Mardi 6 novembre 2007
P-au-P, 6 nov. 07 [AlterPresse] --- L’écrivain prolifique haïtien Frankétienne se prononce pour une révolution culturelle à l’échelle mondiale, qui devrait cheminer par l’éducation.
Il convient de sortir de « la manière de faire à l’haïtienne », de la vision « réductrice » et de la pensée « bipolaire » (gauche/droite), qui exclurait la créativité et privilégierait une tendance à la médiocrité dans les œuvres littéraires (comme certains romans qui recèlent beaucoup de clichés ainsi que des formules toutes faites), avance Franckétienne dans le cadre du lancement de la deuxième édition de la rentrée littéraire, auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
L’écrivain haïtien critique également le style linéaire (sujet/verbe/complément) dans l’écriture, qu’il assimile à une pauvreté dans la pensée, une absence d’imagination et de créativité.
Frankétienne a exprimé son point de vue au cours d’une causerie le lundi 5 novembre 2007 avec des élèves de classes terminales, déroulée au Lycée Toussaint Louverture(Ltl) de Port-au-Prince.
Réagissant aux propos de l’écrivain, certains élèves ont manifesté de l’enthousiasme par rapport au discours qu’ils considèrent « édifiant » de Franckétienne, qui faisait également une visite de promotion de son dernier ouvrage « Mots d’ailes en infini d’Abîmes ».
S’entretenant sur sa vie, son enfance et son oeuvre avec ces lycéens des classes terminales, l’auteur, dans une atmosphère de convivialité, a présenté les mécanismes de son écriture axée sur l’esthétique du chaos.
Son oeuvre est liée à la complexité de la vie qui est un tout indissociable, explique-t-il.
« J’écris comme la vie est », fait savoir Franckétienne.
Descendant de l’union d’un « blanc industriel » avec une paysanne de 13 ans, il rappelle combien son enfance a été marquée au Bel Air (nord-est de Port-au-Prince) par des larcins, des mésaventures sexuelles avec des femmes de longtemps plus âgées que lui, des « évasions » passagères à la cigarette et au clairin,…
Il n’a éprouvé aucune honte à conter ses déboires en classe de troisième secondaire, lorsqu’il est sorti, au cours d’une étape, dernier d’une promotion de 54 élèves, qui le taquinaient en disant « blan mannan an kreten, li dènye nan klas la ». Et lui, on ne peut plus vexé et tourmenté, de promettre qu’à l’étape suivante, il serait le premier.
Ce qu’il a fait, recevant les louanges et l’admiration du directeur de son établissement, qui, dans les annales scolaires de l’époque, a enregistré un élève devenu premier de sa classe après avoir été dernier à l’étape précédente.
Et, depuis lors, dit Franckétienne, il a été condamné à cultiver l’excellence en se détachant de toute orientation malsaine, dans sa condition humaine.
Ce qui fait de lui un « miraculé », estime-t-il.
L’auteur de plus de 40 titres, dont « Ultravocal, 1972, Dezafi, 1975, Pèlen tèt, 1978, Foukifoura, 2000, Miraculeuse, 2003 » pour ne citer que ceux-là, s’affirme comme ’’un grand écrivain’’, faisant allusion à la portée singulière de son oeuvre abondante mais aussi extraordinaire, laquelle, variée, est reconnue à l’échelle internationale.
’’Ma mythologie est axée sur l’importance consciente du travail fait’’, s’enorgueillit-il.
A côté des 45 titres publiés, il a peint 6 mille tableaux, joué 12 pièces. Mais, sa principale besogne demeure l’écriture. A son avis, l’écriture doit être quelque chose de travaillé et de créatif.
Rejetant toute forme de petitesse, d’étroitesse, de laideur, de médiocrité de l’esprit humain, Franck Etienne invite les élèves à s’efforcer de sortir de l’ordinaire et de penser « grand » à la manière de Dieu, en laissant transparaître (en eux) le souffle de l’esprit, innovateur et créatif. D’où l’essence de son oeuvre, la spirale.
Déroulées en présence des membres de la direction de l’établissement et de quelques professeurs, avec l’accompagnement de deux animatrices et d’un animateur stagiaires aux Presses Nationales d’Haïti, les discussions se sont terminées avec la lecture expliquée d’un fragment de ’’Mots d’ailes en infini d’Abîmes’’.
Ce titre, dont une vente signature sera organisée le mercredi 7 novembre 2007, figure parmi les 40 titres, rendus disponibles par les Editions des Presses Nationales d’Haïti à l’occasion de la 2e édition de la rentrée littéraire.
Baptisée « la rencontre des générations », la rentrée Littéraire 2007 - activité culturelle organisée par les Presses nationales d’Haïti avec l’appui de différents partenaires pour mettre en valeur le livre et l’écrivain – apparaît en tant qu’initiative ciblant les jeunes, particulièrement celles et ceux des classes terminales et universitaires, considérés comme potentiel lectorat haïtien.
Entamée le 5 novembre par une conférence de presse renseignant sur l’agenda établi pour cette année 2007, la 2e édition de la rentrée littéraire doit être clôturée le samedi 10 novembre.
Globalement, 6 jours d’animation (conférences, ateliers de lecture, séances de ventes-signatures et causeries avec les auteurs en promotion) sont prévus autour du livre, dans des écoles, bibliothèques et librairies réparties un peu partout dans le département de l’Ouest du pays. [kj rc 06/11/2007 11 :30]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6588
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 7 novembre 2007
Haïti/ 2e édition rentrée littéraire : L’écrivain Frankétienne propose une révolution culturelle par l’éducation
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