Comme dans chaque cataclysme et dans toute destruction partielle ou complète des structures sanitaires d'un lieu, d'une région ou d'une organisation sociale, d'emblée la crainte du choléra avait été exprimée et le besoin de prévention et de mise en place de moyens sanitaires souligné et répété. Car c'est bien un risque systématique de ces situations dont on connait l'existence, la sensibilité et l'importance.
L'existence aussitôt que les moyens de traitement des eaux usées, plus précisément des déjections sont dérangés soit par destruction physique, comme lors d'un séisme, soit par saturation à cause d'une capacité insuffisante ou d'une sur occupation des lieux, soit les deux ensemble.
La sensibilité parce que le contrôle en est parfois rendu très difficile lors de circonstances d'urgence extrême, par des catastrophes naturelles ou sociales où tout est perturbé simultanément.
L'importance à cause de la course épidémique et du très mauvais pronostic de la contamination, faisant subitement une grande quantité de malades et, hélas, de décès.
Mais dans un tel contexte qui voit une population locale déjà gravement et profondément meurtrie, injustement frappée par la calamité, il est bien plus inacceptable encore que ce supplément de malédiction soit importé, introduit par un groupe venu porter assistance.
Dans un aussi grand cumul de malheurs, une révolte de la population contre toute cause tangible n'est pas surprenante tant le sentiment d'une injustice profonde se conçoit bien.
Qu'elle se tourne donc contre la source désignée de cette infection n'est non seulement pas surprenant, mais presque légitime tant cette foule ressent une injuste oppression des conditions.
Faire comprendre et faire accepter qu'il n'y a pas de culpabilité, pas de responsabilité du contingent de casques bleus duquel est venue la propagation ne sera pas une tâche aisée, comme il n'est d'ailleurs pas évident qu'aucune faute dans l'installation du campement n'ait été commise.
De quoi méditer tout au moins quant aux précautions qu'il est opportun de prendre dans l'implantation des équipes, qu'elles soient de sécurité, comme le groupe népalais concerné, ou médicales, ou encore logistiques ou de construction car quelle que soit l'activité de l'équipe, son arrivée engendre une nécessité accrue d'équipement et d'encadrement.
Négliger cet aspect ou en tenir insuffisamment compte représentera toujours un risque d'incidents, d'accidents ou de pollutions dont les conséquences peuvent dégénérer jusqu'à un rejet pour le moins contre-productif.
Peut-être est-il heureux que l'actualité nationale d'Haïti apporte, avec les élections, des sujets plus vifs qui estompent l'impact de l'enquête étiologique conduite par l'équipe française du professeur Piarroux.
Mais les indigènes pourraient se retourner, une fois le fauteuil présidentiel repourvu, pour demander des comptes ou exprimer de grands reproches aux étrangers dont ils attendent tant, mais certainement pas une épidémie.
http://meditationsetreactions.blog.tdg.ch/archive/2010/12/09/haiti-l-inacceptable-ironie.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 9 décembre 2010
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