Aurélie Foulon | 24.02.2010, 07h00
Ils ont passé toute la journée à faire les cent pas dans le hall du tribunal de Bobigny. Le père de Marc, ses tantes, cousins et cousines étaient tous réunis pour assister à l’audience déterminante. Celle qui allait décider du sort de Marc, 23 ans. Le jeune homme, survivant du séisme qui a secoué Haïti et fait 300000 morts, a été autorisé hier soir à rejoindre sa famille. La justice a finalement accepté de le laisser libre, le temps d’examiner sa demande d’asile politique.
Il a retrouvé son père installé à Pantin et sera hébergé par son oncle et sa tante qui avaient déjà préparé sa chambre dans leur appartement du Blanc-Mesnil. Pour y parvenir, Marc a quitté Haïti le 1er février. « Depuis le tremblement de terre, il y a moins de contrôles, explique-t-il. Alors j’ai rejoint Saint-Domingue et j’ai pris l’avion avec un passeport qui n’est pas le mien. » Il parvient à quitter l’île dévastée mais se fait démasquer à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle en arrivant vendredi.« Il a utilisé des faux papiers mais tout le monde aurait fait la même chose à sa place, insiste son cousin. Il n’avait rien à manger et devait marcher plusieurs kilomètres pour trouver de l’eau. Il n’avait pas le choix, c’était ça ou mourir… » « La ville dans laquelle il vivait a été détruite à 80 %, il a simplement voulu rejoindre sa famille, plaide son avocate. Son père, ses tantes et ses cousins sont là. »
Pour justifier de sa véritable identité, le jeune homme présente une photocopie de son passeport. « L’original est perdu dans les décombres de la maison, explique-t-il d’une voix à peine audible. J’ai creusé un trou pour retrouver la copie… » Un document insuffisant pour entrer légalement en France. « Je ne pouvais pas attendre de refaire mes papiers et demander un visa, justifie Marc. Il n’y a rien qui fonctionne en Haïti. »
Devant le tribunal, Marc résume en quelques mots son calvaire indescriptible. « J’ai passé beaucoup de jours à dormir dans la rue… J’ai enterré mes amis… Je voulais m’en sortir de tout ça et c’était le seul moyen », souffle-t-il.
De son passé à Gressier, une commune de 25000 habitants à l’ouest de Port-au-Prince où il a vécu l’enfer, Marc ne ramène que quelques images. « J’ai apporté des photos et des vidéos de notre maison effondrée pour montrer à ma famille », confie-t-il. Il garde surtout des souvenirs d’horreur. C’est sans doute parce qu’il était sur un terrain de foot au moment du séisme qu’il n’a pas été blessé. « J’ai vu la terre trembler, les maisons s’écraser… Les gens criaient au secours, certains étaient déjà morts. » Il s’est alors mis à courir pour secourir ceux qui pouvaient encore l’être. « Il y avait plein de gens sous les décombres, on en a sauvé beaucoup même si certains sont décédés quelques jours après faute de soins. » Revenu de l’enfer, Marc espère maintenant se reconstruire auprès des siens.
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