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dimanche 26 août 2007

La dernière bataille de l'Empereur...La ville de Marchand Dessalines...

« Vivre libre ou mourir » est un cri de guerre, un projet national. Il doit servir, 201 ans après Pont-Rouge, de prétexte à un renouveau national, à un retour aux sources, à une revalorisation de notre histoire dans la perspective d'un nouveau départ pour les Haïtiens de partout.
Marchand-Dessalines est une ville-mémoire. Située à 147 kilomètres de Port-au-Prince, elle regorge de monuments en péril qui doivent être restaurés.

Construite au lendemain de l'indépendance, elle est protégée par une ceinture de fortification, qui, en dépit de l'usure du temps, témoigne avec arrogance du génie militaire de l'empereur Jacques 1er. Baptisé « La Fin du monde », l'un des cinq forts érigés pour défendre la ville, en cas d'attaques de Français aigris après la déculottée de Vertières, conserve, dans la pierre et dans la maçonnerie, des traces tangibles du projet initial du père de la patrie : liberté ou la mort. Un projet imposé par la force des choses, la tournure des événements dont la compréhension doit servir d'élan vers la reconquête de notre histoire, de notre identité nationale.
Ce qui, selon Patrick Delatour, ministre du Tourisme et architecte de monument, devra servir de prétexte pour chasser nos doutes séculaires sur nos capacités et casser la mécanique d'autoflagellation consistant à répéter que nous avons échoué. Il faut partir d'une analyse du programme original, vivre libre ou mourir, mesurer notre cheminement afin d'apprendre à nous accepter. Une étape incontournable vers le changement, vers l'élaboration d'un nouveau contrat commun, explique M. Delatour, excité comme un gamin de 10 ans, après une visite de la ceinture de fortification érigée dans les hauteurs de Montagnes Noires.
Dans cette perspective, il importe, dans une démarche de recherche de la genèse culturelle, historique, du terroir, de Marchand-Dessalines, le cas échéant, de replonger dans nos racines.Se ressourcer, poursuit-il, doit introduire les concepts du programme original de Jean-Jacques Dessalines comme nécessité de ce changement. « Pour la première fois de notre histoire, la survie individuelle qui a engendré la déforestation, la surpopulation, l'exode, la projection dans l'ailleurs, est mis en danger par l'absence d'un contrat commun », ajoute-t-il.
« Aujourd'hui, la survie individuelle doit passer par la survie collective.

La valorisation de la ville de Dessalines, de Petite-Rivière ... doit permettre aux millions d'haïtiens de la diaspora de se ressourcer. La ville doit servir de déclic vers une prise de conscience sur ce que nous sommes », martèle le ministre. En tournée d'exploration des potentiels touristiques de la région transversale d'Haïti qui inclut les départements du Centre et de l'Artibonite, Patrick Delatour souligne l'urgence d'intervenir en vue de stopper des constructions anarchique dans les piémonts qui menacent les sites historiques de Marchand-Dessalines, la première capitale d'Haïti.
Stopper ces constructions, déplacer ces gens et planifier les travaux de réhabilitation des sites menacés doivent se réaliser en collaboration avec les élus locaux, la population et les organisations de la société civile, fait remarquer M. Delatour qui, au passage, s'est réjoui de l'engagement de la FONDESA en faveur de la revalorisation de Marchand-Dessalines.
Pragmatique, Patrick Delatour croit qu'il faut donner une fonction pratique aux monuments à revaloriser et à réhabiliter. «Rentabiliser ce qui a été réhabilité », fait-il valoir tout en plaidant en faveur de l'intégration des monuments et autres sites historique dans un processus de développement. « Une vision large du développement touristique impliquant les ministères de la Culture, des Travaux Public, de l'Environnement et de l'Agriculture. »Le secrétaire d'Etat à l'Agriculture, l'agronome Joanas Gué, membre de cette mission, lui aussi, croit qu'il faut promouvoir la région transversale comme destination touristique. L'avenir et le développement des deux départements formant cette région sont intimement liés, estime-t-il.
201 ans après Pont-Rouge, on comprend mieux qu'il faut engager une nouvelle bataille aux côtés de l'Empereur. Celle contre la corruption de la mémoire collective, celle pour le changement, le renouveau à travers l'analyse du projet initial : Vivre libre ou mourir.
Roberson Alphonse

robersonalphonse@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=47388&PubDate=2007-08-26

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