Malgré sa défaite face à Hantuchova, Victoria Duval a réussi son entrée dans la cour des grands à l'occasion de l'US Open.
Par Eric Mamruth
Alors que l'US Open bat son plein, une très jeune joueuse d'origine haïtienne, Victoria Duval, est devenu en quelques jours la grande révélation de la quinzaine new-yorkaise. Même si son brillant parcours s'est interrompu jeudi 29 août face à la Slovaque Daniela Hantuchova (6-2 6-3), la 296e joueuse mondiale a marqué les esprits en sortant la lauréate de l'édition 2011, l'Australienne Samantha Stosur. A 17 ans, une star est née.
Victoria Duval est née à Miami, mais elle a grandi en Haïti jusqu'à l'age de 8 ans. Un séjour déterminant dans son destin... Une vie aisée à Port-au-Prince avec son père médecin et sa mère danseuse professionnelle. Une profession que la jeune Victoria rêvait d'embrasser jusqu'au jour où elle a découvert le tennis. Une révélation due au plus grand des hasards.
La petite Victoria, âgée de 7 ans, accompagne ses frères qui participent à un tournoi à Saint-Domingue. Elle qui, à l'âge de 7 ans, n'avait tapé que quelques balles auparavant et ne savait meme pas compter les points, finit par jouer pour occuper le temps. A la surprise générale, elle s'adjuge le trophée et change alors de vocation.
Peu après la famille Duval décide de rentrer aux Etats-Unis. Une sorte de fuite, car Victoria venait d'être victime d'un enlèvement à Port-au-Prince. Une séquestration destinée à obtenir une rançon qui lui cause un traumatisme sur lequel elle évite encore aujourd'hui de s'épancher.
Le miracle après le séïsme
Mais malgré ce retour aux Etats-Unis, son destin reste étroitement lié à Haïti, d'autant que son père, Jean-Maurice, continue à y séjourner. Elle raconte volontiers comment il a survécu miraculeusement au tremblement de terre de 2010 qui a fait plus de 100 000 morts en Haïti. Retrouvé sous les décombres après 11 heures de recherches, gravement blessé, il n'a la vie sauve que grâce à l'aide d'un ami riche qui dépêche un hélicoptère pour l'évacuer vers les Etats-Unis.
Sauvé, mais dans l'incapacité de travailler, Jean-Maurice ne peut plus continuer à financer la carrière de sa fille. Soutenue tant bien que mal par le reste de la famille, Victoria Duval passe notamment par l'Académie Bolletieri et poursuit une irrésistible progression récompensée par sa belle campagne à l'US Open.
Elle fait désormais partie d'un groupe de jeunes joueuses américaines très douées. Pas très grande, portant des lunettes, elle ne fait pas forte impression d'emblée, mais elle est puissante et endurante. Et si elle représente les Etats-Unis, elle porte également les couleurs haïtiennes, qui ne brillaient plus depuis longtemps sur la planète tennis. Avant elle, seul Ronald Agenor, 22ème mondial en 1989 avait réussi à faire exister Haïti sur les courts. Victoria Duval semble avoir pris la suite.
http://www.rfi.fr/sports/20130830-victoria-duval-graine-championne-haitienne
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
samedi 31 août 2013
Haïti : La Minustah et le gouvernement chercheraient à effacer un mémorial des victimes des casques bleus à Port Salut
P-au-P, 30 août 2013 [AlterPresse] --- Un groupe de citoyennes et citoyens dénoncent l’intention de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) et de l’administration politique actuelle (du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Laurent Salvador Lamothe) de détruire la place « Résistance », située dans la commune de Port Salut (Sud du pays), dans une pétition signée à la fin du mois d’août 2013 et transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Les signataires de cette pétition, principalement les représentants d’organisations comme « Port Salut en action », critiquent la pression exercée, disent-ils, par la Minustah et le gouvernement sur les autorités locales (mairie et vice-délégation) afin de démolir cette place publique, sous prétexte que, construite par l’opposition, elle porterait atteinte à « la mission qui est là pour protéger le gouvernement ».
Mémorial dédié aux victimes de la force onusienne (déployée en Haïti depuis juin 2004), la place « Résistance » est vue par la population comme un symbole de liberté, évoquant la gloire de Port Salut dans la lutte contre les violations orchestrées par la Minustah dans la commune.
Port Salut a agi « avec bravoure », afin de pousser, hors de la commune, les soldats onusiens ayant commis des actes odieux, criminels et immoraux sur le jeune haïtien Johnny Jean, Rose Mina Joseph, une mineure-orpheline, et d’autres jeunes filles, victimes d’abus sexuels, soulignent ces citoyennes et citoyens. Le viol de Johnny Jean commis, à l’époque, par les casques bleus uruguayens a soulevé, en septembre 2011, de vives protestations en Haïti, notamment dans la ville de Port Salut.
Ces actes ont été unanimement condamnés par l’ensemble de la population haïtienne et des organisations un peu partout à l’étranger.
Ces exactions ont influé négativement sur les efforts, consentis, depuis plusieurs années, par l’ensemble des habitantes et habitants de Port-Salut, afin de donner une image positive de la commune, signalent les signataires de la pétition.
« Notre action est fondée (sur) la certitude que, si rien n’est fait, cette situation peut, à n’importe quel moment, dégénérer. Cela ne peut avoir d’autres répercutions qu’un rayonnement négatif sur la communauté, sur l’ensemble de la région et sur le pays tout entier », avertissent ces citoyennes et citoyens. Ils appellent les sénateurs et députés à faire pression sur le gouvernement pour éviter cette destruction.
Ils demandent aux autres citoyennes et citoyens de la communauté et au secteur des droits humains de se mobiliser « contre ce plan macabre de la Minustah et de l’administration Martelly/Lamothe qui manifeste leur ferme volonté de démolir la place publique résistance ».
Ces habitantes et habitants exigent, aux parlementaires du Sud, de soumettre une résolution au corps législatif, afin d’exiger du gouvernement et de la mission onusienne le respect et la protection de la place « Résistance » qui est une place historique.
Les personnes signataires de la pétition disent s’engager en tant que forces vives de la communauté à soutenir, pacifiquement, toutes démarches et mobilisations visant à empêcher la Minustah et le gouvernement d’effacer la place résistance qui constitue la fierté de Port Salut. [emb kft rc apr 30/08/2013 13:40] http://www.alterpresse.org/spip.php?article15057
Les signataires de cette pétition, principalement les représentants d’organisations comme « Port Salut en action », critiquent la pression exercée, disent-ils, par la Minustah et le gouvernement sur les autorités locales (mairie et vice-délégation) afin de démolir cette place publique, sous prétexte que, construite par l’opposition, elle porterait atteinte à « la mission qui est là pour protéger le gouvernement ».
Mémorial dédié aux victimes de la force onusienne (déployée en Haïti depuis juin 2004), la place « Résistance » est vue par la population comme un symbole de liberté, évoquant la gloire de Port Salut dans la lutte contre les violations orchestrées par la Minustah dans la commune.
Port Salut a agi « avec bravoure », afin de pousser, hors de la commune, les soldats onusiens ayant commis des actes odieux, criminels et immoraux sur le jeune haïtien Johnny Jean, Rose Mina Joseph, une mineure-orpheline, et d’autres jeunes filles, victimes d’abus sexuels, soulignent ces citoyennes et citoyens. Le viol de Johnny Jean commis, à l’époque, par les casques bleus uruguayens a soulevé, en septembre 2011, de vives protestations en Haïti, notamment dans la ville de Port Salut.
Ces actes ont été unanimement condamnés par l’ensemble de la population haïtienne et des organisations un peu partout à l’étranger.
Ces exactions ont influé négativement sur les efforts, consentis, depuis plusieurs années, par l’ensemble des habitantes et habitants de Port-Salut, afin de donner une image positive de la commune, signalent les signataires de la pétition.
« Notre action est fondée (sur) la certitude que, si rien n’est fait, cette situation peut, à n’importe quel moment, dégénérer. Cela ne peut avoir d’autres répercutions qu’un rayonnement négatif sur la communauté, sur l’ensemble de la région et sur le pays tout entier », avertissent ces citoyennes et citoyens. Ils appellent les sénateurs et députés à faire pression sur le gouvernement pour éviter cette destruction.
Ils demandent aux autres citoyennes et citoyens de la communauté et au secteur des droits humains de se mobiliser « contre ce plan macabre de la Minustah et de l’administration Martelly/Lamothe qui manifeste leur ferme volonté de démolir la place publique résistance ».
Ces habitantes et habitants exigent, aux parlementaires du Sud, de soumettre une résolution au corps législatif, afin d’exiger du gouvernement et de la mission onusienne le respect et la protection de la place « Résistance » qui est une place historique.
Les personnes signataires de la pétition disent s’engager en tant que forces vives de la communauté à soutenir, pacifiquement, toutes démarches et mobilisations visant à empêcher la Minustah et le gouvernement d’effacer la place résistance qui constitue la fierté de Port Salut. [emb kft rc apr 30/08/2013 13:40] http://www.alterpresse.org/spip.php?article15057
Le Collectif Haïti de France alerte sur la situation alimentaire critique de l'île.
Grand exportateur dans les années 50, Haïti s’est transformée en importateur d’aliments à la suite de l’ouverture de ses marchés dans les années 80 et 90.
L’application des politiques libérales par une élite haïtienne à la botte des bailleurs de fonds internationaux, a précipité l’agriculture haïtienne dans une crise sans précédent.
Trois ans et demi après le séisme, la situation en Haïti est alarmante. En effet, 6,7 millions de personnes y souffriraient d'insécurité alimentaire, selon le Programme alimentaire mondial (Pam).
Le règne de l’impunité sur l'île
Le 12 janvier 2010, un terrible tremblement de terre dévastait Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, faisant 230.000 morts, plus de 300.000 blessés, et 1,5 million de sans-abris. Deux ans après, lors des commémorations, aux côtés de l’élite haïtienne et internationale, la présence du "dictateur" Jean- Claude Duvalier, président d’Haïti jusqu’en 1986 (il avait pris la succession de son père François, autoproclamé "président à vie" en 1964), et actuellement accusé et jugé pour corruption, paraissait surréaliste.
Raoul Peck dans son dernier documentaire "Assistance Mortelle", rend la chose réelle. L’impunité en Haïti semble non seulement avoir un visage mais est aussi cautionnable! La preuve. En fait, il faut savoir que le choc d’une telle image ne peut être étouffé, pour toute personne ayant vécu ou eu connaissance des exactions commises par la famille Duvalier lors de son règne, et dont les Haïtiens pâtissent encore aujourd’hui.
Car plus de 30 ans durant, Haïti fut marquée par la terreur des milices d’État causant la fuite de ses cerveaux et la mort de nombreux opposants ou simples citoyens désobéissants...Une tragédie politique dont l’une des conséquences directes est aujourd’hui, l’insécurité alimentaire chronique du pays.
Un pays plongé dans l'insécurité alimentaire
Et pour cause, la première République noire, qui n’a pu développer une politique agricole pérenne, dépend de l’aide internationale à hauteur de 60% de son budget total et affronte des aléas climatiques qui appauvrissent sa terre d’année en année. Tantôt politiques, tantôt naturelles, les épreuves subies épuisent les êtres et Haïti peine de plus en plus à nourrir son peuple.
"C’est au début des années 80, avec l’arrivée de politiques néolibérales que le pays commence à perdre sa souveraineté alimentaire", explique Jean-Baptiste Chavannes, porte-parole du Mouvement paysan de papaye (MPP), et également coordonnateur national de programmes au Mouvement Paysan National du Congrès de Papaye (MPNKP). Il poursuit: "Par le passé, Haïti a été autosuffisant en riz. Mais aujourd’hui, sur les 450.000 tonnes consommées par an, nous en produisons moins de 25%. Les importations de riz coûtent plus de 300 millions de dollars par an. Haïti produit à peine 40% de ses besoins alimentaires."
Des choix politiques remis en cause
En effet, principal secteur économique, l’agriculture souffre de son archaïsme et de la suppression des droits de douane actée par les accords de Miami de 1994. C’est Jean-Bertrand Aristide, le "mal nommé" président des pauvres qui, une nouvelle fois, flouera son peuple en signant ces accords. "La dette externe pesant, chaque année, ses intérêts représentent quatre fois les sommes consacrées par l’Etat à l’agriculture et à la ruralité."
Cela explique que plus d’un million de personnes soient en insécurité alimentaire. Alarmants ou alarmistes, les chiffres et les faits sont là. Ceux de l’observatoire Cniel des habitudes alimentaires (OCHA) et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires affirment qu’en 2013, 15% (soit 1,52 million) de la population haïtienne est effectivement en situation d’insécurité alimentaire sévère, contre 8% (800.000) en 2011. De plus, 6,6% des enfants de moins de cinq ans sont en situation de malnutrition aiguë.
D'une catastrophe à l'autre
Ces chiffres matérialisent le drame qui se joue actuellement; drame qui semble coller à la peau d’une patrie qui tente en vain de se remettre d’une catastrophe à l’autre. À peine deux ans après le séisme, l’année 2012 a aussi connu une
série de désastres naturels affectant plus de 1,1 million de personnes: sécheresse, tempête tropicale Isaac et ouragan Sandy. "Les paysans ont perdu en moyenne 75% au moins de la production agricole. Les départements du Nord et du Nord-Est ont, eux, connu plus de sept mois de sécheresse."
La Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) tire donc la sonnette d'alarme et appelle en conséquence les autorités à intervenir rapidement. "On compte 109 des 140 communes d'Haïti qui sont dans une situation d'insécurité alimentaire", appuie Myrta Kaulard, représentante du Programme alimentaire mondial en Haïti. "Les gens ont perdu leurs récoltes et leurs stocks alimentaires, achètent à crédit, donc plus cher, consomment des produits alimentaires de basse qualité, coupent les arbres où il y en a et en font du charbon pour le vendre. Ils retirent les enfants de l'école, et les donnent en domesticité. La période d'avril à juillet 2013 est la période la plus dure car ces mécanismes de survie sont épuisés." L’apathie de l’État haïtien Des assises régionales ont eu lieu le 14 juin 2013, en vue de l’élaboration d’un document sur la souveraineté et la sécurité alimentaires. Quatre contraintes majeures ont été identifiées: l’investissement, la précarité de l’environnement, le cadre macroéconomique défavorable et la faiblesse des institutions. Enfin, la volonté de tourner le dos aux formules politiques passées semble avoir été esquissée: "Élaborons des politiques publiques qui s’attaquent aux causes structurelles de ce grave problème et construisons des réponses efficaces, adaptées et durables sur le long terme!", a lancé le président du Sénat, Simon Dieuseul Desras. On l’espère aussi.
En attendant, "malheureusement, les gouvernements de notre pays ont toujours une politique alimentaire tournée uniquement vers l’importation. Lors des catastrophes naturelles, les dirigeants font appel aux importateurs pour trouver une solution. Les producteurs ne font jamais partie du plan". Rosanie Moise Germain, directrice de Veterimed, organisme de formation, de recherche et d’appui technique en santé et production animales poursuit: "Depuis 1986, les différentes décisions gouvernementales ont abouti à une transformation des habitudes alimentaires des Haïtiens, devenus dépendants presqu’à 100% de produits importés. On se retrouve avec une génération dont la principale alimentation est le riz, premier poste d’importation. Ce qui est différent des deux décennies précédentes, pendant lesquelles les Haïtiens consommaient toute une variété de produits, issus de la production nationale."
La dépendance à l’aide internationale
À ces transformations des comportements et habitudes alimentaires, s’ajoute la baisse du pouvoir d’achat des populations. De plus, le budget global de l’État haïtien dépend de l’aide internationale. Comment parler alors d’indépendance politique et économique en matière de politique agricole, pour un État à la merci de ses donateurs. "Dans le business de l'humanitaire, chacun plante son drapeau. La dictature de l'aide est violente et arbitraire", souligne Raoul Peck dans son récent documentaire.
En témoigne, d’ailleurs, cet "élan de générosité" de l’entreprise américaine Monsanto juste après le séisme et dont les conséquences sont déjà palpables. Pour "aider" l’agriculture haïtienne, l’entreprise a offert au pays 475 tonnes de semences génétiquement modifiées (OGM), en plus des engrais et pesticides qui leur sont associés. Tout cela sera distribué gratuitement par le projet Winner et encadré par le représentant en Haïti de Monsanto, Jean-Robert Estimé, ancien ministre des Affaires étrangères sous Duvalier .
"Une alliance prometteuse et surtout de nouveaux marchés. Les agriculteurs haïtiens qui voudront disposer du droit de ressemer pour leurs récoltes futures devront payer des royalties à Monsanto", constate amèrement le père Jean-Yves Urfié. Prêtre catholique, ce militant anti-Duvalier père et fils, est un des nombreux déçus de Jean Bertrand Aristide. Il comptabilise 48 ans de lutte et de résistance aux côtés des Haïtiens. Avec ces manœuvres consenties de l’intérieur par l’exécutif haïtien, l’arme alimentaire devient l’enjeu et la boucle de la dépendance est ainsi bouclée.
Des mesures insuffisantes
La faiblesse de la production et des prix alimentaires élevés conduisent de fait, à l’insécurité alimentaire. "C’est pourquoi, nous travaillons beaucoup avec la FAO, l’organisation onusienne en charge des questions agricoles. Nous travaillons aussi avec les associations paysannes pour les aider à vendre plus de leur production. Certes, il y a beaucoup de contraintes quant à la qualité, la quantité, la capacité financière, l'éducation des petits producteurs, le transport. Mais nous communiquons beaucoup pour expliquer comment répondre aux appels d'offre", affirme Myrta Kaulard du Programme alimentaire mondial.
Elle ajoute: "Nous avons aussi mis en place des projets "cash for work" qui sont toujours en cours. Ces projets donnent un travail temporaire et un salaire aux personnes affectées et permettent de réhabiliter les terres. Nous avons ainsi employé environs 11.000 personnes, pour moitié des femmes. Nous avons aussi assisté environ 145.000 mères enceintes ou allaitantes d’enfants de moins de 5 ans en état de malnutrition. Mais ce n'est que la moitié des personnes que nous estimons en nécessité."
