Dans les plans de construction ou de reconstruction des aéroports du pays, la question foncière pose d'énormes difficultés qui retardent l'exécution des travaux ou empêchent le lancement d'autres. Si les travaux de construction de l'aéroport international du Cap-Haïtien sont déjà lancés, Port-de-Paix, Jérémie et Hinche doivent encore attendre leur tour. Le directeur général de l'Autorité aéroportuaire nationale (AAN), Lionel Isaac, que nous avons rencontré en marge de la cérémonie d'inauguration de l'aérodrome de Jacmel, fait le point.
Haïti: Dieudonné Joachim (D.J.): Après l'épouvantable catastrophe qu'a vécue le pays le 12 janvier 2010, quels sont les plans de reconstruction de l'AAN dans le domaine aéroportuaire ?
Lionel Isaac (L.I.) : la question est de taille, puisque, comme nous le savons tous, le tremblement de terre a négativement affecté une bonne partie du territoire, sans compter les pertes en vies humaines qu'il a occasionnées. Le séisme du 12 janvier a violemment endommagé l'aéroport de Port-au-Prince particulièrement. Nous avons dû passer six semaines sans aucune opération commerciale. Comprenez par là que durant l'arrivée de l'aide humanitaire, nous n'avons réalisé aucune rentrée de revenus commerciaux. Rien.
Mais ce n'est pas tout. Le terminal est endommagé à 70%. Les 30% restant n'étaient pas forcément indemnes, avec des dommages légers. Nous l'avons réparé et l'ouverture le 19 février a été possible. Le 19 février nous avons récupéré une partie du trafic. Bien entendu, avant le 12 janvier, nous avions déjà un plan de développement de l'aéroport prévoyant un nouveau terminal pouvant accommoder deux millions de passagers. Il était prévu aussi le reconditionnement de l'actuel terminal pour recevoir 500 000 passagers. Ce qui portera la capacité d'accueil à 2,5 millions de passagers pour l'international; le reste on le traitera pour les usages du trafic domestique.
Les effets négatifs, destructifs du 12 janvier obligent à ne plus compter sur le bâtiment. Dans notre plan de reconstruction, nous envisageons un nouveau terminal qui aura une capacité annuelle de 2,5 millions de passagers. Aujourd'hui, nous avons plus d'un million de passagers. Nous comptons faire passer ce chiffre à 2,5 millions.
D.J. : Si les passagers augmentent, la fréquentation etle trafic des véhicules vont également augmenter. Qu'est-ce qui est prévu pour le stationnement des véhicules ?
L.I. : Il sera construit un parking moderne dans les étages, un centre de gestion de location de voitures. Les voies d'accès à l'aéroport, qui posent actuellement un problème durant la grande saison, seront abordées à l'intérieur d'un plan global. Nous travaillons durement pour concrétiser ces plans. En ce sens, nous travaillons sur le programme de financement avec le gouvernement. Autant dire que bientôt ce sera une réalité. En même temps nous collaborons avec le gouvernement américain par l'intermédiaire de la U.S. Trade and Development Agency (USTDA) dans le cadre de ce plan de relance et des fonds à la disposition de l'AAN. D'ici à un an, nous aurons les plans complets de reconstruction bien ficelés.
D.J. : M. Isaac, où allez-vous trouver les fonds nécessaires pour financer ces projets ?
En général, je n'aime pas promettre. Néanmoins, je peux dire aujourd'hui, dans un travail sérieux avec le ministre des Travaux publics, nous envisageons de traiter avec des bailleurs potentiels. Déjà nous entrevoyons de très bonnes perspectives. Nous sommes avancés dans ce domaine, puisque l'AAN possède un plan d'affaires pour montrer les origines possibles des fonds. Je pense que l'essentiel n'est pas les fonds, mais le mécanisme de mise en place. A présent, beaucoup s'intéressent à Haïti et à l'aéroport Toussaint Louverture. Le problème fondamental demeure la façon dont les fonds seront disponibles et dans quel délai.
