10/11/2010 à 13h41
Au détour d’un blog journalistique consacré à la reconstruction d’Haïti, un intervenant a laissé le message suivant : « Les milliards de dollars recueillis en notre nom sont investît dans la location de voitures et d’appartements de luxe et même des bateaux de croisière pour le staff des organisations non gouvernementales (ONG) ».
Dit brutalement, les trois quarts des fonds levés pour Haïti sont en réalité engloutis dans la logistique, la bureaucratie outrancière et les salaires. Le dernier tiers allant à la population nécessiteuse.
Les ONG depuis quelques temps ont mal à leur image et se soucient de leur réputation moyennant quelques études bien senties à l’appui attestant de leur autocritique.
Par exemple Médecins sans frontières (MSF), section suisse, travaille depuis 3 ans sur la manière dont ses programmes sont appréciés au Kirghizistan, en Irak, au Guatemala ou au Niger, c’est dire si elle est consciente du malaise ressenti par les populations secourues. Selon Caroline Abu-Sada, chargée de l’enquête pour MSF, il apparaît que la qualité des soins reste la meilleure garantie de l’appréciation de l’organisation et ce quand bien même un certain flou subsiste autour de son identité.
« La lutte contre le terrorisme fait que les ONG sont parfois considérées comme le service après-vente des armées. La guerre d’Irak a dévoilé un certain business humanitaire ayant entraîné une confusion des genres. Il est donc nécessaire que nos équipes, sur le terrain expliquent pourquoi nous sommes là et ce que nous faisons. Nous devons améliorer le dialogue, que ce soit avec les autorités locales ou la maman qui amène son enfant dans l’un de nos centre» analyse encore le directeur de MSF (suisse), Christian Capter.
En effet, le fait que des militaires aient participé à l’action humanitaire en Irak et en Afghânistân n’a fait qu’aggraver le trouble ressenti par les populations. Difficile dans ces conditions pour les ONG de faire passer le concept de leur neutralité…
En outre, la multiplication des intervenants (ONG, associations, services de coopération du monde entier) brouille le message et peut entraîner des dérives. (Exemple en 2007, avec l’Arche de Zoé qui a tenté d’enlever une centaine d’enfants du Tchad, leur promettant un avenir meilleur en France.)
De son côté, le Professeur à la Sorbonne Philippe Ryfman, estime que les principes d’impartialité et d’universalité ne sont pas toujours compris ni acceptés. Certains Etat ne conçoivent pas que les ONG soient réellement indépendantes, surtout quand les financements sont publics.
Le mode de fonctionnement des humanitaires occidentaux, qui dominent le discours humanitaire, crée de la distance. La professionnalisation des ONG et la croissance exponentielle des budgets entraînent finalement une déconnexion avec les gens. Dans certains contextes, les barbelés ou les murs d’enceinte, autour des agences onusiennes notamment, ajoutent à ce sentiment. La logistique a supplanté la proximité. Aucun lien de confiance ne s’est établi.
L’attitude au quotidien du personnel expatrié, le style de vie et les sorties au restaurant engendrent des tensions culturelles. « Le poids économique que nous représentons, symbolisé par les 4X4 et les maisons que nous louons, peuvent rappeler l’appareil colonial » admet Caroline Abu-Sada.
Il faut souligner qu’au centre de formation humanitaire de Lyon, chaque année, des diplômes sont refusés à des étudiants dont le comportement n’est pas à même de générer cette confiance. Car au-delà de la technique, la relation de confiance est une compétence sans laquelle il n’est rien possible de faire.
Ainsi, le monde de l’humanitaire semble donc de plus en plus conscient de ses limites. Grace à plusieurs études, il commence à modifier ses pratiques, impliquant de plus en plus les « bénéficiaires » (rebaptisés depuis « partenaires ») dans la conception et la mise en œuvre des programmes.
Par tspure
http://www.lepost.fr/article/2010/11/10/2299914_sauver-le-monde-et-preserver-son-image-dilemme-des-humanitaires.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 15 novembre 2010
Sauver le monde et préserver son image? Dilemme des humanitaires.
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