Sortir "d'une considération chiffrée du problème"
En effet, les statistiques et la cartographie de la faim que pronostique l’OCHA, font froid dans le dos. Des chiffres accolés les uns à côté des autres qui correspondent, dans les faits, à des vies humaines condamnées (encore en 2013) à souffrir de la faim. Ces chiffres sont finalement peu révélateurs de l’étendue des dégâts (pour le lecteur non averti), ils sont destinés aux bureaucrates détenteurs de la fameuse "aide internationale". Celle-ci nourrira seulement les Haïtiens les plus misérables, selon des critères chiffrables et prédéterminés en hauts lieux. Pour les autres, les chiffres ne sont pas si alarmants! "La Coordination nationale de la sécurité alimentaire est en train de faire une reclassification des différentes régions d’Haïti, sur la base d’une méthodologie internationale. Cela permettra la classification, sur la base d'indicateurs standards, des conditions de sécurité alimentaire. Cela permettra aussi de définir si une zone est en urgence ou en crise de sécurité alimentaire. Pour l'instant on peut dire que l'insécurité alimentaire est très forte, très répandue: 6,7 millions de personnes y font face, de manière modérée ou sévère", conclut la représentante du Pam. Des explications qui laissent dubitatif... Il est donc attendu du document de politiques en préparation dans ce domaine les justes instruments qui serviront à pallier les carences d’une considération chiffrée du problème. Il a été affirmé que cette nouvelle politique aura des instruments de contrôle de la production, de régulation des flux d’importation et d’exportation, de constitution d’un stock de cinq produits alimentaires. Ce, pour enfin acter une réduction des risques liés à la variabilité des récoltes et des prix et moderniser les échanges afin de sortir des millions d’Haïtiens de la faim. Cet article a été initialement publié dans le numéro 119 du mensuel du Collectif Haïti de France, en juin 2013. http://www.youphil.com/fr/article/06789-haiti-arme-alimentaire-crise?ypcli=ano
Trois ans et demi après le séisme, la situation en Haïti est alarmante. En effet, 6,7 millions de personnes y souffriraient d'insécurité alimentaire, selon le Programme alimentaire mondial (Pam).
Le règne de l’impunité sur l'île
Le 12 janvier 2010, un terrible tremblement de terre dévastait Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, faisant 230.000 morts, plus de 300.000 blessés, et 1,5 million de sans-abris. Deux ans après, lors des commémorations, aux côtés de l’élite haïtienne et internationale, la présence du "dictateur" Jean- Claude Duvalier, président d’Haïti jusqu’en 1986 (il avait pris la succession de son père François, autoproclamé "président à vie" en 1964), et actuellement accusé et jugé pour corruption, paraissait surréaliste.
Raoul Peck dans son dernier documentaire "Assistance Mortelle", rend la chose réelle. L’impunité en Haïti semble non seulement avoir un visage mais est aussi cautionnable! La preuve. En fait, il faut savoir que le choc d’une telle image ne peut être étouffé, pour toute personne ayant vécu ou eu connaissance des exactions commises par la famille Duvalier lors de son règne, et dont les Haïtiens pâtissent encore aujourd’hui.
Car plus de 30 ans durant, Haïti fut marquée par la terreur des milices d’État causant la fuite de ses cerveaux et la mort de nombreux opposants ou simples citoyens désobéissants...Une tragédie politique dont l’une des conséquences directes est aujourd’hui, l’insécurité alimentaire chronique du pays.
Un pays plongé dans l'insécurité alimentaire
Et pour cause, la première République noire, qui n’a pu développer une politique agricole pérenne, dépend de l’aide internationale à hauteur de 60% de son budget total et affronte des aléas climatiques qui appauvrissent sa terre d’année en année. Tantôt politiques, tantôt naturelles, les épreuves subies épuisent les êtres et Haïti peine de plus en plus à nourrir son peuple.
"C’est au début des années 80, avec l’arrivée de politiques néolibérales que le pays commence à perdre sa souveraineté alimentaire", explique Jean-Baptiste Chavannes, porte-parole du Mouvement paysan de papaye (MPP), et également coordonnateur national de programmes au Mouvement Paysan National du Congrès de Papaye (MPNKP). Il poursuit: "Par le passé, Haïti a été autosuffisant en riz. Mais aujourd’hui, sur les 450.000 tonnes consommées par an, nous en produisons moins de 25%. Les importations de riz coûtent plus de 300 millions de dollars par an. Haïti produit à peine 40% de ses besoins alimentaires."
Des choix politiques remis en cause
En effet, principal secteur économique, l’agriculture souffre de son archaïsme et de la suppression des droits de douane actée par les accords de Miami de 1994. C’est Jean-Bertrand Aristide, le "mal nommé" président des pauvres qui, une nouvelle fois, flouera son peuple en signant ces accords. "La dette externe pesant, chaque année, ses intérêts représentent quatre fois les sommes consacrées par l’Etat à l’agriculture et à la ruralité."
Cela explique que plus d’un million de personnes soient en insécurité alimentaire. Alarmants ou alarmistes, les chiffres et les faits sont là. Ceux de l’observatoire Cniel des habitudes alimentaires (OCHA) et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires affirment qu’en 2013, 15% (soit 1,52 million) de la population haïtienne est effectivement en situation d’insécurité alimentaire sévère, contre 8% (800.000) en 2011. De plus, 6,6% des enfants de moins de cinq ans sont en situation de malnutrition aiguë.
D'une catastrophe à l'autre
Ces chiffres matérialisent le drame qui se joue actuellement; drame qui semble coller à la peau d’une patrie qui tente en vain de se remettre d’une catastrophe à l’autre. À peine deux ans après le séisme, l’année 2012 a aussi connu une
série de désastres naturels affectant plus de 1,1 million de personnes: sécheresse, tempête tropicale Isaac et ouragan Sandy. "Les paysans ont perdu en moyenne 75% au moins de la production agricole. Les départements du Nord et du Nord-Est ont, eux, connu plus de sept mois de sécheresse."
La Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) tire donc la sonnette d'alarme et appelle en conséquence les autorités à intervenir rapidement. "On compte 109 des 140 communes d'Haïti qui sont dans une situation d'insécurité alimentaire", appuie Myrta Kaulard, représentante du Programme alimentaire mondial en Haïti. "Les gens ont perdu leurs récoltes et leurs stocks alimentaires, achètent à crédit, donc plus cher, consomment des produits alimentaires de basse qualité, coupent les arbres où il y en a et en font du charbon pour le vendre. Ils retirent les enfants de l'école, et les donnent en domesticité. La période d'avril à juillet 2013 est la période la plus dure car ces mécanismes de survie sont épuisés." L’apathie de l’État haïtien Des assises régionales ont eu lieu le 14 juin 2013, en vue de l’élaboration d’un document sur la souveraineté et la sécurité alimentaires. Quatre contraintes majeures ont été identifiées: l’investissement, la précarité de l’environnement, le cadre macroéconomique défavorable et la faiblesse des institutions. Enfin, la volonté de tourner le dos aux formules politiques passées semble avoir été esquissée: "Élaborons des politiques publiques qui s’attaquent aux causes structurelles de ce grave problème et construisons des réponses efficaces, adaptées et durables sur le long terme!", a lancé le président du Sénat, Simon Dieuseul Desras. On l’espère aussi.
En attendant, "malheureusement, les gouvernements de notre pays ont toujours une politique alimentaire tournée uniquement vers l’importation. Lors des catastrophes naturelles, les dirigeants font appel aux importateurs pour trouver une solution. Les producteurs ne font jamais partie du plan". Rosanie Moise Germain, directrice de Veterimed, organisme de formation, de recherche et d’appui technique en santé et production animales poursuit: "Depuis 1986, les différentes décisions gouvernementales ont abouti à une transformation des habitudes alimentaires des Haïtiens, devenus dépendants presqu’à 100% de produits importés. On se retrouve avec une génération dont la principale alimentation est le riz, premier poste d’importation. Ce qui est différent des deux décennies précédentes, pendant lesquelles les Haïtiens consommaient toute une variété de produits, issus de la production nationale."
La dépendance à l’aide internationale
À ces transformations des comportements et habitudes alimentaires, s’ajoute la baisse du pouvoir d’achat des populations. De plus, le budget global de l’État haïtien dépend de l’aide internationale. Comment parler alors d’indépendance politique et économique en matière de politique agricole, pour un État à la merci de ses donateurs. "Dans le business de l'humanitaire, chacun plante son drapeau. La dictature de l'aide est violente et arbitraire", souligne Raoul Peck dans son récent documentaire.
En témoigne, d’ailleurs, cet "élan de générosité" de l’entreprise américaine Monsanto juste après le séisme et dont les conséquences sont déjà palpables. Pour "aider" l’agriculture haïtienne, l’entreprise a offert au pays 475 tonnes de semences génétiquement modifiées (OGM), en plus des engrais et pesticides qui leur sont associés. Tout cela sera distribué gratuitement par le projet Winner et encadré par le représentant en Haïti de Monsanto, Jean-Robert Estimé, ancien ministre des Affaires étrangères sous Duvalier .
"Une alliance prometteuse et surtout de nouveaux marchés. Les agriculteurs haïtiens qui voudront disposer du droit de ressemer pour leurs récoltes futures devront payer des royalties à Monsanto", constate amèrement le père Jean-Yves Urfié. Prêtre catholique, ce militant anti-Duvalier père et fils, est un des nombreux déçus de Jean Bertrand Aristide. Il comptabilise 48 ans de lutte et de résistance aux côtés des Haïtiens. Avec ces manœuvres consenties de l’intérieur par l’exécutif haïtien, l’arme alimentaire devient l’enjeu et la boucle de la dépendance est ainsi bouclée.
Des mesures insuffisantes
La faiblesse de la production et des prix alimentaires élevés conduisent de fait, à l’insécurité alimentaire. "C’est pourquoi, nous travaillons beaucoup avec la FAO, l’organisation onusienne en charge des questions agricoles. Nous travaillons aussi avec les associations paysannes pour les aider à vendre plus de leur production. Certes, il y a beaucoup de contraintes quant à la qualité, la quantité, la capacité financière, l'éducation des petits producteurs, le transport. Mais nous communiquons beaucoup pour expliquer comment répondre aux appels d'offre", affirme Myrta Kaulard du Programme alimentaire mondial.
Elle ajoute: "Nous avons aussi mis en place des projets "cash for work" qui sont toujours en cours. Ces projets donnent un travail temporaire et un salaire aux personnes affectées et permettent de réhabiliter les terres. Nous avons ainsi employé environs 11.000 personnes, pour moitié des femmes. Nous avons aussi assisté environ 145.000 mères enceintes ou allaitantes d’enfants de moins de 5 ans en état de malnutrition. Mais ce n'est que la moitié des personnes que nous estimons en nécessité."
Sortir "d'une considération chiffrée du problème"
En effet, les statistiques et la cartographie de la faim que pronostique l’OCHA, font froid dans le dos. Des chiffres accolés les uns à côté des autres qui correspondent, dans les faits, à des vies humaines condamnées (encore en 2013) à souffrir de la faim. Ces chiffres sont finalement peu révélateurs de l’étendue des dégâts (pour le lecteur non averti), ils sont destinés aux bureaucrates détenteurs de la fameuse "aide internationale". Celle-ci nourrira seulement les Haïtiens les plus misérables, selon des critères chiffrables et prédéterminés en hauts lieux. Pour les autres, les chiffres ne sont pas si alarmants! "La Coordination nationale de la sécurité alimentaire est en train de faire une reclassification des différentes régions d’Haïti, sur la base d’une méthodologie internationale. Cela permettra la classification, sur la base d'indicateurs standards, des conditions de sécurité alimentaire. Cela permettra aussi de définir si une zone est en urgence ou en crise de sécurité alimentaire. Pour l'instant on peut dire que l'insécurité alimentaire est très forte, très répandue: 6,7 millions de personnes y font face, de manière modérée ou sévère", conclut la représentante du Pam. Des explications qui laissent dubitatif... Il est donc attendu du document de politiques en préparation dans ce domaine les justes instruments qui serviront à pallier les carences d’une considération chiffrée du problème. Il a été affirmé que cette nouvelle politique aura des instruments de contrôle de la production, de régulation des flux d’importation et d’exportation, de constitution d’un stock de cinq produits alimentaires. Ce, pour enfin acter une réduction des risques liés à la variabilité des récoltes et des prix et moderniser les échanges afin de sortir des millions d’Haïtiens de la faim. Cet article a été initialement publié dans le numéro 119 du mensuel du Collectif Haïti de France, en juin 2013. http://www.youphil.com/fr/article/06789-haiti-arme-alimentaire-crise?ypcli=ano
vendredi 30 août 2013
L'hôpital La Providence des Gonaïves en plein chantier
Le Nouvelliste | 3 Claude Bernard Sérant
Détruit par Hannah et Ike en 2008, La Providence, hôpital de référence des Gonaïves, fonctionne aujourd'hui dans un abri provisoire. Grâce au financement de la coopération canadienne, un nouvel hôpital est en construction sur une surface totale de 10 500 m2.
Au milieu de l'année 2014, l'hôpital départemental La Providence des Gonaïves sera fin prêt. Dans un espace désertique à l'abri des inondations, sur vingt carreaux de terre à Morne Blanc, au nord de la métropole de l'Artibonite, se construit la nouvelle infrastructure. Une construction qui a débuté l'année dernière en vue de loger cet hôpital public détruit par des ouragans.
Accompagnée de l'ambassadeur canadien en fin de mission en Haïti, Henri-Paul Normandin, du ministre du Développement international et de la Francophonie, Christian Paradis, et du chef de la coopération canadienne, Vincent Le Pape, la ministre de la Santé publique, le Dr Florence Duperval Guillaume, s'est rendue aux Gonaïves le mardi 26 août 2013, pour constater l'avancement des travaux. Sur le terrain, elle s'est dit impressionnée par la capacité des travailleurs à progresser depuis ce jour où la première pierre a été posée. Elle a vu des bâtiments en béton armé érigés sur une surface totale de 10 500 m2 coiffés par des toitures en béton avec des ouvertures facilitant l'aération. Elle a vu un chantier bourdonnant d'activités. « En moyenne, 150 à 200 ouvriers travaillent par jour dans la construction de l'hôpital La Providence qui devra être fin prêt entre mai et juin 2014 », a assuré un expert canadien à la ministre intéressée aux questions techniques. Pour tempérer les ardeurs du soleil à Morne Blanc, il est prévu un aménagement paysager. Quid de la route poussiéreuse ? « Elle sera asphaltée par l'État haïtien », a confié la ministre.
Le tour du chantier
Casque de sécurité sur la tête et gilet pour se protéger d'un soleil accablant et de la poussière blanchâtre, le Dr Guillaume a fait le tour du chantier sous la supervision des experts canadiens. On l'a informée que la main-d'oeuvre locale participe activement à la construction. Hommes et femmes prennent part aux travaux : maçonnerie, charpenterie, électricité, ferraillage, plomberie, climatisation, soudure et peinture sous le parapluie du maître d'oeuvre du chantier, la firme espagnole Abantia-Cots ! Claret, un consortium qui avait remporté haut la main ce projet de construction.
Le plus grand centre hospitalier de l'Artibonite se spécialisera en santé materno-infantile. Il comprendra les structures suivantes : centre gynéco-obstétrique, soins intensifs néonataux, urgence pédiatrique, pédiatrie, obstétrique-maternité, gynécologie, maison d'accueil pour femmes enceintes.
Les trois composantes du projet
Financé à hauteur de 26,4 millions de dollars par l'Agence canadienne de développement international (ACDI), le projet comporte trois composantes : la conception et la construction de l'infrastructure hospitalière, l'équipement (acquisition et installation des équipements médicaux) et l'appui à la gestion hospitalière (montage du programme de renforcement institutionnel au MSPP, avec la mise en place d'une équipe de renforcement des capacités et d'une équipe d'accompagnement initial à la gestion de l'hôpital).
Avec un tel hôpital universitaire de référence, Gonaïves n'aura rien à envier à l'hôpital de Mirebalais construit par les Américains dans le Plateau central. Surface totale 10 500 m2. 200 lits, capacité approximative de 280 consultations journalières, soit environ 84 000 consultations par année.
Et la gestion de cette structure ? La gestion de nos hôpitaux est un casse-tête. La ministre a répondu en marge de la rencontre : « J'ai demandé aux Canadiens de nous accompagner dans la mise en place d'un bon système de gestion dans cet hôpital pendant au moins les deux prochaines années. Nous aurons un personnel haïtien, ces professionnels reçoivent actuellement de la formation sur place sous la supervision des Canadiens en termes de gestion et d'organisation des services ».
Elle a remercié la coopération canadienne qui finance entièrement le projet et a soutenu que cette coopération donne une certaine espérance à Haïti. « Si nous nous mettons ensemble avec nos bailleurs pour bien définir ce que nous faisons, ce que nous voulons d'abord qu'ils comprennent aussi ce que nous faisons, pour qu'ils puissent voir concrètement les résultats que nous produisons à partir de leur contribution, je pense qu'on peut arriver à faire une différence dans ce pays. »
Dans la même matinée, le Dr Guillaume a visité avec les coopérants canadiens l'hôpital La Providence qui fonctionne, en attendant, dans une structure provisoire.
Claude Bernard Sérant
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120563
Détruit par Hannah et Ike en 2008, La Providence, hôpital de référence des Gonaïves, fonctionne aujourd'hui dans un abri provisoire. Grâce au financement de la coopération canadienne, un nouvel hôpital est en construction sur une surface totale de 10 500 m2.
Au milieu de l'année 2014, l'hôpital départemental La Providence des Gonaïves sera fin prêt. Dans un espace désertique à l'abri des inondations, sur vingt carreaux de terre à Morne Blanc, au nord de la métropole de l'Artibonite, se construit la nouvelle infrastructure. Une construction qui a débuté l'année dernière en vue de loger cet hôpital public détruit par des ouragans.
