficulté découle de sa "vision du monde, sa personnalité et son style de leadership renfermé", ainsi que d'un "caractère de caméléon". "Personnalité discrète et complexe, le président partage peu. Son cercle rapproché a beaucoup rétréci ces deux dernières années." D'ailleurs, "l'isolement de Préval dans le palais au cours de la dernière année est notable". "Il quitte rarement le palais, sauf pour aller chaque soir à sa résidence ou au refuge qu'il a acheté à sa fiancée sur les hauteurs de Port-au-Prince."
VISION "CYNIQUE " DE LA POLITIQUE HAÏTIENNE
Femme d'affaires formée aux Etats-Unis, "Elizabeth Delatour est la seule conseillère avec laquelle il a des discussions significatives", précisait le mémo de 2007, deux ans avant qu'elle n'épouse René Préval. Le mémo avouait néanmoins qu'il était difficile d'évaluer son influence. En fait, "Préval n'a confiance ni en ses conseillers ni en ses ministres pour prendre des décisions, et même pour les appliquer". Résultat, "Préval est très peu incliné à déléguer le pouvoir et les détails les plus insignifiants arrivent même sur son bureau", explique le mémo de 2009.
Le président haïtien accepte rarement les "opinions divergentes". Cette prise de décision "unilatérale" et sa "tendance à la micro-gestion" s'accompagnent d'une vision "cynique " de la politique haïtienne ("souvent justifiée", ajoute l'auteur de la note. "Têtu et soupçonneux", le président haïtien reste "sceptique sur les engagements de la communauté internationale". "Préval demeure essentiellement un nationaliste", "méfiant à l'égard des intentions des étrangers et convaincu que personne ne comprend Haïti aussi bien que lui". M. Préval "admet qu'il ne lit ni n'écoute les nouvelles, locales ou internationales".
"PERSONNAGE INACTIF"
"Le comportement parfois erratique de Préval ces dernières années a suscité de larges rumeurs sur le fait qu'il souffre de son ancien cancer de la prostate ou qu'il a recommencé à boire." Le président haïtien a ignoré les conseils de ses proches de procéder à un bilan de santé aux Etats-Unis et ne s'est pas rendu à Cuba pour les tests de suivi depuis un an. Lors d'un premier mandat présidentiel (1996-2001), René Préval était perçu comme un "personnage inactif".
"Tantôt déterminé, tantôt distrait, Préval est souvent réticent à utiliser les leviers de pouvoir de la présidence." Il en résulte un "vide politique" occupé par "ceux qui ne pensent pas nécessairement aux intérêts de la nation". A propos de l'exercice du pouvoir exécutif, le mémo de 2007 évoquait déjà les "faiblesses" de M. Préval et même une "passivité générale". En 2010, cela lui a été reproché après le séisme de janvier et l'essor du choléra.
Paulo A. Paranagua
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 29 novembre 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire