La Noël, le carnaval, la Saint-Valentin et d'autres festivités sont perçus par certains parents comme une source d'enrichissement pour certains responsables d'établissements préscolaires. Pourtant, comme des victimes-complices, ils souscrivent à toutes les cotisations réclamées. Sans réchigner!
« Mon petit-fils a deux ans et six mois. Et déjà, son éducation me coûte mensuellement plus cher que celle de sa mère », telle est la déclaration de Charles-Henry, un jeune grand-père de 48 ans, devant la barrière principale d'une école préscolaire de Port-au-Prince. Sa fille aînée, 22 ans, mariée et jeune mère de famille, est étudiante en sciences informatiques dans un centre universitaire privé de la capitale. Son gendre étant en voyage, et sa fille occupée par ses études, il se charge en grande partie de son petit-fils.« Sébastien peut à peine marmonner quelques mots. Et déjà, son école me réclame sept cent cinquante gourdes pour la célébration de la fête de la Saint-Valentin », lance Charles-Henry qui en profite pour énumérer l'ensemble des cotisations réclamées par la direction de cette école préscolaire pour chaque activité qu'elle organise.
En décembre, dit-il, cette école réclamait mille gourdes de chaque parent pour les fêtes de fin d'année. A l'anniversaire de son petit-fils, en novembre dernier, il a déboursé cinq cents gourdes et pour le carnaval des enfants, sept cent cinquante gourdes.
« Pour les frais d'entrée, la direction réclame une somme mirobolante. Ces frais et la scolarité se paient en dollars américains, dans certains cas. Je ne sais vraiment pas pourquoi on paie tout cet argent », se plaint-il. Pour sa fille, il verse sept mille gourdes par session de cinq mois. Ce qui totalise quatorze mille gourdes pour son année scolaire. « Si je devais faire le calcul, la scolarité de ma fille serait inférieure à celle de mon petit-fils. Je préfère ne pas y penser », a-t-il conclu.
Comme Charles-Henry, de nombreux autres parents subissent passivement la cupidité de certains responsables d'école qui font de leurs établissements une source d'enrichissement.
Margalie, 28 ans, raconte avec une pointe d'amertume son calvaire. Sa benjamine, trois ans, et son fils aîné de cinq ans, fréquentent tous deux le même établissement scolaire. En plus des frais d'entrée et de la scolarité mensuelle, elle dit avoir été «invitée» l'année dernière à cotiser à au moins six reprises pour sa fille : « la Noël, l'anniversaire de ma fille, le carnaval, la Saint-Valentin, la fête de Pâques et la fête du drapeau le 18 mai. » Membres des Témoins de Jéhovah, Margalie ne participe à aucune de ces festivités. « Pourtant, dit-elle, je suis obligée de payer ces frais car c'est une très bonne école et je ne voudrais pas qu'on renvoie mes enfants si je ne les paie pas. »« Je ne vois vraiment pas pourquoi réclame-t-on autant d'argent pour des futilités», a-t-elle murmuré avant d'ajouter : « Bientôt, à la fin de l'année scolaire, l'école va réclamer des frais pour la cérémonie de graduation.»
Murielle, une haïtiano-québécoise vivant à Port-au-Prince, est moins alarmée. Sa fille unique fréquente une école préscolaire à Delmas. Pour les frais d'entrée, elle a versé 286 dollars américains et la scolarité mensuelle est fixée à deux mille gourdes. A Noël, la direction de l'école de sa fille lui avait réclamé quatre cents gourdes comme cotisation pour la réalisation des « festivité ». Elle vient de verser trois cents gourdes pour le carnaval 2008. Pour l'éducation physique, tous les vendredis, assez souvent l'école lui réclame de l'argent. La fille de Murielle qui ne vivait pas encore à Port-au-Prince, est rentrée en octobre alors que la réouverture des classes a eu lieu en septembre. Elle a quand même été «invitée» à verser la scolarité du mois écoulé. En plus, elle s'est étonnée de n'avoir reçu aucun détail sur l'affectation des frais scolaires.
« Quand je leur demande pourquoi ils ne fournissent pas de détails sur les frais scolaires, ils répondent que les gens ne comprennent pas ces détails. C'est pourquoi on n'en fournit pas. Mais ça ne me dérange pas car je suis satisfaite du travail qu'ils réalisent avec ma fille », ajoute-elle comme une victime complice.Le nombre d'écoles préscolaires dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince et à travers le pays est en nette augmentation. Les activités qu'elles proposent pour soutirer de l'argent aux parents le sont aussi. Cependant, presque tout le monde ferme les yeux sur ce phénomène qui grève le budget de nombreux ménages haïtiens.
Samuel BAUCICAUT
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=54230&PubDate=2008-02-14
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 15 février 2008
Le préscolaire plus cher que l'université !
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