Accompagnée de l'ambassadeur canadien en fin de mission en Haïti, Henri-Paul Normandin, du ministre du Développement international et de la Francophonie, Christian Paradis, et du chef de la coopération canadienne, Vincent Le Pape, la ministre de la Santé publique, le Dr Florence Duperval Guillaume, s'est rendue aux Gonaïves le mardi 26 août 2013, pour constater l'avancement des travaux. Sur le terrain, elle s'est dit impressionnée par la capacité des travailleurs à progresser depuis ce jour où la première pierre a été posée. Elle a vu des bâtiments en béton armé érigés sur une surface totale de 10 500 m2 coiffés par des toitures en béton avec des ouvertures facilitant l'aération. Elle a vu un chantier bourdonnant d'activités. « En moyenne, 150 à 200 ouvriers travaillent par jour dans la construction de l'hôpital La Providence qui devra être fin prêt entre mai et juin 2014 », a assuré un expert canadien à la ministre intéressée aux questions techniques. Pour tempérer les ardeurs du soleil à Morne Blanc, il est prévu un aménagement paysager. Quid de la route poussiéreuse ? « Elle sera asphaltée par l'État haïtien », a confié la ministre.
Le tour du chantier
Casque de sécurité sur la tête et gilet pour se protéger d'un soleil accablant et de la poussière blanchâtre, le Dr Guillaume a fait le tour du chantier sous la supervision des experts canadiens. On l'a informée que la main-d'oeuvre locale participe activement à la construction. Hommes et femmes prennent part aux travaux : maçonnerie, charpenterie, électricité, ferraillage, plomberie, climatisation, soudure et peinture sous le parapluie du maître d'oeuvre du chantier, la firme espagnole Abantia-Cots ! Claret, un consortium qui avait remporté haut la main ce projet de construction.
Le plus grand centre hospitalier de l'Artibonite se spécialisera en santé materno-infantile. Il comprendra les structures suivantes : centre gynéco-obstétrique, soins intensifs néonataux, urgence pédiatrique, pédiatrie, obstétrique-maternité, gynécologie, maison d'accueil pour femmes enceintes.
Les trois composantes du projet
Financé à hauteur de 26,4 millions de dollars par l'Agence canadienne de développement international (ACDI), le projet comporte trois composantes : la conception et la construction de l'infrastructure hospitalière, l'équipement (acquisition et installation des équipements médicaux) et l'appui à la gestion hospitalière (montage du programme de renforcement institutionnel au MSPP, avec la mise en place d'une équipe de renforcement des capacités et d'une équipe d'accompagnement initial à la gestion de l'hôpital).
Avec un tel hôpital universitaire de référence, Gonaïves n'aura rien à envier à l'hôpital de Mirebalais construit par les Américains dans le Plateau central. Surface totale 10 500 m2. 200 lits, capacité approximative de 280 consultations journalières, soit environ 84 000 consultations par année.
Et la gestion de cette structure ? La gestion de nos hôpitaux est un casse-tête. La ministre a répondu en marge de la rencontre : « J'ai demandé aux Canadiens de nous accompagner dans la mise en place d'un bon système de gestion dans cet hôpital pendant au moins les deux prochaines années. Nous aurons un personnel haïtien, ces professionnels reçoivent actuellement de la formation sur place sous la supervision des Canadiens en termes de gestion et d'organisation des services ».
Elle a remercié la coopération canadienne qui finance entièrement le projet et a soutenu que cette coopération donne une certaine espérance à Haïti. « Si nous nous mettons ensemble avec nos bailleurs pour bien définir ce que nous faisons, ce que nous voulons d'abord qu'ils comprennent aussi ce que nous faisons, pour qu'ils puissent voir concrètement les résultats que nous produisons à partir de leur contribution, je pense qu'on peut arriver à faire une différence dans ce pays. »
Dans la même matinée, le Dr Guillaume a visité avec les coopérants canadiens l'hôpital La Providence qui fonctionne, en attendant, dans une structure provisoire.
Claude Bernard Sérant
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120563
Les acteurs politiques ne doivent pas compromettre les efforts de développement
tian Paradis/Coopération canadienne
Le Nouvelliste | Publi le :28 août 2013
Valéry DAUDIER vdaudier@lenouvelliste.com
A la fin de sa visite en Haïti, le ministre canadien du Développement international, Christian Paradis, a appelé les acteurs politiques haïtiens à gérer les enjeux politiques et institutionnels de façon à ne pas compromettre les efforts de développement. Dans un entretien accordé au Nouvelliste, le ministre dit constater des progrès, mais il y a toujours des défis à relever en matière de développement. « Il faut être franc, il y a encore beaucoup de travail à faire », a affirmé Christian Paradis, quelques heures avant son départ, mercredi.
Pour son premier voyage officiel en tant que ministre du Développement international, Christian Paradis a choisi de visiter Haïti. Ce n'est pas un hasard. Juste avant son départ, le ministre a dit pourquoi il a fait ce choix. « Je pense que c'est un pays qui est prioritaire pour le Canada, a déclaré M. Paradis. Haïti est le plus important bénéficiaire de l'aide du Canada dans les Amériques. Et après les Etats-Unis, le Canada est le plus grand bailleur de fonds d'Haïti. »
Selon les autorités canadiennes, de 2006 à 2012, le gouvernement du Canada a versé plus d'un milliard de dollars en aide et en appui au développement de ce pays. En tant que représentant d'un partenaire aussi important, le ministre est venu visiter, entre autres, les projets de développement financés par son pays. Il a beaucoup apprécié le nouveau visage du Champ de Mars qui n'est plus occupé depuis plusieurs mois par des sans-abri grâce à un financement du Canada. Pour Paradis, c'est le projet de grande fierté de son pays.
« Le voyage m'a permis de mieux apprécier, mieux comprendre les enjeux, a indiqué Christian Paradis. Effectivement, j'ai vu beaucoup de choses. J'ai visité des camps, j'ai vu des gens dans la misère. En tant qu'être humain, ça m'a affecté de voir des personnes vivre dans ces conditions après plus de trois ans. Il faut conjuguer l'humanitaire et le développement. J'ai constaté qu'il y a des progrès. Le meilleur exemple, c'est le Champ de Mars », a ajouté le ministre, au cours de cet entretien au salon diplomatique de l'aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince.
Contrairement à Julian Fantino qui, au cours de sa visite dans le pays, avait exigé des autorités haïtiennes de la transparence, du leadership et de la responsabilisation, Christian Paradis se montre beaucoup plus compréhensif. Le Canada envisage, toutefois, une révision stratégique de son programme d'aide dans le pays qui, selon M. Paradis, permettra de répondre aux besoins et aux priorités du peuple haïtien. « On veut des résultats tangibles, qui puissent apporter des fruits à court, à moyen et à long terme, a expliqué le ministre. On travaille tous pour qu'Haïti ait une économie forte et autonome, des institutions durables, stables. »
Afin de mieux coordonner l'aide, le ministre a plaidé pour un pacte de responsabilité mutuelle entre les partenaires de développement et les autorités haïtiennes. Un pacte qui devrait être défini le plus rapidement possible comprenant des engagements précis, des résultats concrets et mesurables et un mécanisme de suivi. « Un pacte de responsabilité mutuelle établi sous le leadership du gouvernement permettrait à tous les acteurs de s'entendre pour fixer des objectifs communs qui seraient réalisés selon des délais et des échéanciers établis à l'avance », a expliqué le ministre.
Pour maintenir l'appui que le Canada offre depuis 2006 au projet « Appui durable aux programmes de cantines scolaires » du Programme alimentaire mondial (PAM), Christian Paradis a annoncé une contribution de 6,6 millions de dollars. Ce projet permet d'offrir un repas quotidien à des élèves afin de réduire la faim chronique et la malnutrition, d'améliorer les apprentissages et d'accroître l'assiduité scolaire.
« Les Canadiens et les Canadiennes sont des gens généreux et ils demeurent très préoccupés par les difficultés que vivent les Haïtiens et les Haïtiennes, a poursuivi Christian Paradis. Le Canada a fait des investissements importants pour aider le peuple haïtien, surtout en ce qui concerne la réinstallation des personnes qui vivaient dans des camps provisoires depuis le séisme. Cependant, il reste encore des défis à relever et nous encourageons le gouvernement d'Haïti à poursuivre les réformes de l'Etat et de l'administration publique, ainsi qu'à établir la primauté du droit. »
Par ailleurs, vu la conjoncture politique actuelle, il y a un peu d'inquiétude. Le ministre canadien du Développement international appelle au dialogue. « On continue d'insister sur le fait que les défis politiques institutionnels soient gérés par des acteurs en place pour assurer que le développement ne se compromet pas, a-t-il déclaré au cours de cette entrevue. C'est important d'établir un dialogue de part et d'autre. Ce ne sont pas des voix externes qui vont résoudre les problèmes. »
Valéry DAUDIER vdaudier@lenouvelliste.com
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120597
Le Nouvelliste | Publi le :28 août 2013
Valéry DAUDIER vdaudier@lenouvelliste.com
A la fin de sa visite en Haïti, le ministre canadien du Développement international, Christian Paradis, a appelé les acteurs politiques haïtiens à gérer les enjeux politiques et institutionnels de façon à ne pas compromettre les efforts de développement. Dans un entretien accordé au Nouvelliste, le ministre dit constater des progrès, mais il y a toujours des défis à relever en matière de développement. « Il faut être franc, il y a encore beaucoup de travail à faire », a affirmé Christian Paradis, quelques heures avant son départ, mercredi.
Pour son premier voyage officiel en tant que ministre du Développement international, Christian Paradis a choisi de visiter Haïti. Ce n'est pas un hasard. Juste avant son départ, le ministre a dit pourquoi il a fait ce choix. « Je pense que c'est un pays qui est prioritaire pour le Canada, a déclaré M. Paradis. Haïti est le plus important bénéficiaire de l'aide du Canada dans les Amériques. Et après les Etats-Unis, le Canada est le plus grand bailleur de fonds d'Haïti. »
Selon les autorités canadiennes, de 2006 à 2012, le gouvernement du Canada a versé plus d'un milliard de dollars en aide et en appui au développement de ce pays. En tant que représentant d'un partenaire aussi important, le ministre est venu visiter, entre autres, les projets de développement financés par son pays. Il a beaucoup apprécié le nouveau visage du Champ de Mars qui n'est plus occupé depuis plusieurs mois par des sans-abri grâce à un financement du Canada. Pour Paradis, c'est le projet de grande fierté de son pays.
« Le voyage m'a permis de mieux apprécier, mieux comprendre les enjeux, a indiqué Christian Paradis. Effectivement, j'ai vu beaucoup de choses. J'ai visité des camps, j'ai vu des gens dans la misère. En tant qu'être humain, ça m'a affecté de voir des personnes vivre dans ces conditions après plus de trois ans. Il faut conjuguer l'humanitaire et le développement. J'ai constaté qu'il y a des progrès. Le meilleur exemple, c'est le Champ de Mars », a ajouté le ministre, au cours de cet entretien au salon diplomatique de l'aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince.
Contrairement à Julian Fantino qui, au cours de sa visite dans le pays, avait exigé des autorités haïtiennes de la transparence, du leadership et de la responsabilisation, Christian Paradis se montre beaucoup plus compréhensif. Le Canada envisage, toutefois, une révision stratégique de son programme d'aide dans le pays qui, selon M. Paradis, permettra de répondre aux besoins et aux priorités du peuple haïtien. « On veut des résultats tangibles, qui puissent apporter des fruits à court, à moyen et à long terme, a expliqué le ministre. On travaille tous pour qu'Haïti ait une économie forte et autonome, des institutions durables, stables. »
Afin de mieux coordonner l'aide, le ministre a plaidé pour un pacte de responsabilité mutuelle entre les partenaires de développement et les autorités haïtiennes. Un pacte qui devrait être défini le plus rapidement possible comprenant des engagements précis, des résultats concrets et mesurables et un mécanisme de suivi. « Un pacte de responsabilité mutuelle établi sous le leadership du gouvernement permettrait à tous les acteurs de s'entendre pour fixer des objectifs communs qui seraient réalisés selon des délais et des échéanciers établis à l'avance », a expliqué le ministre.
Pour maintenir l'appui que le Canada offre depuis 2006 au projet « Appui durable aux programmes de cantines scolaires » du Programme alimentaire mondial (PAM), Christian Paradis a annoncé une contribution de 6,6 millions de dollars. Ce projet permet d'offrir un repas quotidien à des élèves afin de réduire la faim chronique et la malnutrition, d'améliorer les apprentissages et d'accroître l'assiduité scolaire.
« Les Canadiens et les Canadiennes sont des gens généreux et ils demeurent très préoccupés par les difficultés que vivent les Haïtiens et les Haïtiennes, a poursuivi Christian Paradis. Le Canada a fait des investissements importants pour aider le peuple haïtien, surtout en ce qui concerne la réinstallation des personnes qui vivaient dans des camps provisoires depuis le séisme. Cependant, il reste encore des défis à relever et nous encourageons le gouvernement d'Haïti à poursuivre les réformes de l'Etat et de l'administration publique, ainsi qu'à établir la primauté du droit. »
Par ailleurs, vu la conjoncture politique actuelle, il y a un peu d'inquiétude. Le ministre canadien du Développement international appelle au dialogue. « On continue d'insister sur le fait que les défis politiques institutionnels soient gérés par des acteurs en place pour assurer que le développement ne se compromet pas, a-t-il déclaré au cours de cette entrevue. C'est important d'établir un dialogue de part et d'autre. Ce ne sont pas des voix externes qui vont résoudre les problèmes. »
Valéry DAUDIER vdaudier@lenouvelliste.com
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120597
Réhabilitation des ''quartiers informels'', une priorité pour l'UCLBP
Le Nouvelliste | Publi le :29 août 2013
Jocelyn Belfort belfort87jocelyn@yahoo.fr
L'Unité de construction de logements et de bâtiments publics(UCLBP) a déjà réhabilité et construit des milliers de logements dans la zone métropolitaine. Elle en promet encore beaucoup d'autres.
Quelque 200 000 personnes vivent encore sous les tentes plus de trois ans après le cataclysme du 12 jamvier 2010. Pour remédier à cette situation et toujours dans la logique de permettre aux déplacés de retourner dans leurs quartiers et y vivre dignement, le gouvernement haïtien, appuyé par les Nations unies, a compris qu'il était impératif de construire des logements améliorés dans la zone métropolitaine et d'étendre cette expérience dans toutes les zones urbanisées du pays.
Une reconstruction rendue possible par l'identification de solutions de logement durables pour les personnes déplacées et les habitants des quartiers d'origine afin d'améliorer les conditions de vie dans ces quartiers.
Grâce au projet pilote 16/6, plus de 44 000 personnes vivent déjà dans un logement viable grâce à l'appui des services de protection communautaire. Pour faciliter l'accès de cette population aux infrastructures de base, l'UCLBP a décidé de lancer une deuxième phase du projet, à savoir la réhabilitation des bidonvilles dénommés ''quartiers informels''.
A Morne-à-Cabris par exemple, 3 000 logements sont en construction et 1 500 d'entre eux sont déjà achevés. « Très bientôt, il y aura un plan d'aménagement pour des familles qui vont habiter cet espace », explique Clément Bélizaire, directeur de division de relocalisation et de relogement à l'UCLBP.
La réhabilitation des quartiers est, selon lui, la deuxième phase du projet 16/6. « Plus de 400 000 déplacés sont déjà retournés dans leurs quartiers d'origine, dit-il. Si tout se passe bien, on n'aura plus de personnes sous les tentes d'ici 2014. Maintenant, nous passons à une autre vitesse dans le cadre du projet 16/6. »
Selon l'ingénieur Clément Bélizaire, la réhabilitation des quartiers a une importance capitale pour les déplacés qui ont développé un lien affectif avec leur quartier d'origine. « Nous voulons faire de ces ''quartiers informels'' des quartiers propres avec des services de base accessibles, appropriés pour ceux qui les habitent, déclare-t-il. Notre objectif est de connecter les quartiers informels à des quartiers formels pour avoir des résidents fiers de leurs quartiers. Ainsi, nous pourrons espérer un changement de mentalité chez ces résidents qui développeront à coup sûr une bonne relation avec leur milieu.»
L'autre objectif poursuivi par la deuxième phase du projet est surtout d'assurer la mobilité des quartiers tout en créant des opportunités économiques pour les habitants. « Pour assurer la mobilité dans les quartiers informels, nous avons par exemple à Morne Hercule construit plusieurs kilomètres de routes pour encourager une meilleure accessibilité entre les quartiers. Il faut également créer des opportunités économiques dans ces quartiers afin que les gens puissent gagner leur vie dignement », ajoute Clément Bélizaire.
De son côté, le directeur de division de logement à l'UCLBP,Odnell David, a surtout mis l'accent sur la question du logement social, une bonne alternative pour ceux qui n'ont pas encore les moyens de construire leur maison. Selon lui, la question du logement social ne concerne pas seulement les démunis. «Il est également destiné aux jeunes fonctionnaires qui n'ont pas encore les moyens de construire leur propre maison, dit-il. On trouvera des personnes de diverses classes sociales dans ces maisons.»
Les logements de Morne-à-Cabris sont, selon lui, un modèle de réussite de logement social. « A Morne-à- Cabris, il y a toutes les infrastructures nécessaires pour vivre convenablement, déclare-t-il. Vous y trouverez : route, électricité, eau, écoles, services sociaux de base et un commissariat.»
Un document sur la politique de logement sera présenté sous peu à la population. Selon Odnell David, ce document prendra en compte la nécessité d'une offre de logement locatif. « La politique de logement que le gouvernement mettra en place doit tenir compte de la capacité économique de la population. Il faut lier la politique de logement à une politique de création d'emplois. C'est seulement à ce niveau qu'on pourra changer l'image de Port-au-Prince et son environnement. »
Le violent séisme de janvier 2010 a été le plus meurtrier dans toute l'histoire d'Haïti, faisant plus de 220 000 morts et poussant 1,5 million de personnes à vivre sous des tentes dans des conditions très difficiles.
