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lundi 10 décembre 2007

Des dizaines de milliers de fidèles catholiques célèbrent la fin "miraculeuse" de l’épidémie de petite vérole en 1882

Une procession interminable et une messe organisées pour rendre gloire à la Vierge Marie, la sainte-patronne du pays depuis 65 ans et à qui l’église catholique attribue cette guérison ; la Conférence épiscopale appelle les autorités à affranchir Haïti du "pouvoir de la mort" et la jeunesse à rejeter l’immoralité
samedi 8 décembre 2007,
Radio Kiskeya

Des dizaines de milliers de fidèles catholiques ont participé samedi à une procession gigantesque suivie d’une messe à l’occasion d’un double événement, le 125e anniversaire de la "guérison miraculeuse" de la petite vérole ou variole et la 65e année de la consécration d’Haïti à la Vierge Marie.
Partis de l’église Notre-Dame du Perpétuel Secours au Bel-Air, les pèlerins ont parcouru plusieurs kilomètres pour se rendre au stade Sylvio Cator en s’arrêtant notamment devant le Palais National (siège de la Présidence) et l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), deux des sept stations prévues. Vêtues de blanc sous un soleil de plomb, des personnes de tous âges, issues de toutes les couches sociales, ont souhaité que Dieu apporte la délivrance à Haïti en énumérant parmi les problèmes à résoudre l’extrême pauvreté, l’inflation galopante et l’insécurité.
Dans son homélie de circonstance d’une grande tonalité politique, le président de la Conférence épiscopale d’Haïti, Mgr Louis Kébreau, a déclaré dans un stade rempli à craquer que cette mobilisation spectaculaire de la communauté chrétienne était l’expression de l’attachement du peuple haïtien à la Vierge Marie. Il a rappelé l’ampleur du "miracle" qui permit en 1882 de mettre fin à une épidémie meurtrière de la petite vérole grâce à l’intercession de la Vierge auprès de son fils.
Le prélat a aussi appelé les autorités à mettre fin au règne du pouvoir de la mort en combattant les grands maux de la société que représentent l’occupation étrangère, le chômage, la faim, l’insécurité et la corruption dont il a dénoncé les manifestations scandaleuses. "L’heure de la liberté et de la vérité a sonné. Nous devons reconquérir notre indépendance, nous libérer du pouvoir de la mort sans recevoir des diktats. Nous devons avoir une raison d’être fiers de notre drapeau et nous sentir haïtiens, c’est ce que veut notre mère Marie", a affirmé devant une foule très réceptive Mgr Kébreau qui a aussi demandé aux jeunes de s’écarter de l’immoralité et de la drogue en choisissant un mode de vie conforme à la dignité humaine.
Prenant la parole également à la cérémonie, l’Evêque des Gonaïves, Mgr Yves-Marie Péan, a renouvelé la consécration du pays à Notre-Dame du Perpétuel Secours devenue sa sainte-patronne en 1942 sous le gouvernement d’Elie Lescot.
Pour sa part, le Nonce Apostolique, Mgr Mario Giordana, a donné lecture d’un message de circonstance du Pape Benoît XVI dans lequel le Souverain Pontife a demandé à la Vierge de recommencer à veiller sur le destin d’Haïti.
Placée au centre de la pelouse du stade Sylvio Cator, l’icône représentant la sainte-patronne a été auparavant promenée à travers les rues de Port-au-Prince sur un char qui s’était arrêté notamment dans la cour du Palais National. Le Président René Préval avait laissé ses appartements privés pour venir à la rencontre des Evêques qui étaient à la tête de la procession. Les prélats en avaient profité pour encenser le siège de la Présidence.
A midi, les cloches de toutes les paroisses d’Haïti ont sonné à toute volée.
Bénéficiant d’une large couverture médiatique, la procession religieuse s’est déroulée sur un parcours contrôlé par la Police Nationale qui avait déployé un imposant dispositif de sécurité. Le centre commercial de la capitale était littéralement paralysé, tous les accès étant fermés à la circulation.
Au cours des trente dernières années, la visite du Pape Jean-Paul II, en mars 1983, fut le seul événement religieux à avoir suscité autant de ferveur populaire.
Les célébrations du 125e anniversaire de la guérison de la petite vérole avaient été lancées en février avec des neuvaines de prière et des cultes d’adoration qui se sont poursuivis au cours des mois suivants.
Plusieurs historiens, dont Georges Corvington, auteur de "Port-au-Prince au cours des ans", ont rapporté qu’entre octobre 1881 et février 1882 l’épidémie de petite vérole ou variole décimait la population de Port-au-Prince au rythme d’une soixantaine de décès par jour. Après avoir fait 5 à 10.000 morts, cette maladie alors incurable disparut soudainement le 5 février 1882, une journée consacrée à des manifestations religieuses de reconnaissance.
Une icône de la Vierge Marie que le père Kersuzan du Cap-Haïtien avait ramenée de l’étranger aurait été à l’origine de l’accomplissement de ce "miracle", considéré comme un temps fort de l’histoire de l’église catholique haïtienne et un atout majeur par les tenants de la doctrine de la foi. spp/Radio Kiskeya

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