D.J. : L'AAN vient d'inaugurer l'aéroport de Jacmel où le trafic n'est pas florissant. Qu'est-ce qui a guidé ce choix à la place d'autres villes plus difficiles d'accès ?
LI : Dans nos plans, à chacun son tour. Les facilités de mise en oeuvre ont essentiellement joué en faveur de Jacmel. En termes de nécessité, d'urgence, Jacmel n'est pas au premier rang. Jérémie et Port-de-paix conviendraient mieux. Les complications, à Jérémie, pour obtenir le terrain nécessaire retardent le début des travaux. Nous avons commencé les démarches bien avant celles de Jacmel. Des difficultés locales nous empêchent d'avancer dans l'expropriation. Port-de-Paix à un grand trafic et est dans une zone plus difficile d'accès. Le gros problème à Port-de-Paix est le lieu de localisation de l'aéroport : le terrain.
Après 1986, la population a envahi les alentours du terrain qui devrait loger l'aéroport de Port-de-Paix. Toute action à la normalisation devient impossible. Des actions de déplacement ont débuté, mais à peine acceptables. Personnellement, chaque fois que je parle de Port-de-Paix cela me pose un problème. Il existe une possibilité de construire l'aéroport près des côtes et une autre pour la construire de l'autre côté de la rive des Trois-Rivières. La construction près des côtes et la proximité de la montagne rendraient les coûts excessivement élevés. Tandis qu'à l'époque le pont sur les Trois-Rivières n'était que rêve.
Aujourd'hui, la construction du pont est une victoire pour les habitants de la ville et du département du Nord-Ouest en général. Nous bougeons dans le sens de l'avancement de la construction de l'aéroport. La localisation du terrain est en cours. Voilà pourquoi on a été aux Cayes, à Jacmel, et bientôt Port-de-paix. Nous espérons qu'à Jérémie, dans un délai court, les solutions seront trouvées.
D.J. : Hinche, chef-lieu du département du Centre, ne bénéficiera-il pas de travaux pour son aérogare ?
L.I. : Les Hinchois sont déjà assez avancés dans les travaux à effectuer au niveau de l'aéroport de cette ville.
D.J : En ce qui concerne le Cap-Haïtien, comment vont les démarches ? Le contrat de financement a été récemment signé. Quels sont les caractéristiques de l'ouvrage !
L.I. : Les travaux de construction de l'aéroport du Cap-Haïtien sont lancés. Ils dureront 18 mois. Plusieurs étapes seront franchies. Une piste en asphalte de 1300 mètres de long au Cap-Haïtien et une partie d'une piste en béton de 1100 mètres de long dont la construction a déjà débuté. Nous allons allonger de 200 mètres la piste en béton pour la faire passer à 1300 mètres. Elle sera maintenue en opération durant les 18 mois d'exécution des travaux. Une route provisoire sera construite pour conduire vers les zones d'opération. Une deuxième étape consistera au renforcement de la piste existante. De telle sorte qu'à la fin des travaux la piste aura une longueur dépassant les 1600 mètres. Avec une telle longueur, les avions à réaction transportant jusqu'à 150 passagers (Boeing 737-800) pourront atterrir sans aucune difficulté. Un terminal d'une capacité de 500 passagers par heure sera construit. Il aura la capacité d'extension dans ses deux extrémités. En plus, les équipements de navigation qui seront installés de façon à faciliter l'exploitation durant la nuit (balisages lumineux, par exemple). La particularité de la construction de l'aéroport du Cap-Haïtien est un prêt de l'Etat haïtien auprès des Vénézuéliens. L'entrepreneur principal pour gérer l'exécution des travaux est prévu dans le contrat.
Les travaux qui peuvent être exécutés par les firmes haïtiennes le seront sous la supervision d'une compagnie cubano-vénézuélienne. Une structure mise en place par l'Autorité aéroportuaire nationale sera responsable de la supervision générale. Environ 33 millions de dollars sont prévus pour le financement du projet.
Propos recueillis par Dieudonné Joachim
djoachim@lenouvelliste.com
http://lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83499&PubDate=2010-09-14
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