Jocelyn Belfort belfort87jocelyn@yahoo.fr
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120634
Jocelyn Belfort belfort87jocelyn@yahoo.fr
L'Unité de construction de logements et de bâtiments publics(UCLBP) a déjà réhabilité et construit des milliers de logements dans la zone métropolitaine. Elle en promet encore beaucoup d'autres.
Quelque 200 000 personnes vivent encore sous les tentes plus de trois ans après le cataclysme du 12 jamvier 2010. Pour remédier à cette situation et toujours dans la logique de permettre aux déplacés de retourner dans leurs quartiers et y vivre dignement, le gouvernement haïtien, appuyé par les Nations unies, a compris qu'il était impératif de construire des logements améliorés dans la zone métropolitaine et d'étendre cette expérience dans toutes les zones urbanisées du pays.
Une reconstruction rendue possible par l'identification de solutions de logement durables pour les personnes déplacées et les habitants des quartiers d'origine afin d'améliorer les conditions de vie dans ces quartiers.
Grâce au projet pilote 16/6, plus de 44 000 personnes vivent déjà dans un logement viable grâce à l'appui des services de protection communautaire. Pour faciliter l'accès de cette population aux infrastructures de base, l'UCLBP a décidé de lancer une deuxième phase du projet, à savoir la réhabilitation des bidonvilles dénommés ''quartiers informels''.
A Morne-à-Cabris par exemple, 3 000 logements sont en construction et 1 500 d'entre eux sont déjà achevés. « Très bientôt, il y aura un plan d'aménagement pour des familles qui vont habiter cet espace », explique Clément Bélizaire, directeur de division de relocalisation et de relogement à l'UCLBP.
La réhabilitation des quartiers est, selon lui, la deuxième phase du projet 16/6. « Plus de 400 000 déplacés sont déjà retournés dans leurs quartiers d'origine, dit-il. Si tout se passe bien, on n'aura plus de personnes sous les tentes d'ici 2014. Maintenant, nous passons à une autre vitesse dans le cadre du projet 16/6. »
Selon l'ingénieur Clément Bélizaire, la réhabilitation des quartiers a une importance capitale pour les déplacés qui ont développé un lien affectif avec leur quartier d'origine. « Nous voulons faire de ces ''quartiers informels'' des quartiers propres avec des services de base accessibles, appropriés pour ceux qui les habitent, déclare-t-il. Notre objectif est de connecter les quartiers informels à des quartiers formels pour avoir des résidents fiers de leurs quartiers. Ainsi, nous pourrons espérer un changement de mentalité chez ces résidents qui développeront à coup sûr une bonne relation avec leur milieu.»
L'autre objectif poursuivi par la deuxième phase du projet est surtout d'assurer la mobilité des quartiers tout en créant des opportunités économiques pour les habitants. « Pour assurer la mobilité dans les quartiers informels, nous avons par exemple à Morne Hercule construit plusieurs kilomètres de routes pour encourager une meilleure accessibilité entre les quartiers. Il faut également créer des opportunités économiques dans ces quartiers afin que les gens puissent gagner leur vie dignement », ajoute Clément Bélizaire.
De son côté, le directeur de division de logement à l'UCLBP,Odnell David, a surtout mis l'accent sur la question du logement social, une bonne alternative pour ceux qui n'ont pas encore les moyens de construire leur maison. Selon lui, la question du logement social ne concerne pas seulement les démunis. «Il est également destiné aux jeunes fonctionnaires qui n'ont pas encore les moyens de construire leur propre maison, dit-il. On trouvera des personnes de diverses classes sociales dans ces maisons.»
Les logements de Morne-à-Cabris sont, selon lui, un modèle de réussite de logement social. « A Morne-à- Cabris, il y a toutes les infrastructures nécessaires pour vivre convenablement, déclare-t-il. Vous y trouverez : route, électricité, eau, écoles, services sociaux de base et un commissariat.»
Un document sur la politique de logement sera présenté sous peu à la population. Selon Odnell David, ce document prendra en compte la nécessité d'une offre de logement locatif. « La politique de logement que le gouvernement mettra en place doit tenir compte de la capacité économique de la population. Il faut lier la politique de logement à une politique de création d'emplois. C'est seulement à ce niveau qu'on pourra changer l'image de Port-au-Prince et son environnement. »
Le violent séisme de janvier 2010 a été le plus meurtrier dans toute l'histoire d'Haïti, faisant plus de 220 000 morts et poussant 1,5 million de personnes à vivre sous des tentes dans des conditions très difficiles.
Jocelyn Belfort belfort87jocelyn@yahoo.fr
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120634
Martelly rend le CAOSS fonctionnel 30 ans après
Sécurité sociale
Le Nouvelliste | Publi le :29 août 2013
Valéry Daudier vdaudier@lenouvelliste.com
Le président Michel Martelly a donné, ce jeudi, l'investiture aux membres du Conseil supérieur des salaires (CSS) et à ceux du Conseil d'administration des organes de sécurité sociale (CAOSS). Selon le chef de l'Etat, le CAOSS doit pouvoir aider à la stabilité des organismes de sécurité sociale. Avec cette entité, les autorités s'attendent aussi à « une gestion efficace et efficiente des organismes de sécurité sociale pour garantir une retraite équitable aux travailleurs ».
30 ans après le vote de la loi réorganisant le ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST) et créant le CAOSS et le CSS, ces entités sont enfin fonctionnelles. En présence du ministre des Affaires sociales et du Travail, de certains membres du gouvernement, de parlementaires, de membres du secteur privé et du secteur syndical, le président de la République a donné l'investiture aux membres de ces deux conseils au cours d'une cérémonie qui s'est déroulée au palais national. « La cérémonie de ce matin marque une étape importante dans l'histoire de la sécurité sociale en Haïti », a déclaré Michel Martelly.
« L'installation du CAOSS et du CSS fait partie des pratiques de bonne gestion instituées pour améliorer la performance des institutions prévues par la loi en vue de consolider notre démocratie, faire vivre les valeurs de la République, garantir la sécurité et la paix à nos concitoyens », a poursuivi le chef de l'Etat.
Selon lui, la réunion des acteurs du monde du travail - patronat et syndicat - dans une structure tripartite afin d'assurer la gestion stratégique de leurs intérêts est une conquête sociale. « Pour que le pays puisse continuer à avancer, il a besoin d'institutions politiques, économiques et sociales fonctionnelles, dirigées par des hommes et des femmes guidés par le sens de l'Etat et de l'intérêt commun », a indiqué le président de la République qui compte sur la responsabilité des membres des nouveaux conseils.
Pour Michel Martelly, qui a félicité le ministre des Affaires sociales et du Travail, Charles Jean-Jacques, pour son leadership, le renforcement de l'organisation du système de sécurité sociale est nécessaire afin d'offrir aux travailleurs des garanties contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain et de prendre en charge les dépenses de maternité. Avec le CAOSS, l'ONA et l'OFATMA, a-t-il estimé, seront plus aptes à répondre aux besoins des travailleurs en termes de prestation sociale et pourront contribuer davantage à la stabilité et à la cohésion nationale.
« Celui qui travaille aujourd'hui doit cotiser pour soutenir la génération qui s'en va, a soutenu le chef de l'Etat dans son discours. En rendant fonctionnel le CAOSS, je veux réformer et consolider les fondements de notre système de sécurité sociale en garantissant une répartition solidaire entre les générations. Je profite de l'occasion pour rappeler le caractère obligatoire des cotisations aux caisses de la sécurité sociale. »
Si le rôle du Conseil supérieur des salaires est de travailler sur le dossier sensible en Haïti qu'est la fixation des salaires, cependant avec la mise en place du CAOSS, les dirigeants de l'ONA (Office national d'assurance vieillesse) ainsi que ceux de l'OFATMA (Office d'assurance- accidents du travail, maladie et maternité) n'auront plus tous les pouvoirs de décision sur certaines dépenses. Michel Martelly les a d'ailleurs mis en garde. Des mises en garde qui rappellent les accusations de corruption et de gabegie administrative pleuvant sur la direction de l'ONA.
« Je rappelle à tout le monde, notamment aux membres du CAOSS, que l'argent dans les caisses de l'ONA et de l'OFATMA ne sont pas des taxes de l'Etat ; ce n'est pas l'argent du patronat, encore moins des syndicats, a déclaré le président de la République. L'argent appartient aux travailleurs et doit servir les ouvriers. Personne n'a le droit d'utiliser l'argent de ces deux institutions pour gérer ses affaires personnelles. La justice sévira contre tous ceux qui tenteraient de détourner l'argent des travailleurs. »
Les concernés ont certainement pris note.
Valéry Daudier vdaudier@lenouvelliste.com
Les membres du Conseil d'Administration des Organes de Sécurité Sociale (C.A.O.S.S.) sont :
Volmy Desrameaux Fils, Tamara Georges Decastro, Réginald de Delva, (représentants de l'Etat) ;
Nahomme Dorvil, Nathale Hermantin, Gérald Marie Tardieu ( représentants du patronnat) ;
Leonel Pierre, Wisler Romain, Yvane Elie Castera (représentants du salariat).
Le Conseil supérieur des salaires est composé de :
Marie France H. Mondésir, Renan Hédouville, Daniel Altiné (représentants de l'État) ;
Norma Powell, Jean Dany Pierre François, Réginald Boulos (représentants du patronat) ;
Jean Bonald Golinsky Fatal, Jean Franck Noisimond, Louis Fignolé St Cyr (représentants du salariat).
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120645
Le Nouvelliste | Publi le :29 août 2013
Valéry Daudier vdaudier@lenouvelliste.com
Le président Michel Martelly a donné, ce jeudi, l'investiture aux membres du Conseil supérieur des salaires (CSS) et à ceux du Conseil d'administration des organes de sécurité sociale (CAOSS). Selon le chef de l'Etat, le CAOSS doit pouvoir aider à la stabilité des organismes de sécurité sociale. Avec cette entité, les autorités s'attendent aussi à « une gestion efficace et efficiente des organismes de sécurité sociale pour garantir une retraite équitable aux travailleurs ».
30 ans après le vote de la loi réorganisant le ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST) et créant le CAOSS et le CSS, ces entités sont enfin fonctionnelles. En présence du ministre des Affaires sociales et du Travail, de certains membres du gouvernement, de parlementaires, de membres du secteur privé et du secteur syndical, le président de la République a donné l'investiture aux membres de ces deux conseils au cours d'une cérémonie qui s'est déroulée au palais national. « La cérémonie de ce matin marque une étape importante dans l'histoire de la sécurité sociale en Haïti », a déclaré Michel Martelly.
« L'installation du CAOSS et du CSS fait partie des pratiques de bonne gestion instituées pour améliorer la performance des institutions prévues par la loi en vue de consolider notre démocratie, faire vivre les valeurs de la République, garantir la sécurité et la paix à nos concitoyens », a poursuivi le chef de l'Etat.
Selon lui, la réunion des acteurs du monde du travail - patronat et syndicat - dans une structure tripartite afin d'assurer la gestion stratégique de leurs intérêts est une conquête sociale. « Pour que le pays puisse continuer à avancer, il a besoin d'institutions politiques, économiques et sociales fonctionnelles, dirigées par des hommes et des femmes guidés par le sens de l'Etat et de l'intérêt commun », a indiqué le président de la République qui compte sur la responsabilité des membres des nouveaux conseils.
Pour Michel Martelly, qui a félicité le ministre des Affaires sociales et du Travail, Charles Jean-Jacques, pour son leadership, le renforcement de l'organisation du système de sécurité sociale est nécessaire afin d'offrir aux travailleurs des garanties contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain et de prendre en charge les dépenses de maternité. Avec le CAOSS, l'ONA et l'OFATMA, a-t-il estimé, seront plus aptes à répondre aux besoins des travailleurs en termes de prestation sociale et pourront contribuer davantage à la stabilité et à la cohésion nationale.
« Celui qui travaille aujourd'hui doit cotiser pour soutenir la génération qui s'en va, a soutenu le chef de l'Etat dans son discours. En rendant fonctionnel le CAOSS, je veux réformer et consolider les fondements de notre système de sécurité sociale en garantissant une répartition solidaire entre les générations. Je profite de l'occasion pour rappeler le caractère obligatoire des cotisations aux caisses de la sécurité sociale. »
Si le rôle du Conseil supérieur des salaires est de travailler sur le dossier sensible en Haïti qu'est la fixation des salaires, cependant avec la mise en place du CAOSS, les dirigeants de l'ONA (Office national d'assurance vieillesse) ainsi que ceux de l'OFATMA (Office d'assurance- accidents du travail, maladie et maternité) n'auront plus tous les pouvoirs de décision sur certaines dépenses. Michel Martelly les a d'ailleurs mis en garde. Des mises en garde qui rappellent les accusations de corruption et de gabegie administrative pleuvant sur la direction de l'ONA.
« Je rappelle à tout le monde, notamment aux membres du CAOSS, que l'argent dans les caisses de l'ONA et de l'OFATMA ne sont pas des taxes de l'Etat ; ce n'est pas l'argent du patronat, encore moins des syndicats, a déclaré le président de la République. L'argent appartient aux travailleurs et doit servir les ouvriers. Personne n'a le droit d'utiliser l'argent de ces deux institutions pour gérer ses affaires personnelles. La justice sévira contre tous ceux qui tenteraient de détourner l'argent des travailleurs. »
Les concernés ont certainement pris note.
Valéry Daudier vdaudier@lenouvelliste.com
Les membres du Conseil d'Administration des Organes de Sécurité Sociale (C.A.O.S.S.) sont :
Volmy Desrameaux Fils, Tamara Georges Decastro, Réginald de Delva, (représentants de l'Etat) ;
Nahomme Dorvil, Nathale Hermantin, Gérald Marie Tardieu ( représentants du patronnat) ;
Leonel Pierre, Wisler Romain, Yvane Elie Castera (représentants du salariat).
Le Conseil supérieur des salaires est composé de :
Marie France H. Mondésir, Renan Hédouville, Daniel Altiné (représentants de l'État) ;
Norma Powell, Jean Dany Pierre François, Réginald Boulos (représentants du patronat) ;
Jean Bonald Golinsky Fatal, Jean Franck Noisimond, Louis Fignolé St Cyr (représentants du salariat).
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120645
Hantuchova ends Duval's dream US Open
By McCarton Ackerman
Thursday, August 29, 2013
WHAT HAPPENED: Just two days after pulling off one of the biggest upsets of the tournament in defeating No. 11 Samantha Stosur in the opening round of the women’s singles event, American qualifier Victoria Duval had another daunting task on Thursday: topple former Top 5 player Daniela Hantuchova in the second round. Court 17 was filled to capacity for the teenager who endeared herself to fans with her feisty on-court personality and charming interviews. Unfortunately for the pro-Duval crowd, Hantuchova showed the form that has made her a fixture on tour for over a decade, easily defeating the American, 6-2, 6-3.
The packed Court 17 crowd thought they were in for another upset early on, as Duval forced a forehand error from Hantuchova to take a 2-1 lead. But that would be the last bit of momentum the American had in the set. While the relatively slow speed of Duval’s serve threw off Stosur in the opening round, Hantuchova thrived on the reduced space. Stepping into the court on all of Duval’s second serves, Hantuchova struck her returns with authority, breaking Duval three times to take the opening set.
The second set was nearly identical to the first. Duval struck a forehand winner to take a 2-1 lead and gave the crowd hope that we would see yet another comeback from her, but Hantuchova raised the level of her game when it was required. As Hantuchova began to reduce her unforced error count, Duval became visibly frustrated as hers increased, with the qualifier hitting 27 unforced errors throughout the evening. Hantuchova rolled through the final three games of the match, with Duval sending one final forehand wide to wrap things up after 72 minutes of play.
"I think today I couldn't quite get myself going," Duval said afterward. "But I've had a great experience this whole tournament ... and Daniela played really well today. I'm just going to take what I learned here and take it to the other tournaments."
WHAT IT MEANS: Although Hantuchova arrived at the US Open on a three-match losing streak, she has enjoyed plenty of success in New York, reaching the women’s singles quarterfinals here in 2002. Having reached the third round here for the first time since 2010, Hantuchova is now a favorite to make the second week. She will play qualifier Julia Glushko of Israel in a third round match on Saturday; Glushko has never gone this far before in a Grand Slam event.
If Hantuchova can get through that match, she will either play No. 7 seed Petra Kvitova of Czech Republic or American Alison Riske. With Hantuchova leading 2-0 in her head-to-head with Riske, and Kvitova being known for producing streaky tennis at the US Open, it’s possible the Slovak could match her career best performance at the final Grand Slam of the year.
THE QUESTION: Do you think Hantuchova can reach the quarterfinals of the US Open once again?
jeudi 29 août 2013
« Expo Lakay », espace de promotion de jeunes créateurs d’Haiti
Par Samora Chalmers
P-au-P., 28 aout 2013 [AlterPresse] --- La première édition de la foire artisanale « Expo lakay » s’est tenue le week-end écoulé à l’hôtel Royal Oasis. L’opération met en vitrine la production de douze participants et l’accent a été porté sur les produits de différentes régions du pays.
Pour l’organisatrice, Djunelle Isidor, directrice de la société « J’organise… en pointe fine », l’objectif visé est avant tout de promouvoir les jeunes créateurs et de sensibiliser le grand public à la consommation des produits locaux.
Le défi des organisateurs était clairement d’apporter de la nouveauté et d’imprégner la foire d’une identité propre.
L’événement, tenu du samedi 24 au dimanche 25 août 2013, a été soutenu par « Ispot Multimedia, Rorolight Studio » et « Parlons Affaires ».
L’offre culturelle et commerciale
L’exposition est mise en place dans les jardins de l’hôtel. L’ambiance de la foire est conviviale, les exposants disponibles et enclins à présenter leurs réalisations. En toile de fond, de la musique haïtienne est diffusée tout au long de l’évènement. Les produits présentés sont tous fabriqués en Haïti et se répartissent en six catégories : bijoux, accessoires, objets de décoration intérieure, produits de beauté, boissons, plantes, meubles et équipements en marbre de Camp-Perrin pour salle de bain. L’exposition propose notamment à la vente :
•les collections de bijoux en corne et os de Thamara Louis Mécène, de « Mari’ Or Collection S.A »,
•Une série de sacs perlés et en paillettes, sacs en jute peints, de sandales en cuir et en paille de du magasin d’objets artisanal « Tisaksuk »,
•Des sculptures et des vases du céramiste « Aony »
•Les objets de décoration intérieure : chaises, lampes et vide poche de « Kali Art Deco », •Le marbre de Camp-Perrin,
•Les produits de beauté de « Centrica », centre de traitement capillaire préparé avec de l’huile de palme présentant une odeur agréable et des arômes variées, d’Akvy Naturelle, de Mystical products,
•Les Boissons : liqueur à base d’essence naturelle de « SaraFay »,
•Les plantes de « Souvenir Shop ».
En invitant les jeunes artisans, « Expo Lakay » a réussi son pari. Même si la manifestation a réuni au total douze exposants sur les seize annoncés sur les affiches. Certains produits ont créé la surprise, tels que les objets élégants fabriqués en marbre et les produits pour les cheveux. L’exposition présente avec cohérence des produits qui tous ont une « couleur locale ».
Djunelle Isidor constate que la clientèle locale a connu une importante croissance au cours de cette année. Le public haïtien s’intéresse de plus en plus, selon elle, au jeu de la redécouverte permanente de la richesse et de la créativité de nos artisans nationaux. Ce constat l’a motivé à mettre en place cette opération.
« Expo Lakay » en quête d’originalité
L’exposition a sélectionné et réuni des produits artisanaux présentant un effort de création et de design. L’initiative « Expo lakay » est intéressante et met en valeur les savoirs faire locaux et nationaux de jeunes entrepreneurs évoluant dans le secteur de l’Artisanat. Une approche novatrice, qui comporte aussi certains risques, puisqu’il faut aider ces artisans à conquérir un marché et à lancer leur ligne de produits, tout en évitant les répétitions et les stéréotypes.
Cet espace a donc été une vitrine et les jeunes talents ont pu bénéficier d’une visibilité pour montrer et vendre leurs articles. Cependant, peu d’informations ont été fournies sur ces exposants et leurs produits respectifs. La foire n’a donc malheureusement pas été un espace de rencontre entre les jeunes artisans et les différents agents de distribution et de commercialisation. Un plan de communication devrait à l’avenir soutenir ces créateurs notamment en ce qui concerne la mise en marché de leurs produits, afin de leur permettre de se consacrer entièrement à la création.
Il existe déjà plusieurs types de foires en Haïti, « Expo Lakay » a donc intérêt à mettre en avant ses spécificités. Même si l’événement a été annoncé par la presse haïtienne, on a le sentiment qu’un déficit de communication a prévalu et semble avoir limité la portée de l’événement ainsi que les résultats financiers escomptés. L’absence totale d’affiche de promotion à l’entrée de l’hôtel Oasis et dans les espaces donnant accès aux jardins est regrettable. On note également le manque de supports écrits et/ou visuels permettant de découvrir les exposants et l’originalité des procédés de fabrication. Au cours de notre visite le dimanche 25 août, nous avons finalement rencontré très peu de visiteurs.
Les foires sont-elles toujours aussi efficaces ? L’une des participantes insiste sur le fait qu’il s’agit de première foire de l’organisatrice. C’est une grande première pour l’hôtel Oasis, qui a hébergé l’activité et également pour certains des exposants.
« Expo Lakay » devrait peut-être essayer à l’avenir de construire une stratégie de promotion plus efficace pour les artisans haïtiens qui se lancent à la conquête du marché.Après un report de date et un changement de lieu, dû à une onde tropicale, la première édition d’ « Expo Lakay » donne au final des résultats mitigés. Le faible taux de participation et de fréquentation, nous pousse à nous interroger sur la question de la rentabilité de ce genre d’initiatives. Les frais d’entrée étaient au même prix que celles des grandes foires de masse avec plus de 200 exposants.
L’organisation d’un événement culturel dans un des hôtels phares de la capitale, suffit-il à se trouver un public ? Le projet de « j’Organise » semble pertinent, mais les foires artisanales sont-elles encore efficaces ? Le développement croissant de ce genre évènements s’accompagne-t-il réellement de la professionnalisation et d’une progression des ventes des participants ?
Peut-être faudrait-il commencer à réfléchir à de nouvelles plateformes de promotion plus novatrices et mettre en place des structures de communication et de commercialisation plus efficaces qui viennent réellement en appui aux jeunes artisans créateurs. [sc ts gp apr 20/08/2013 20 :00]
Cette chronique est produite dans le cadre du programme de production et diffusion d’informations multimédia pour une meilleure appréciation des activités culturelles en Haïti. Il est mis en place par le Groupe Medialternatif et Caracoli, institutions impliquées dans la communication sociale et la promotion culturelle, avec le soutien de la Fondation de France et de la Fondation Culture Création à travers le programme FIL Culture.
Depuis octobre 2012, AlterPresse (agence en ligne du Groupe Médialternatif) et Caracoli éditent un agenda culturel hebdomadaire. Agenda et compte rendu sont adaptés pour alimenter une chronique radio qui est diffusée sur cinq stations : Radio Kiskeya (Ouest), Radio Express et Radio Jacmel Inter (Sud-Est), Radio Paillant Inter et Radio PSG (Nippes, une partie du Sud-Ouest).
http://www.alterpresse.org/spip.php?article15054
Haïti : l'Eglise protestante souffle sur les braises de l'homophobie
28 août 2013 | Par Mathieu Brancourt
En marge des manifestations homophobes, à l’appel de groupes évangélistes dans la capitale Port-au-Prince, deux personnes suspectées d’être homosexuelles ont été tuées. Cette violence caractérisée met en lumière le danger encouru lorsque l’on veut vivre sa différence. Dans un pays encore marqué par l’extrême pauvreté, les LGBT sont les premières victimes de la virulence de l’Eglise chrétienne protestante à l’encontre des lesbiennes et des gays haïtiens.
"Nous ne voulons pas que le pays devienne Sodome et Gomorrhe !". Le 19 juillet dernier, des milliers de personnes ont défilé à Port-au-Prince pour hurler leur rejet viscéral de l’amour homosexuel. Ces dernières ont voulu répondre à une rumeur persistante sur l’île, véhiculée par l’organisateur de ce rassemblement homophobe. La Coalition Haïtienne des Organisations religieuses et morales (CHO), composée majoritairement de représentants de l’Eglise chrétienne protestante allègue, haut et fort, qu’une menace pèserait sur la famille traditionnelle : un projet de légalisation du mariage entre personnes de même sexe serait prochainement présenté au Parlement. Une proposition de loi qui n’a pourtant jamais été officiellement déposée.
Un rassemblement haineux et violent
Parmi la foule, nombreux sont ceux qui, au-delà d’une hypothétique ouverture du mariage, assument un dégout profond envers les "Masisis" et les "Madivinez" (lesbiennes et gays en créole, ndlr). A travers slogans et pancartes, ces manifestants prétendent alerter du "danger" encouru par le pays si le pouvoir en place reconnaissait juridiquement les couples de même sexe. Comme le rapporte la journaliste du quotidien "Le Nouvelliste", ils estiment qu’ouvrir le droit au mariage aux gays et aux lesbiennes serait une "malédiction" pour le pays, pour laquelle Dieu ne manquerait pas de les punir. "Il y a pourtant des endroits de l’île où l’homosexualité est très bien acceptée, comme à Port-de-Paix ou à Cabaret. Mais à la capitale, le contexte est très violent et dangereux pour un homosexuel qui ne se cache pas", a expliqué Ernest Gaubert Junior, vice-président de l’association LGBT Kouraj, présent à Marseille en juillet dernier, pour l’Europride. Selon d’autres journalistes présents, la marche de Port-au-Prince fut marquée par des actes de violence gratuite envers des anonymes croisés sur le chemin et suspectés d’être homos. Des agressions ont eu lieu malgré une forte présence policière et ont atteint leur paroxysme avec le passage à tabac meurtrier de deux personnes non loin de l’itinéraire de la manifestation. Même si les autorités n’ont pas officiellement établi un lien entre ce meurtre et la marche homophobe, plusieurs médias locaux ont pointé la concomitance des deux événements. La France et son vote du "mariage pour tous" ont, eux, servi de prétexte et de nouvel exemple d’une société qui tomberait dans la "décadence". Une journaliste française a été d’ailleurs personnellement insultée et chahutée. Poids et paranoïa de la religion
Les fondamentalistes, extrêmement nombreux, sont l’un des principaux vecteurs de l’homophobie, via des prêches publics de groupes appartenant à l’Association des évangélistes haïtiens (AEH), dénonçant l’homosexualité. Ce défilé, fortement marqué par un argumentaire fondé sur les écrits de la Bible, montre le poids de la sphère religieuse. En Haïti, cette question suscite fantasmes et croyances populaires extrêmement ancrés dans l’imaginaire collectif. "Si vous êtes un homme et que vous avez le malheur de choisir une boisson considérée comme réservée à la gente féminine, on peut d’emblée soupçonner que vous êtes gay", raconte Ernest Junior Gaubert durant l’Europride, afin d’illustrer le quotidien des LGBT en Haïti. Le vice-président de Kouraj, qui lutte contre les discriminations et tente de faire de la prévention du VIH/sida auprès des gays, a pu décrire l’enfer vécu par les homos dans l’arc caribéen, très loin des standards européens. "Quand en France la communauté LGBT se bat pour que les personnes puissent se marier et adopter, nous essayons seulement de survivre dans un climat de haine", a-t-il pointé. Les associations LGBT comme Kouraj ou SEROvie se situent bien en amont de cette question du mariage. Pour Charlot Jeudy, président de l’association Kouraj, "une telle loi ne tombe pas du ciel" et suppose bien d’autres avancées préalables. Lui et son association souhaitent en premier lieu que les homosexuels puissent vivre librement et en sécurité en Haïti. On est alors bien loin de la supposée menace "d’institutionnalisation de l’homosexualité" que brandissent les protestants fondamentalistes. Cette levée de bouclier quasi-paranoïaque illustre l’immense chemin à parcourir en matière de protection des libertés individuelles et de lutte contre les crimes homophobes. "Cette marche n’aura pour conséquences que d’augmenter les violences contre les homos, d’alimenter la haine et d’endeuiller les familles", s’est ému Charlot Jeudy.
La valse hésitation des politiques A la suite de ces actes barbares, le bureau de la ministre déléguée chargée des Droits humains et de la lutte contre l’extrême pauvreté s’est fendu d’un communiqué, plus de 48 heures après les faits ! Au nom de l’administration de Michel Martelly (actuel président de la République d’Haïti, ndlr) et du gouvernement, ce bureau a présenté ses condoléances aux familles des deux victimes et promet une enquête "pour avoir des précisions sur les circonstances de la mort." Le ministère invite la population à faire preuve de plus de "sagesse et de tolérance", suite à ces "incidents malheureux". Il profite de cet appel au calme pour glisser en filigrane que cette violence est contre-productive, au moment où le pays a besoin de "l’énergie de tous ses citoyens pour mener de grandes et vraies batailles." En effet, le pays le plus pauvre du monde peine toujours à se relever du séisme de 2010 et à trouver une stabilité démocratique pérenne pour mener à bien les immenses chantiers sociaux qui se présentent.
Car la question dérange les politiques, qui se gardent bien de choisir un pied sur lequel danser. Malgré ce communiqué plutôt soutenant à l’égard des LGBT, aucune politique de lutte contre les discriminations n’est conduite dans le pays. Récemment, le Parlement a voté l’abrogation de la reconnaissance officielle du vaudou, seule obédience plutôt favorable à l’homosexualité. "En inscrivant dorénavant la pratique vaudou comme sectaire, l’Etat prive les gays et lesbiennes de l’un des rares soutiens existant en Haïti", déplore Ernest Gaubert Junior. Car ici, aucune personnalité politique ou artistique ne veut prendre le risque de s’afficher en faveur des droits humains. Peu après la manifestation, un député a affirmé que c’est l’artiste (par ailleurs député) Gracia Delva qui aurait poussé, en catimini, un tel projet. Devant l’effervescence médiatique, ce dernier a dû très vite faire savoir à "ses fans" qu’il ne "tolérait pas le mariage entre hommes ou entre femmes." Beaucoup de parlementaires sont croyants, voire pasteurs eux-mêmes et refusent l’idée même d’un débat. L’homophobie s’affiche fièrement parmi les 99 membres du Parlement. Homosexualité "à bannir" pour l’un, refus de "légaliser une telle dérive" pour un autre, il est de bon ton de réfuter une pratique "de culture non-haïtienne". La vision de l’homosexualité comme apport du colonialisme blanc reste puissante. Bien seul, Pierre Espérance estime lui que "la violence homophobe ne doit pas être tolérée". Le directeur du réseau national de défense des droits humains (RNDDH) ajoute que "les gens doivent cultiver la tolérance vis-à-vis de ceux qui n’ont pas la même orientation sexuelle".
De la difficulté de mobiliser
La chape de plomb est solide, et la sensibilisation sur ce sujet reste délicate. Pourtant, les organisations de défense des droits LGBT existent en Haïti. "Nous sommes seuls, sans moyen ni argent pour aborder les questions de sexualité et de prévention auprès de la population", regrette Ernest Gaubert Junior. Housing Works, une association américaine basée à Port-au-Prince, estime à 3,8 % la proportion de personnes séropositives en Haïti, soit une situation d’épidémie généralisée. Mobilisée sur la question du sida dans l’île, elle a dénoncé la "haine irresponsable de l’Eglise protestante haïtienne". Dans ce climat délétère, il est encore plus difficile de parler de sida. Pourtant, la prévalence du VIH, notamment chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes est très élevée. Ernest Gaubert Junior avance un taux de 18 %. Et il le dit lui-même : "Si on lutte contre l’homophobie et la stigmatisation des homosexuels, alors il sera possible de faire parler les gens de leur sexualité et pouvoir avoir un impact sur l’épidémie de VIH ". Dans ces conditions, l’ouverture du mariage aux homosexuels à laquelle prétendaient s’opposer les manifestants du 19 juillet dernier n’est pas la priorité. Et à Housing Works, qui collecte des fonds pour améliorer l’accès aux services médicaux sur l’île, d’appeler la CHO à, elle aussi, utiliser les deniers du culte pour "soulager la misère du peuple", et non pour "apporter la mort et détruire des êtres humains."
http://blogs.mediapart.fr/blog/mathieu-brancourt/280813/haiti-leglise-protestante-souffle-sur-les-braises-de-lhomophobie
En marge des manifestations homophobes, à l’appel de groupes évangélistes dans la capitale Port-au-Prince, deux personnes suspectées d’être homosexuelles ont été tuées. Cette violence caractérisée met en lumière le danger encouru lorsque l’on veut vivre sa différence. Dans un pays encore marqué par l’extrême pauvreté, les LGBT sont les premières victimes de la virulence de l’Eglise chrétienne protestante à l’encontre des lesbiennes et des gays haïtiens.
"Nous ne voulons pas que le pays devienne Sodome et Gomorrhe !". Le 19 juillet dernier, des milliers de personnes ont défilé à Port-au-Prince pour hurler leur rejet viscéral de l’amour homosexuel. Ces dernières ont voulu répondre à une rumeur persistante sur l’île, véhiculée par l’organisateur de ce rassemblement homophobe. La Coalition Haïtienne des Organisations religieuses et morales (CHO), composée majoritairement de représentants de l’Eglise chrétienne protestante allègue, haut et fort, qu’une menace pèserait sur la famille traditionnelle : un projet de légalisation du mariage entre personnes de même sexe serait prochainement présenté au Parlement. Une proposition de loi qui n’a pourtant jamais été officiellement déposée.
Un rassemblement haineux et violent
Parmi la foule, nombreux sont ceux qui, au-delà d’une hypothétique ouverture du mariage, assument un dégout profond envers les "Masisis" et les "Madivinez" (lesbiennes et gays en créole, ndlr). A travers slogans et pancartes, ces manifestants prétendent alerter du "danger" encouru par le pays si le pouvoir en place reconnaissait juridiquement les couples de même sexe. Comme le rapporte la journaliste du quotidien "Le Nouvelliste", ils estiment qu’ouvrir le droit au mariage aux gays et aux lesbiennes serait une "malédiction" pour le pays, pour laquelle Dieu ne manquerait pas de les punir. "Il y a pourtant des endroits de l’île où l’homosexualité est très bien acceptée, comme à Port-de-Paix ou à Cabaret. Mais à la capitale, le contexte est très violent et dangereux pour un homosexuel qui ne se cache pas", a expliqué Ernest Gaubert Junior, vice-président de l’association LGBT Kouraj, présent à Marseille en juillet dernier, pour l’Europride. Selon d’autres journalistes présents, la marche de Port-au-Prince fut marquée par des actes de violence gratuite envers des anonymes croisés sur le chemin et suspectés d’être homos. Des agressions ont eu lieu malgré une forte présence policière et ont atteint leur paroxysme avec le passage à tabac meurtrier de deux personnes non loin de l’itinéraire de la manifestation. Même si les autorités n’ont pas officiellement établi un lien entre ce meurtre et la marche homophobe, plusieurs médias locaux ont pointé la concomitance des deux événements. La France et son vote du "mariage pour tous" ont, eux, servi de prétexte et de nouvel exemple d’une société qui tomberait dans la "décadence". Une journaliste française a été d’ailleurs personnellement insultée et chahutée. Poids et paranoïa de la religion
Les fondamentalistes, extrêmement nombreux, sont l’un des principaux vecteurs de l’homophobie, via des prêches publics de groupes appartenant à l’Association des évangélistes haïtiens (AEH), dénonçant l’homosexualité. Ce défilé, fortement marqué par un argumentaire fondé sur les écrits de la Bible, montre le poids de la sphère religieuse. En Haïti, cette question suscite fantasmes et croyances populaires extrêmement ancrés dans l’imaginaire collectif. "Si vous êtes un homme et que vous avez le malheur de choisir une boisson considérée comme réservée à la gente féminine, on peut d’emblée soupçonner que vous êtes gay", raconte Ernest Junior Gaubert durant l’Europride, afin d’illustrer le quotidien des LGBT en Haïti. Le vice-président de Kouraj, qui lutte contre les discriminations et tente de faire de la prévention du VIH/sida auprès des gays, a pu décrire l’enfer vécu par les homos dans l’arc caribéen, très loin des standards européens. "Quand en France la communauté LGBT se bat pour que les personnes puissent se marier et adopter, nous essayons seulement de survivre dans un climat de haine", a-t-il pointé. Les associations LGBT comme Kouraj ou SEROvie se situent bien en amont de cette question du mariage. Pour Charlot Jeudy, président de l’association Kouraj, "une telle loi ne tombe pas du ciel" et suppose bien d’autres avancées préalables. Lui et son association souhaitent en premier lieu que les homosexuels puissent vivre librement et en sécurité en Haïti. On est alors bien loin de la supposée menace "d’institutionnalisation de l’homosexualité" que brandissent les protestants fondamentalistes. Cette levée de bouclier quasi-paranoïaque illustre l’immense chemin à parcourir en matière de protection des libertés individuelles et de lutte contre les crimes homophobes. "Cette marche n’aura pour conséquences que d’augmenter les violences contre les homos, d’alimenter la haine et d’endeuiller les familles", s’est ému Charlot Jeudy.
La valse hésitation des politiques A la suite de ces actes barbares, le bureau de la ministre déléguée chargée des Droits humains et de la lutte contre l’extrême pauvreté s’est fendu d’un communiqué, plus de 48 heures après les faits ! Au nom de l’administration de Michel Martelly (actuel président de la République d’Haïti, ndlr) et du gouvernement, ce bureau a présenté ses condoléances aux familles des deux victimes et promet une enquête "pour avoir des précisions sur les circonstances de la mort." Le ministère invite la population à faire preuve de plus de "sagesse et de tolérance", suite à ces "incidents malheureux". Il profite de cet appel au calme pour glisser en filigrane que cette violence est contre-productive, au moment où le pays a besoin de "l’énergie de tous ses citoyens pour mener de grandes et vraies batailles." En effet, le pays le plus pauvre du monde peine toujours à se relever du séisme de 2010 et à trouver une stabilité démocratique pérenne pour mener à bien les immenses chantiers sociaux qui se présentent.
Car la question dérange les politiques, qui se gardent bien de choisir un pied sur lequel danser. Malgré ce communiqué plutôt soutenant à l’égard des LGBT, aucune politique de lutte contre les discriminations n’est conduite dans le pays. Récemment, le Parlement a voté l’abrogation de la reconnaissance officielle du vaudou, seule obédience plutôt favorable à l’homosexualité. "En inscrivant dorénavant la pratique vaudou comme sectaire, l’Etat prive les gays et lesbiennes de l’un des rares soutiens existant en Haïti", déplore Ernest Gaubert Junior. Car ici, aucune personnalité politique ou artistique ne veut prendre le risque de s’afficher en faveur des droits humains. Peu après la manifestation, un député a affirmé que c’est l’artiste (par ailleurs député) Gracia Delva qui aurait poussé, en catimini, un tel projet. Devant l’effervescence médiatique, ce dernier a dû très vite faire savoir à "ses fans" qu’il ne "tolérait pas le mariage entre hommes ou entre femmes." Beaucoup de parlementaires sont croyants, voire pasteurs eux-mêmes et refusent l’idée même d’un débat. L’homophobie s’affiche fièrement parmi les 99 membres du Parlement. Homosexualité "à bannir" pour l’un, refus de "légaliser une telle dérive" pour un autre, il est de bon ton de réfuter une pratique "de culture non-haïtienne". La vision de l’homosexualité comme apport du colonialisme blanc reste puissante. Bien seul, Pierre Espérance estime lui que "la violence homophobe ne doit pas être tolérée". Le directeur du réseau national de défense des droits humains (RNDDH) ajoute que "les gens doivent cultiver la tolérance vis-à-vis de ceux qui n’ont pas la même orientation sexuelle".
De la difficulté de mobiliser
La chape de plomb est solide, et la sensibilisation sur ce sujet reste délicate. Pourtant, les organisations de défense des droits LGBT existent en Haïti. "Nous sommes seuls, sans moyen ni argent pour aborder les questions de sexualité et de prévention auprès de la population", regrette Ernest Gaubert Junior. Housing Works, une association américaine basée à Port-au-Prince, estime à 3,8 % la proportion de personnes séropositives en Haïti, soit une situation d’épidémie généralisée. Mobilisée sur la question du sida dans l’île, elle a dénoncé la "haine irresponsable de l’Eglise protestante haïtienne". Dans ce climat délétère, il est encore plus difficile de parler de sida. Pourtant, la prévalence du VIH, notamment chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes est très élevée. Ernest Gaubert Junior avance un taux de 18 %. Et il le dit lui-même : "Si on lutte contre l’homophobie et la stigmatisation des homosexuels, alors il sera possible de faire parler les gens de leur sexualité et pouvoir avoir un impact sur l’épidémie de VIH ". Dans ces conditions, l’ouverture du mariage aux homosexuels à laquelle prétendaient s’opposer les manifestants du 19 juillet dernier n’est pas la priorité. Et à Housing Works, qui collecte des fonds pour améliorer l’accès aux services médicaux sur l’île, d’appeler la CHO à, elle aussi, utiliser les deniers du culte pour "soulager la misère du peuple", et non pour "apporter la mort et détruire des êtres humains."
http://blogs.mediapart.fr/blog/mathieu-brancourt/280813/haiti-leglise-protestante-souffle-sur-les-braises-de-lhomophobie
REUNION DU CONSEIL DE SECURITE DE L'ONU AUTOUR DE LA QUESTION D'HAITI
Conseil de sécurité CS/11105 -------------------------------------------------------------------------------- Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York (br) Conseil de sécurité (br) 7024e séance – matin(br) CONSEIL DE SÉCURITÉ: PLUSIEURS ÉTATS SOULIGNENT LES PROGRÈS CONSIDÉRABLES ACCOMPLIS EN HAÏTI DEPUIS LE DÉPLOIEMENT DE LA MINUSTAH(br) Le délégué haïtien souhaite que soient envisagés tous les scénarios possibles de désengagement de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en Haïti(br) Si des progrès considérables ont été accomplis depuis le déploiement initial de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) en 2004, il reste encore beaucoup à faire dans le pays, ont constaté ce matin, à l’instar du Secrétaire général, dans son rapport, de nombreuses délégations à la table du Conseil de sécurité.(br) De son côté, le représentant d’Haïti a souligné la nécessité d’entamer et d’approfondir, entre « partenaires responsables », une réflexion sereine et sans à priori sur l’après-MINUSTAH. (br) Il serait souhaitable, a-t-il prévenu, que soient envisagés tous les scénarios possibles de désengagement de la Mission, afin « d’éviter la répétition de l’histoire ». Si la coopération entre Haïti et les Nations Unies a fait ses preuves, il faut cependant lui imprimer un nouvel élan et un nouveau dynamisme pour qu’elle soit davantage à la hauteur des impératifs de l’heure et plus en cohérence avec les priorités nationales d’Haïti, a-t-il préconisé.(br) Le représentant d’Haïti à cette réunion du Conseil de sécurité a, de même, indiqué que le 14 août dernier, le Chef de l’État haïtien, M. Michel Joseph Martelly, avait « solennellement invité » le Collège transitoire du Conseil électoral permanent d’Haïti à prendre toutes les dispositions nécessaires pour organiser les élections sénatoriales partielles et locales attendues en Haïti au plus tard en décembre 2013. La Chambre des députés, a-t-il précisé, a été saisie, hier, du projet de loi électorale devant régir la tenue de ces scrutins. (br) Cette mesure a été accueillie avec satisfaction par la Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti, Mme Sandra Honoré. Mme Honoré, qui est aussi Chef de la MINUSTAH, et qui présentait le rapport du Secrétaire général sur les activités de la Mission, a prévenu que si les dispositions de la loi électorale de 2009 venaient à être appliquées, et que si les élections sénatoriales ne se déroulaient pas d’ici à janvier 2014, le Sénat, et en conséquence tout le Parlement haïtien, risquaient d’être inopérants. (br) Dans son rapport, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, réaffirme son intention de continuer de consolider la présence de la MINUSTAH et recommande au Conseil de sécurité de proroger encore d’un an le mandat de la Mission, jusqu’au 15 octobre 2014.(br) M. Ban constate que, pendant la période considérée dans le rapport, qui va du 8 mars au 20 août 2013, « Haïti a fait de nets progrès dans l’établissement d’un Collège transitoire du Conseil électoral permanent et dans la mise en œuvre du programme des « 5 E » (emploi, éducation, environnement, énergie, état de droit) ».(br) Le rapport du Secrétaire général comporte également, en annexe, un bilan des avancées réalisées dans la mise en œuvre du plan de consolidation 2013-2016 de la MINUSTAH en vue d’atteindre les quatre indicateurs de stabilisation: renforcement des capacités de la Police nationale haïtienne; renforcement des capacités électorales en Haïti; état de droit et droits de l’homme; et progrès relatifs aux grandes questions de gouvernance.(br) Dans son premier exposé devant le Conseil de sécurité, Mme Honoré a notamment relevé que la situation sécuritaire était demeurée relativement calme dans le pays, avec un déclin des troubles civils et du nombre de crimes graves. En revanche, elle a signalé la naissance de manifestations plus politiquement motivées, liées aux revendications socioéconomiques et marquées par des messages antigouvernementaux, notamment en ce qui concerne l’impasse dans lequel se trouve le processus électoral.(br) Avec l’appui de la MINUSTAH, les performances de la Police nationale se sont nettement améliorées, a ajouté la Représentante spéciale, en précisant que le renforcement de cette Police constituait un critère essentiel de la stabilisation, d’autant plus que la MINUSTAH a commencé la consolidation de sa présence. (br) Au cours du débat qui a suivi, de nombreuses délégations ont observé que les progrès du processus démocratique en Haïti étaient susceptibles d’être entravés par l’instabilité politique et les conflits entre les branches du pouvoir.(br) Elles ont exprimé leur préoccupation face au report systématique des élections sénatoriales, municipales et locales à cause notamment des négociations prolongées entre les pouvoirs exécutif et législatif en vue de la création du Conseil électoral, ainsi que de l’adoption et de la promulgation de la loi électorale.(br) Les délégations ont engagé les responsables politiques haïtiens à rechercher, dans un esprit constructif, un consensus politique minimal qui permette la tenue des élections le plus tôt possible, d’autant que d’autres élections doivent avoir lieu à la fin de 2014 pour le renouvellement d’un autre tiers des sièges de députés et de sénateurs.(br) Le Ministre argentin de la défense, M. Agustín Rossi, qui présidait la séance a, pour sa part, fait part des préoccupations de son pays concernant la baisse de l’aide internationale accordée à Haïti et les failles rencontrées dans la fourniture de services de base, dont notamment l’eau potable. (br) Comme lui, plusieurs délégués se sont également inquiétés des violations graves de droits de l’homme commises dans le pays, en particulier contre les enfants, victimes de violences sexuelles. Au nom du Groupe des Amis d’Haïti, le représentant de l’Uruguay a insisté sur les défis humanitaires qu’Haïti doit encore relever et sur la nécessité de financer, comme il se doit, le plan national pour l’éradication du choléra. (br) LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI (br) Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (S/2013/493)(br) Dans ce rapport, le Secrétaire général rend compte des principaux faits intervenus entre le 8 mars 2013 et le 20 août 2013 en Haïti. S’agissant de la situation politique, il indique qu’Haïti a fait de nets progrès dans l’établissement d’un collège transitoire du Conseil électoral permanent et dans la mise en œuvre du programme des « 5 E » (emploi, éducation, environnement, énergie, état de droit). Mais le retard pris pour la tenue d’élections et la tension qui règne dans les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif ont risqué de mettre en péril les progrès accomplis sur la voie de la stabilisation, relève-t-il.(br) En partie pour dissiper ces inquiétudes, le Premier Ministre Laurent Lamothe a annoncé fin juin la création d’une équipe mixte Gouvernement-MINUSTAH-ONU chargée d’accélérer les préparatifs du scrutin. Sur fond de critiques grandissantes face aux retards enregistrés dans l’organisation des élections, les rapports entre le pouvoir exécutif et le Parlement sont restés tendus. Pendant ce temps, la présence de la MINUSTAH en Haïti est de plus en plus remise en cause par plusieurs responsables politiques et représentants de la société civile. Le 28 mai, le Sénat a adopté à l’unanimité une résolution non contraignante demandant le retrait progressif et en bon ordre de la MINUSTAH d’ici à mai 2014.(br) Le Président Martelly et le Premier Ministre se sont dits favorables à un retrait progressif de la Mission à mesure que les institutions nationales se doteraient de moyens renforcés. Un groupe de travail mixte Gouvernement-MINUSTAH a été créé en avril pour suivre le transfert progressif et ordonné des responsabilités au Gouvernement.(br) Le Secrétaire général explique les progrès accomplis en ce qui concerne le retrait et la reconfiguration de la Mission. Il indique que les composantes militaire et policière de la MINUSTAH ont réduit leurs effectifs et qu’au 30 juin 2013, 1 070 militaires avaient été rapatriés d’Haïti, laissant sur place un effectif total autorisé de 6 270 soldats. De même, la composante policière avait été réduite de 640 membres pour un effectif total autorisé de 2 601 membres, comprenant 50 agents pénitentiaires.(br) Vu que le programme de formation de la Police nationale se déroule comme prévu et que la situation sur le plan de la sécurité s’améliore progressivement, conformément au plan de consolidation de la MINUSTAH pour 2013-2016, le Secrétaire général recommande au Conseil de sécurité d’envisager de réduire encore l’effectif militaire autorisé de la Mission de 6 270 à 5 021 soldats par le retrait d’un nombre équilibré de 1 249 militaires de l’infanterie et du génie avant le mois de juin 2014. Cette réduction de 15% des effectifs du personnel en uniforme coïnciderait avec le calendrier de la relève et pourrait être reportée si les élections trop longtemps différées devaient finalement se dérouler. (br) Le Secrétaire général rappelle que le 28 juin 2013, l’Assemblée générale a ouvert un crédit d’un montant de 609 187 500 dollars aux fins du fonctionnement de la MINUSTAH pour l’exercice allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014. Si le Conseil de sécurité décidait de proroger le mandat de la MINUSTAH au-delà du 15 octobre 2013, le coût de son fonctionnement serait limité aux montants approuvés par l’Assemblée.(br) Le Secrétaire général prévient qu’il reste encore beaucoup à faire en Haïti, mais admet que des progrès considérables ont été accomplis dans la stabilisation d’Haïti depuis le déploiement initial de la MINUSTAH en 2004. Étant donné les succès remportés récemment et l’évolution des défis à relever, il importe de poursuivre la reconfiguration de la MINUSTAH, préconise-t-il. Neuf ans après le déploiement initial de la MINUSTAH, il faut examiner si une vaste opération pluridimensionnelle de maintien de la paix reste le moyen le plus approprié d’appuyer la stabilisation en Haïti. (br) Le Secrétaire général entend étudier avec le Gouvernement haïtien et les États Membres la meilleure manière, pour l’ONU, de favoriser la stabilité et le développement du pays. Il s’agira d’envisager de remplacer la MINUSTAH par une mission d’assistance de taille plus restreinte et plus ciblée d’ici à 2016. En attendant, il recommande que le Conseil de sécurité proroge encore d’un an le mandat de la Mission, jusqu’au 15 octobre 2014.(br) Déclarations Aujourd’hui, en présentant le rapport du Secrétaire général, Mme SANDRA HONORË, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti, a indiqué que la situation sécuritaire y est demeurée relativement calme, avec un déclin des troubles civils et du nombre de crimes graves. En revanche, elle a signalé la naissance de manifestations plus politiquement motivées, liées aux revendications socioéconomiques et marquées par des messages antigouvernementaux, s’agissant en particulier de l’impasse du processus électoral.(br) Avec l’appui de la MINUSTAH, les performances de la Police nationale se sont nettement améliorées, a indiqué la Représentante spéciale, en prévenant que le renforcement de cette Police demeure un critère essentiel de la stabilisation, d’autant plus que la MINUSTAH a commencé la consolidation de sa présence. (br) Revenant au processus électoral, Mme Honoré a accueilli avec satisfaction le fait que le Président Michel Martelly ait finalement soumis au Parlement le projet de loi électorale. Elle a prévenu que si les dispositions de la loi électorale de 2009 venaient à être appliquées, et que si les élections sénatoriales ne se déroulent pas d’ici à janvier 2014, le Sénat, et en conséquence tout le Parlement, risquent d’être inopérants. (br) Dans ce cas, a-t-elle averti, on ne peut exclure une possible mobilisation des forces de l’opposition et de la société civile qui pourrait déstabiliser la situation politique et sécuritaire en Haïti. Dans ce climat actuel de polarisation, marqué, entre autres par la mort d’un juge et le lancement d’une série de mandats d’arrêt contre des personnes liées à l’enquête sur les faits de corruption imputés au Premier Ministre et à d’autres responsables du Gouvernement, la Représentante spéciale a dit avoir encouragé le dialogue et approché le corps diplomatique présent en Haïti pour qu’il déploie tous les efforts possibles afin de garantir la continuité des institutions du pays, en particulier celle du Parlement, au-delà de janvier 2014. (br) La MINUSTAH, a-t-elle souligné, a continué ses efforts de bons offices sur la promotion du dialogue entre les différentes parties prenantes pour surmonter l’impasse dans laquelle se trouve le processus électoral. Les relations tendues entre les pouvoirs exécutif et législatif, a-t-elle insisté, ont empêché l’adoption d’un agenda législatif consensuel. Cette situation a aussi empêché les progrès qui devraient être faits dans des réformes cruciales comme les lois sur le blanchiment d’argent et le financement des partis politiques, ou encore la révision du Code pénal et du Code de procédure pénale. (br) La MINUSTAH poursuit son travail afin de convaincre ses interlocuteurs nationaux qu’un consensus politique minimal qui permette la tenue des élections le plus tôt possible, ainsi qu’un accord portant sur la continuité des institutions, sont dans leur meilleur intérêt. (br) M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a indiqué que son pays réaffirmait son appui au plan de consolidation 2013-2016 de la MINUSTAH, qui est fondé sur les résultats présentés par le Secrétaire général dans son rapport, ceci à condition que la Mission maintienne une solide capacité de réaction.(br) Les élections prévues en Haïti doivent se tenir le plus rapidement possible, et être crédibles, justes et inclusives, a-t-il également déclaré. Il a prié instamment les dirigeants politiques haïtiens de présenter une nouvelle loi électorale conforme à la Constitution du pays. La stabilité politique nécessite que règne la sécurité, et les progrès enregistrés en ce domaine, ainsi que les efforts de renforcement de la Police nationale sont cruciaux, a-t-il poursuivi.(br) Le représentant s’est également félicité de la création du mécanisme de coordination du groupe de travail sur l’état de droit, qui a été mis en place le 6 août 2013 afin de suivre la mise en œuvre des priorités relatives à l’instauration de l’état de droit énoncées dans le plan de consolidation de la MINUSTAH.(br) Le bien-être et la santé du peuple haïtien sont importants pour les États-Unis, a-t-il ajouté, notant que son pays continuait d’appuyer les efforts du Gouvernement haïtien pour prévenir le choléra. Prônant la tolérance zéro pour les auteurs de violences et d’abus sexuels, le représentant des États-Unis a lancé un appel pour que les efforts en vue d’empêcher que des soldats de la paix commettent ce genre de crime soient encouragés et soutenus.(br) M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a constaté, à l’instar du rapport du Secrétaire général, que les progrès enregistrés en Haïti depuis le premier déploiement de la MINUSTAH ont été considérables. Il a notamment évoqué l’accroissement de la responsabilité incombant aux forces de police et l’amélioration de la situation sécuritaire du pays. Il a ensuite appelé l’ensemble des acteurs politiques du pays à s’engager dans un « dialogue constructif » pour préserver les avancées réalisées et atteindre un consensus politique sur la tenue d’élections le plus rapidement possible. Le représentant a également estimé nécessaire de rendre Haïti plus attractif pour les investissements afin d’y améliorer la promotion du développement.(br) M. … a par ailleurs exprimé la préoccupation de sa délégation face aux lenteurs rencontrées en ce qui concerne l’amélioration de la situation des personnes déplacées par le tremblement de terre de 2010. Il a indiqué que l’Azerbaïdjan appuyait le prolongement, pour une durée d’un an, du mandat de la MINUSTAH.(br> M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a estimé que la priorité va « certainement » à la tenue dans les meilleurs délais d’élections libres, régulières, crédibles et ouvertes à tous. Le blocage entre les pouvoirs exécutif et législatif ne saurait persister, a-t-il insisté. Il a fustigé le fait que l’état de droit n’avance que lentement et que le système de la justice manque d’indépendance par rapport au pouvoir politique. S’il s’est félicité du renforcement de la Police, il a voulu qu’il aille de pair avec sa professionnalisation. Il s’est en effet inquiété des cas de recours excessif à la force. Après avoir promis que son pays reste engagé à aider Haïti à surmonter les défis liés à la situation humanitaire et à la reconstruction du pays, le représentant a salué les réflexions en cours sur la reconfiguration de la MINUSTAH à moyen terme et en attendant leurs conclusions, il s’est dit favorable au renouvellement du mandat de la Mission pour un an.(br) Mme PHILIPPA JANE KING (Australie) a déclaré que sa délégation était préoccupée par les retards qui s’accumulent dans la préparation des élections prévues en Haïti. Il est essentiel pour la stabilité d’Haïti que des élections justes et équitables aient lieu sans tarder, a-t-elle dit, demandant à ce que la MINUSTAH apporte l’aide nécessaire à ce processus.(br) De même, a-t-elle estimé, une meilleure intégration d’Haïti dans la région des Caraïbes serait utile pour le développement économique du pays. Elle a ainsi rappelé qu’Haïti avait présidé pendant six mois la Communauté des Caraïbes (CARICOM).(br) La représentante a ajouté que l’Australie soutenait la recommandation du Secrétaire général, contenue dans son rapport, en faveur d’une réduction de la composante militaire de la MINUSTAH. Elle s’est par ailleurs déclarée préoccupée par les violations des droits de l’homme commises en Haïti, en particulier contre les enfants, et par les violences homophobes. (br) M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) s’est félicité des efforts consentis par le Gouvernement haïtien, notamment en matière de renforcement de la Police, de développement et de bonne gouvernance. Il a souligné la nécessité d’organiser des élections sénatoriales et municipales dans les plus brefs délais et a salué, à ce titre, la présentation, hier d’une nouvelle loi électorale par le Gouvernement Martelly.(br) Le représentant s’est ensuite félicité du fait que l’action collective de la MINUSTAH et de la Police nationale haïtienne commence à porter ses fruits. Il a noté que cela avait résulté en une nette amélioration de la situation sécuritaire dans le pays, se félicitant notamment du fait que les actes criminels et les actes d’enlèvements avaient chuté de 50% par rapport à 2012. Le représentant du Maroc s’est en revanche préoccupé du sort des nombreuses personnes qui continuent de vivre dans des camps de déplacés et où, s’est-il inquiété, les conditions sanitaires laissent à désirer. Le représentant a estimé nécessaire d’encourager les efforts déployés par le Gouvernement haïtien pour attirer des investissements étrangers, notamment au vu du recul du montant d’aide alloué à Haïti. Il a ensuite appelé les acteurs politiques haïtiens à mettre l’intérêt du pays au-dessus des intérêts partisans.(br) M. MASOOD KHAN (Pakistan) a affirmé que la paix et le progrès constituaient un objectif à atteindre pour la communauté internationale, le Conseil de sécurité et le peuple haïtien. Un pays nouveau émerge des différentes tragédies qu’a connues Haïti, a-t-il dit, se félicitant des progrès accomplis, même si des défis subsistent encore. Les différends entre l’exécutif et le Parlement haïtiens devraient être dissipés sans tarder, afin de faciliter le processus électoral, a-t-il préconisé. Le Gouvernement haïtien et la MINUSTAH devaient œuvrer de concert pour attendre les indicateurs de stabilisation, a-t-il ajouté.(br) Le pays a besoin d’un secteur de la sécurité solide, a ajouté le représentant pakistanais tout en indiquant que sa délégation appuyait les efforts de renforcement de la Police nationale haïtienne. Tous les indicateurs montrent que le pays se rapproche de la stabilité politique et du développement économique, a par ailleurs expliqué le délégué, estimant que la MINUSTAH était un succès. Les efforts déployés doivent se poursuivre, a-t-il souligné, plaidant pour un transfert progressif et en bon ordre des responsabilités assumées par la Mission aux autorités et aux institutions locales.(br) M. MANZI LAWRENCE (Rwanda) s’est félicité du processus de reconstruction en cours dans différents secteurs économiques d’Haïti, pour ensuite saluer la mise en œuvre du plan de consolidation dans le domaine de la sécurité. Il a appelé les différentes parties prenantes à élaborer une stratégie de développement commune pour Haïti. Il a aussi appelé à la conclusion du processus électoral, de manière à renforcer la démocratie dans le pays.(br) Le représentant rwandais s’est par ailleurs préoccupé des effets dévastateurs de l’épidémie de choléra dans le pays et a appelé l’ONU à continuer de fournir les ressources nécessaires pour traiter et éradiquer cette maladie. Il a aussi appelé la communauté internationale à investir davantage dans le projet de lutte contre les effets des tremblements de terre en Haïti et ailleurs.(br) M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) s’est notamment félicité du transfert de responsabilités de la MINUSTAH à la Police nationale haïtienne dans certaines régions du pays, souhaitant à cet égard que les progrès se poursuivent en matière de formation. En dépit des progrès réalisés, le délégué britannique s’est dit préoccupé de constater que les obstacles qui se posent dans le processus politique entravaient la stabilité et le développement économique d’Haïti, faisant état en particulier des retards pris dans la préparation des élections. Il a ainsi plaidé en faveur de l’organisation, au plus vite, d’élections justes et crédibles.(br) D’autres efforts sont nécessaires pour renforcer les capacités institutionnelles et opérationnelles, a-t-il dit. Pour que la Police nationale haïtienne soit efficace, il faut réformer le secteur judiciaire, a-t-il observé, soulignant la nécessité de reconfigurer les effectifs de police. Selon le représentant, tout changement important du mandat ou de la structure de la MINUSTAH doit s’appuyer sur des signes solides montrant que le Gouvernement d’Haïti enregistre des résultats positifs et accrus dans ses actions.(br) M. KODJO MENAN (Togo) a regretté que l’organisation des élections sénatoriales, législatives et locales haïtiennes tarde à se concrétiser. Il est crucial, a-t-il souligné, que ces élections se tiennent cette année afin de garantir la stabilité politique, de prévenir le dysfonctionnement des institutions républicaines et de porter à la tête de l’État des élus légitimes. M. Menan s’est en revanche félicité du calme et de la stabilité qui règnent globalement dans le pays. Il a constaté que cette amélioration avait été rendue possible par les efforts déployés pour renforcer, former et équiper le personnel de police et a ensuite exhorté les autorités haïtiennes à poursuivre l’expansion des forces de police dans tout le pays.(br) Passant à la situation humanitaire en Haïti, le représentant a constaté que le besoins d’assistance y demeurent « immenses », s’inquiétant notamment du fait que le retrait progressif des organismes humanitaires rend encore plus précaire les conditions de vies dans les camps de déplacés. Il s’est également préoccupé de l’aggravation des cas de famine et de malnutrition, ainsi que de la persistance de cas de choléra. Il a appelé à ce que des mesures appropriées soient prises pour endiguer l’épidémie, notamment dans le domaine du traitement de l’eau et de l’assainissement. Évoquant ensuite la restructuration annoncée de la MINUSTAH, M. Menan a exhorté les autorités haïtiennes à continuer de prendre en main le processus de relèvement et de développement de leur pays.(br) M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) s’est félicité des signes de stabilisation observés dans le pays, les autorités haïtiennes ayant déployé beaucoup d’efforts pour mettre en œuvre les programmes du Gouvernement. Il a dit que la Fédération de Russie approuve les conclusions du Secrétaire général en faveur d’un retrait progressif de la MINUSTAH. La Fédération de Russie appuie la MINUSTAH dans les efforts de mise en œuvre de la légitimité et de l’état de droit et de renforcement de la sécurité de façon à ce qu’Haïti puisse ensuite se prendre en mains dans ces domaines. (br) Le délégué russe a regretté que, malgré l’aide internationale, le choléra n’ait pu être éradiqué dans le pays. Dans le domaine humanitaire, les autorités haïtiennes, avec le soutien des Nations Unies, ont des tâches difficiles à accomplir, a-t-il estimé, rappelant que le rôle de chef de file revenait au Gouvernement d’Haïti, lequel doit coordonner les efforts en ce sens. (br) M. SUL KYUN-HOON (République de Corée) s’est félicité des progrès réalisés en matière de renforcement des capacités de police en Haïti. Il a constaté que l’appui international demeure nécessaire pour achever cette tâche. Il s’est inquiété de l’impasse dans laquelle se trouve l’organisation des élections sénatoriales, ce qui crée un vide institutionnel en Haïti. Il a appelé les dirigeants politiques à faire preuve de compromis.(br) Le représentant s’est félicité de la création d’une commission interministérielle des droits de l’homme, mais a estimé que la situation sur le terrain demeure préoccupante. Il s’est notamment inquiété du nombre d’actes de violences sexuelles et sexistes commis dans le pays et du fait que nombre de mineurs sont victimes de violences sexuelles. Le représentant a ensuite salué le plan de consolidation de la MINUSTAH mais a toutefois estimé que les ajustements doivent se faire « en toute prudence » et en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain.(br) M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) s’est impatienté face à la lenteur du processus électoral. Il a dénoncé « un retard de près de 18 mois à la suite duquel aucun calendrier précis n’est à portée de vue ». Cette situation est extrêmement troublante et d’autant plus troublante qu’elle est liée aux aspects fondamentaux du système constitutionnel haïtien, a-t-il souligné. Préserver l’intégrité du processus électoral est crucial pour la légitimité du Gouvernement, la stabilité du pays et le développement de la société, a-t-il insisté. Le représentant a aussi jugé nécessaire de définir un Pacte de gouvernance qui renforce un climat favorable à une mise en œuvre transparente, démocratique et participative des politiques publiques. Sans un véritable accord entre Haïtiens, il est difficile d’imaginer que l’impasse politique actuelle sera surmontée, a-t-il insisté. A(br) près avoir jugé que la professionnalisation de la Police nationale haïtienne restera vaine sans le renforcement du système judiciaire, le représentant a estimé que le prochain renouvellement du mandat de la MINUSTAH sera l’occasion propice d’analyser soigneusement les priorités. Il a insisté pour que la mise en œuvre du plan de consolidation reste souple et adaptée aux réalités sur le terrain. Le retrait de la Mission doit se faire de manière « responsable » pour s’assurer qu’aucune mission n’aura plus jamais à être déployée en Haïti, a-t-il souligné. Les problèmes d’instabilité, a estimé le représentant, n’appellent pas seulement des solutions militaires. Il faut en rechercher les causes profondes, car la dimension socioéconomique ne peut être ignorée. M. Rosent al a appuyé le Cadre de coordination pour l’aide extérieure chapeauté par le Ministère du plan et de la coopération internationale. Il a conclu en attirant l’attention du Conseil de sécurité sur la prochaine saison des ouragans qui exige que l’on accorde l’attention voulue au Plan humanitaire 2013, car, au mois de juin dernier, seuls 28% des fonds avaient été reçus. Il a aussi jugé important de financer l’initiative du Secrétaire général sur l’éradication du choléra.(br) (br) M. LIU JIEYI (Chine) a déclaré que des progrès avaient été réalisés en Haïti, le Gouvernement n’ayant pas ménagé ses efforts pour mettre en œuvre des politiques appropriées à la situation du pays. Des défis subsistent dans le processus politique, le développement économique et le domaine humanitaire, a-t-il noté. (br) De même, il est important, a-t-il estimé, de consolider la stabilisation démocratique en Haïti. Il faut aussi régler les différends entre partis politiques et parvenir à un consensus sur les élections et promouvoir un consensus et la réconciliation, a recommandé le représentant. Il a demandé à la communauté internationale de respecter ses engagements en matière de contributions au relèvement d’Haïti et de participer à la reconstruction du pays. (br) Mme BÉATRICE LE FRAPER DU HELLEN (France) a tenu à souligner que la démocratie se nourrit d’élections libres, inclusives, crédibles et fondées sur un calendrier clair et stable. Leur régularité, a insisté la représentante, est la marque de santé d’une démocratie. Or, a-t-elle regretté, les élections locales et législatives ont été trop longtemps reportées, en Haïti, alors que d’autres échéances électorales se profilent déjà. Il est essentiel, a-t-elle souligné, qu’elles puissent se tenir rapidement. Se félicitant ensuite des informations relatives au renforcement de la Police nationale haïtienne, la représentante s’est inquiétée des difficultés qui compromettent la réalisation des objectifs du plan national de développement de la police, qui prévoit l’’accroissement des effectifs de la force de 10 000 à 15 000 policiers d’ici à 2016. Elle a appelé la MINUSTAH à rester engagée dans cet effort collectif de contribution au maintien de l’ordre public tout en veillant à l’appropriation nationale de l’instrument « majeur » de l’état de droit que représente une police professionnelle. À ce propos, la représentante s’est dite troublée par la persistance d’élément mettant en cause l’indépendance et le bon fonctionnement de la justice haïtienne. Elle a indiqué que sa délégation soutenait la recommandation de renouveler le mandat de la Mission, qui devra poursuivre la réduction de ses effectifs de 15%, et engager une réflexion sur l’après-2016.(br) M. AGUSTÍN ROSSI, Ministre de la défense de l’Argentine, a passé en revu différentes initiatives lancées par son gouvernement pour appuyer Haïti, évoquant notamment l’existence d’un programme pour la promotion des cultures maraîchères, ainsi que la rénovation et l’élargissement, dans le sud d’Haïti, d’un hôpital communautaire qui porte dorénavant le nom de Nestor Kirchner. Il s’est ensuite félicité de la décision prise hier, par le Président Martelly, d’envoyer au Parlement un calendrier électoral(br) Le Ministre argentin a ensuite fait part de ses préoccupations au sujet de la baisse de l’aide internationale accordée à Haïti et des failles rencontrées dans la fourniture de services de base, d’eau potable notamment. Il s’est aussi inquiété des violations graves de droits de l’homme qui sont commises dans le pays. M. Rossi s’est en revanche félicité de la baisse notable du nombre d’actes criminels commis dans le pays. Il a aussi insisté sur l’importance de faire preuve de prudence lors du recrutement de civils au sein des forces de sécurité.(br) Le Ministre a ensuite appelé à ce que le transfert des responsabilités de la MINUSTAH aux institutions haïtiennes se fasse de manière progressive, tout en faisant savoir que son gouvernement appuierait un éventuel maintien de la présence de la MINUSTAH « dès lors que les autorités haïtiennes la réclameraient ». M. Rossi a ensuite rappelé que plus de 2 000 Casques bleus argentins ont été déployés en Haïti depuis la création de la MINUSTAH et que l’hôpital de campagne dont dispose cette dernière lui a été offert par l’Argentine. Le Ministre a ensuite fait part de l’engagement de son gouvernement à participer à l’épanouissement d’Haïti. Il a ensuite lu, en guise de conclusion, un court extrait du célèbre discours de Martin Luther King « I have a dream ».(br) M. DENIS RÉGIS (Haïti) a souligné que le 14 août dernier, le Président Martelly a invité « solennellement » le Collège transitoire du Conseil électoral permanent d’Haïti à prendre toutes les dispositions nécessaires pour organiser les élections sénatoriales partielles et locales au plus tard en décembre 2013. Il a aussi rappelé que la Chambre des députés a été saisie, le 27 août dernier, du projet de loi électorale devant régir ces élections. Le représentant est ensuite revenu sur « la faute morale » que constitue l’introduction, en octobre 2010, de l’épidémie du choléra en Haïti, un fléau qui avait pourtant été éradiqué du pays depuis plus d’un siècle.(br) Il a ensuite souligné la nécessité d’entamer et d’approfondir, entre « partenaires responsables » une réflexion sereine et sans à priori sur l’après-MINUSTAH, car, a-t-il aussi rappelé, des voix s’élèvent dans de nombreux pays pour remettre en cause la présence de la Mission. Il serait souhaitable, a-t-il prévenu, que soient envisagés tous les scénarios possibles de désengagement de la Mission, afin « d’éviter la répétition de l’histoire ». Il est temps, a insisté le représentant, d’œuvrer à l’élargissement et à la redéfinition, « manifestement nécessaires », des liens « historiques et singuliers » entre Haïti et les Nations Unies. Si la coopération entre les deux parties a fait ses preuves, il faut lui imprimer un nouvel élan et un nouveau dynamisme pour qu’elle soit davantage à la hauteur des impératifs de l’heure et plus en cohérence avec les priorités nationales d’Haïti, a-t-il préconisé. (br) Le représentant a insisté sur les efforts déployés par son gouvernement depuis le 14 mai 2011, lesquels visent le renforcement des institutions démocratiques et le maintien de la stabilité politique, tout en s’attaquant à la reconstruction « avec de très maigres ressources » et en continuant de faire face aux grandes difficultés rencontrées par Haïti après les catastrophes naturelles comme les ouragans Sandy et Isaac. S’agissant de l’état de droit, il a souligné les « énormes progrès » accomplis et la dépolitisation progressive de la justice. Dans le budget de cette année, a-t-il précisé, le Gouvernement d’Haïti a alloué 75% des 10,3 milliards de gourdes au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et non au Ministère de la justice, afin de continuer à renforcer l’indépendance de la justice. Pour la première fois en 13 ans, a-t-il dit, un juge a pu questionner un ancien sénateur, un ancien Premier Ministre, et deux anciens Présidents haïtiens dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du journaliste Jean Dominique. (br) Le Gouvernement Martelly, a-t-il poursuivi, a hérité d’une machine électorale partisane rejetée par la population. Le Gouvernement, a-t-il promis, veut institutionnaliser le système électoral une fois pour toutes et organiser des élections sénatoriales et municipales libres, honnêtes et démocratiques. Aujourd’hui, la loi électorale attend le vote des deux chambres. Entre temps, l’exécutif attend que le Conseil électoral fasse le bilan d’un travail de quatre mois. Le Gouvernement continue d’apporter tout son appui à l’organisation d’élections devant élire 20 sénateurs et 140 maires, et il fait de même pour la tenue des élections locales. Le Président de la République d’Haïti, a encore dit le représentant, a lancé la semaine dernière un appel au dialogue autour des élections et de l’organisation, du renforcement et du financement des partis politiques. (br) Face aux défis humanitaires et socioéconomiques qui se posent en Haïti, M. Régis a dit qu’Haïti comptait sur une coopération plus efficace, soulignant qu’à l’heure actuelle le Gouvernement ne reçoit que 3% de l’aide extérieure, le reste allant aux ONG étrangères. Il a conclu son intervention en réitérant le fait que la MINUSTAH continue d’être un sujet de débat au sein d’une population qui souhaite « la reconquête par Haïti de sa souveraineté nationale ». Le Gouvernement apprécie donc le plan et la stratégie de diminution des troupes et effectifs de la Mission et souhaite renforcer la coopération pour augmenter les capacités haïtiennes de sécurité. (br) Au nom du Groupe des Amis d’Haïti, M. JOSE LUIS CANCELA (Uruguay) a insisté sur les défis humanitaires qu’Haïti doit encore relever et sur la nécessité de financer, comme il se doit, le plan national pour l’éradication du choléra. Sur le plan politique, le représentant a regretté les retards accumulés dans le processus électoral et a appelé le Gouvernement haïtien et tous les acteurs concernés à redoubler d’efforts pour que les élections aient lieu en 2013. Le représentant a tenu à souligner le lien entre sécurité, développement et stabilité. Il a pointé le doigt sur la nécessité de trouver des solutions aux problèmes liés au chômage, à l’éducation, aux services sociaux de base et à l’autonomisation des femmes. (br) Mais, a-t-il prévenu, il ne peut y avoir de vraie stabilité ni de véritable développement durable, sans le renforcement des institutions démocratiques et sans un processus démocratique crédible. Il a donc souligné l’importance de promouvoir l’état de droit par le renforcement des institutions, dont un système judiciaire indépendant. Il a exprimé l’intention du Groupe des Amis d’Haïti d’examiner avec soin les recommandations du Secrétaire général pour permettre à la Mission d’assumer ses responsabilités et de consolider sa présence.(br) Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a indiqué que son gouvernement continue de coopérer avec les autorités haïtiennes pour trouver des partenaires désireux de compléter les 40 millions de dollars donnés par le Brésil pour la construction de la centrale hydroélectrique dur l’Artibonite, ce qui, a-t-elle affirmé, permettrait de réellement transformer le pays. Elle a ensuite appelé les parties politiques à prendre part à un véritable dialogue politique afin d’appuyer la consolidation démocratique et le renforcement des institutions, entre autres. Elle a aussi appelé à la tenue, cette année, d’élections législatives et locales sans quoi, a-t-elle averti, la branche législative du Gouvernement risque de voir son rôle gravement limité.(br) La représentante s’est en revanche félicitée des progrès réalisés en matière d’amélioration de la situation sécuritaire et a estimé que la Police nationale doit pleinement intégrer dans son fonctionnement les meilleures pratiques et les enseignements tirés par la MINUSTAH. Elle a appuyé la proposition de réduction des effectifs de la MINUSTAH. Elle a toutefois estimé que la réduction de la présence militaire de la MINUSTAH doit aller de pair avec une augmentation de l’aide au développement pourvue à Haïti. Trop souvent, a-t-elle déploré, le départ des troupes provoque le départ des acteurs humanitaires et de développement. Nous ne pouvons permettre à cette grave erreur de se produire en Haïti, a-t-elle insisté. Mme Dunlop s’est par ailleurs félicitée du succès rencontrés par les bureaux d’aide juridique qui ont été mis sur pied dans le cadre des projets de réduction de la violence communautaire.(br) M. JORGE MONTAÑO (Mexique) s’est félicité de la volonté affichée par le Gouvernement haïtien en faveur de la consolidation démocratique et de la dynamisation du développement économique du pays. Il a mis l’accent sur la nécessité pour le Gouvernement de redoubler d’efforts pour que ses initiatives aient des retombées positives et tangibles pour la société haïtienne. Il a exprimé la préoccupation qu’éprouve le Mexique face au report éventuel des élections qui, a-t-il dit, pourrait entraver les progrès réalisés jusqu’ici.(br) La présence de l’ONU en Haïti a des incidences positives sur les stratégies destinées à promouvoir le développement économique, et sur la promotion de projets à moyen et long termes pour répondre notamment aux besoins alimentaires et en matière de santé et d’infrastructures de base, a estimé M. Montaño. Il a également mis l’accent sur l’importance du lien entre sécurité, développement et droits de l’homme. M. Montaño a estimé que la présence durable en Haïti de la MINUSTAH était fondamentale pour consolider les progrès obtenus et épauler le Gouvernement haïtien. (br) M. IOANNIS VRAILAS, Chef adjoint de la délégation de l’Union européenne, s’est dit préoccupé par les retards dans le processus électoral en Haïti, avant de rappeler que l’Union européenne contribue à hauteur de quatre millions d’euros au fonds commun géré par le PNUD pour l’organisation du prochain scrutin et qu’elle a débloqué deux millions d’euros supplémentaires pour soutenir le renforcement des capacités du futur Conseil électoral permanent d’Haïti. Après s’être également préoccupé des retards survenus dans la réforme de la justice, le représentant s’est en revanche félicité des résultats positifs obtenus par la MINUSTAH dans plusieurs domaines couverts par son mandat.(br) M. Vrailas s’est aussi félicité de la diminution progressive du nombre de personnes déplacées, mais s’est dit préoccupé par le sort de milliers de familles vulnérables face aux expulsions forcées. L’Union européenne, a-t-il dit, continue à fournir une aide humanitaire indispensable aux personnes déplacées et aux victimes de catastrophes naturelles, tout en soutenant une réinstallation dans des conditions dignes. L’Union européenne continue également à soutenir la lutte contre le choléra, devenu endémique. L’Union européenne, a annoncé le représentant, est en train de programmer sa coopération avec Haïti pour la période 2014-2020. Le pays devrait recevoir une aide au moins égale à celle qui lui a été octroyée au cours de la période précédente. L’Union européenne prévoit aussi de soutenir le programme de réforme de l’administration publique haïtienne et annonce que l’instauration de l’état de droit et la promotion de la sécurité alimentaire devraient aussi faire l’objet d’une assistance. Des négociations avec le Gouvernement haïtien sur les secteurs d’intervention auront lieu cet automne, a indiqué M. Vrailas. (br) M. KAZUYOSHI UMEMOTO (Japon) a indiqué que pour répondre aux besoins importants d’Haïti, le Gouvernement japonais a déjà débloqué plus de 150 millions de dollars, dépassant ainsi les 100 millions de dollars promis à la Conférence de New York en 2010. Le Japon, a aussi rappelé le représentant, a fait don au Gouvernement haïtien des équipements de son unité de génie qui vient de quitter Haïti. Il a ainsi contribué au renforcement des capacités humaines dans la gestion des débris et continuera à fournir un appui à Haïti pour le rétablissement des services sociaux de base. Comme l’a montré le tremblement de terre qui l’a affecté en mars 2011, le Japon est aussi un pays frappé par des catastrophes naturelles. Il a donc la ferme intention de continuer à collaborer avec Haïti, a conclu le représentant. (br) M. GUILLERMO RISHCHYNSKI (Canada) a tenu à rappeler que depuis 2006, son pays a fourni à Haïti une aide financière de plus d’un milliard de dollars, en contribuant ainsi au développement de secteurs définis comme prioritaires par les Haïtiens eux-mêmes, ce qui s’inscrit dans les engagements pris par le Canada dans le cadre de l’Initiative de Muskoka. Après avoir rappelé que le Canada a également fourni une aide humanitaire importante après le tremblement de terre de 2010, répondu à l’Appel global de 2013 en faveur d’Haïti, et participé à la réforme en cours du secteur de la sécurité, le représentant a souligné qu’Haïti reste pour le Canada une priorité dans les Amériques. Il a indiqué que le nouveau Ministre canadien du développement international a choisi Haïti comme première visite officielle. Il s’est félicité de ce qu’Haïti ait fait du développement économique à grande échelle, notamment par le commerce et les investissements, sa priorité. ´ (br) Le représentant s’est donc inquiété de ce que les élections sénatoriales, municipales et locales n’aient pas encore eu lieu. Il a jugé crucial que l’ensemble de la classe politique haïtienne mette tout en œuvre pour organiser des élections libres et transparentes le plus rapidement possible. Il serait fâcheux, a-t-il prévenu, qu’Haïti entre dans une nouvelle phase d’instabilité politique et institutionnelle susceptible de saper le développement et les progrès accomplis jusqu’ici. S’agissant de l’évolution de la MINUSTAH, le représentant a jugé important de ne pas sacrifier les progrès accomplis sur le plan de la sécurité. Les décisions prises en ce qui concerne le statut de la Mission doivent se fonder sur la situation sur le terrain et la capacité de l’État haïtien à assurer la sécurité de sa population, a recommandé M. Rishchynski. L’instauration de l’état de droit, et la création de forces de police professionnelles et compétentes sont essentiels à la sécurité d’Haïti, a-t-il insisté avant de promettre que le Canada continuera à prêter main-forte à Haïti. (br) M. AUGUSTO THORNBERRY (Pérou) a estimé que le travail de la MINUSTAH en Haïti demeure essentiel, notamment en matière de renforcement du processus de consolidation démocratique. Il s’est félicité de la récente constitution d’un collège électoral permanent haïtien, mais s’est toutefois dit préoccupé par le report des élections législatives et municipales. Il a averti que ce report risque de déstabiliser le pays. Le représentant a par ailleurs appelé l’ONU à renforcer la coopération avec Haïti en matière de gouvernance, de sécurité et de développement durable. Il s’est ensuite félicité du lancement du Plan quinquennal pour le développement 2012-2016. M. Thornberry a aussi salué le plan de consolidation de la MINUSTAH et a estimé que celui-ci doit également pouvoir quantifier les progrès réalisés par le Gouvernement d’Haïti sur le plan de la consolidation démocratique. Il a aussi estimé que le plan de sortie d’Haïti de la MINUSTAH doit être suffisamment flexible afin de prendre en compte l’évolution de la situation sur le terrain.(br) M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a réaffirmé l’engagement pris en février 2004 par son pays en faveur de la consolidation de la paix en Haïti et du travail de la MINUSTAH. Le représentant a pris note des progrès réalisés dans les domaines sécuritaire et humanitaire en Haïti. Il a observé néanmoins que des défis majeurs restaient à être relevés par les autorités haïtiennes avec l’appui de la communauté internationale. (br) Le délégué chilien a estimé en outre que la mise en œuvre du Plan de consolidation 2013-2016 de la MINUSTAH devra tenir compte des besoins constatés sur le terrain, avec une ouverture sur l’avenir qui permette la consolidation des capacités institutionnelles du pays en vertu du principe de l’appropriation nationale. Le peuple haïtien, a-t-il dit, doit exercer progressivement ses responsabilités. Il a par ailleurs plaidé pour que des élections soient organisées de façon juste, crédible et transparente le plus tôt possible. (br) M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a estimé qu’Haïti s’est engagé sur la bonne voie, même si, a-t-il constaté, des difficultés persistent dans certains domaines. Il a insisté sur la nécessité de consolider la démocratie dans le pays et a exhorté le Gouvernement à garantir la tenue prochaine d’élections législatives partielles. Il a aussi appuyé le projet de consolidation de la MINUSTAH. Le représentant a ensuite souligné que les solutions aux problèmes d’Haïti doivent venir du peuple haïtien, d’où l’importance de renforcer ses capacités. Il a expliqué que la Colombie appuie les efforts déployés par la Police nationale haïtienne, notamment dans le domaine de lutte contre la drogue, et que son gouvernement avait lancé différents programmes de formation, notamment du personnel de police. Un programme de collaboration bilatéral vise par ailleurs à renforcer la production des petits exploitants de café, ainsi que le fonctionnement des coopératives et l’exportation du café, a-t-il ajouté. (br) M. FERNANDO ARIAS GONZÁLEZ (Espagne) s’est inquiété de l’impasse dans laquelle se trouve la situation politique en Haïti, notamment la tenue des élections législatives et municipales. Il a appelé les représentants des branches exécutive et législative de la gouvernance d’Haïti à s’accorder sur cette question dans les semaines à venir. Le représentant s’est ensuite félicité des progrès réalisés sur le plan sécuritaire et a appuyé le modèle sécuritaire actuellement utilisé en Haïti, et qui repose sur la collaboration entre la MINUSTAH et les forces de la Police nationale. Il a par ailleurs estimé que la reconfiguration de la MINUSTAH devrait se faire de manière progressive et mettre l’accent sur les besoins d’assistance à moyen terme de la population, notamment dans les situations d’urgence. (br) M. González a ensuite fait part des préoccupations que ressent sa délégation au sujet du taux « alarmant » de violences sexuelles et sexistes en Haïti et de l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces crimes. Il a par ailleurs estimé nécessaire de consolider les cadres juridiques régissant les investissements étrangers en renforçant notamment les activités du Centre de facilitation des investissements et en mettant en œuvre les accords de promotion et de protection réciproque des investissements existants, notamment celui signé par l’Espagne et Haïti en 2012. (br) Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. RODNEY CHARLES (Trinité-et-Tobago) a salué les efforts de la MINUSTAH qui ont facilité le renforcement de la stabilité en Haïti et il a indiqué que la CARICOM appuyait la recommandation du Secrétaire général de renouveler le mandat de la Mission pour une nouvelle période d’un an. Il s’est félicité des plans visant à promouvoir l’investissement en Haïti et a voulu que l’assistance internationale s’aligne sur les priorités nationales. Le représentant s’est dit optimiste. Toutes les parties concernées dans le processus politique se montreront capables de surmonter leurs divergences et, dans un esprit de compromis, de travailler ensemble pour mettre en place l’appareil nécessaire à la tenue d’élections attendues depuis longtemps, a-t-il prédit. (br) Saluant les progrès accomplis dans le domaine de l’état de droit, il a aussi salué ceux liés au fonctionnement de la Police nationale. Il a cependant prévenu que les objectifs du plan de développement exigent de la part du Gouvernement un engagement continu, et des partenaires d’Haïti la mise à disposition des ressources nécessaires. À ce propos, le représentant s’est dit préoccupé par le déclin de l’aide internationale à Haïti. C’est une situation « inacceptable » à la veille de la saison des ouragans, a-t-il prévenu. Il a appelé les États à payer leurs contributions à la Mission dont le travail est « crucial ». Les discussions ne devraient pas porter sur l’opportunité ou pas de mettre fin au mandat de la Mission, mais plutôt sur les changements requis en Haïti et au sein de la Mission pour faire en sorte que son retrait progressif corresponde à l’existence d’institutions plus fortes en Haïti et de progrès vers une stabilité durable, a-t-il estimé. (br) La Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et Chef de la MINUSTAH, dans ses observations de clôture, a dit notamment avoir relevé l’appui des membres du Conseil de sécurité et d’autres États Membres à la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de la Mission pour une année supplémentaire. Elle a, de même, évoqué les observations relatives aux difficultés et aux lacunes que rencontre Haïti, et à l’appui que peut fournir la communauté internationale dans le domaine humanitaire.
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2013/CS11105.doc.htm
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2013/CS11105.doc.htm
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