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mercredi 10 mars 2010

Michaëlle Jean visite Jacmel

 Publié le 09 mars 2010 à 09h12 | Mis à jour le 09 mars 2010 à 19h12

Alexander Panetta La Presse Canadienne Port-au-Prince, Haïti Les rues agitées d'une ville côtière colorée d'Haïti se sont immobilisées mardi, alors que Michaëlle Jean s'y trouvait pour visiter la terre de son enfance.

La gouverneure générale du Canada a conclu son émotive visite de deux jours en Haïti en s'arrêtant à certains des endroits qu'elle affectionnait lorsqu'elle était enfant à Jacmel. Mais plusieurs de ces lieux ne sont plus que décombres depuis le séisme du 12 janvier, qui aurait fait plus de 200 000 morts.

Native de Port-au-Prince, Mme Jean considère Jacmel comme le lieu de ses racines.

La marche de la gouverneure générale dans les rues de Jacmel a attiré un grand nombre de badauds. Les remous de la foule ont même forcé la Gendarmerie royale du Canada à bloquer des intersections de rues, alors que l'entourage de Mme Jean peinait à se frayer un chemin.

Mme Jean s'est arrêtée à une maison où vivait un proche aujourd'hui décédé, puis a salué les nouveaux résidants, qui vaquaient à leurs occupations quotidiennes.

Des étoffes de toutes les couleurs imaginables étaient offertes dans des kiosques, à l'instar d'une panoplie de produits, de sandales en passant par des produits pour les cheveux. Pour toile de fond, des immeubles aux couleurs pastel, dont certains étaient abîmés à un point tel que toute tentative de remise en état serait vaine.

Certains proches de Mme Jean se sont joints à elle pour la marche. Après avoir échangé étreintes, baisers et au moins un «top-là», ils se sont tous regroupés pour une photographie.

«J'ai l'impression de flotter, a lancé Mme Jean à la fin de sa marche. Comme si j'avais des ailes.»

Mais peu après cette heureuse scène, au moment où son hélicoptère quittait Jacmel, la gouverneure générale tenait son visage entre ses mains et sanglotait.

Des larmes avaient également coulé sur les joues de la gouverneure générale plus tôt au cours de la journée de mardi, plus précisément lorsque Mme Jean a rencontré la fille d'un ami proche décédé dans le tremblement de terre.

Mais à chaque fois que l'occasion se présentait, Mme Jean s'efforçait de propager l'optimisme, faisant valoir que le progrès demeurait possible en Haïti.

Elle a livré ce même message quand elle se trouvait aux côtés du président haïtien, René Préval, lorsqu'elle était entourée par des dizaines de journalistes lors d'une mêlée de presse, et au cours d'une rencontre avec des chefs de groupes civiques.

La gouverneure générale a confié que son «grand rêve» était de voir Jacmel un jour réaliser son véritable potentiel.

En arrivant à Jacmel, Mme Jean, qui est également commandante en chef des Forces armées canadiennes, a salué des soldats canadiens qui travaillent depuis plusieurs semaines à la reconstruction de la ville et aident les sinistrés.

Les militaires canadiens fermeront sous peu leur hôpital temporaire à Jacmel, mais ils y laisseront certaines des installations qu'ils ont construites, dont une servant à purifier l'eau.

Environ 500 militaires canadiens ont fourni de l'aide à Jacmel après le tremblement de terre de janvier, et la moitié d'entre eux est déjà rentrée au Canada.

Mme Jean a également rencontré des responsables d'organisations civiques avec qui elle a eu de francs échanges sur les problèmes auxquels la région est confrontée.

Au cours de l'entretien, ces responsables ont fait mention de l'effondrement du système scolaire, des maigres investissements privés dans le secteur agricole et de la faible production énergétique, qui s'est traduite par des tarifs exagérés.

La critique la plus virulente a toutefois été lancée contre le gouvernement d'Haïti. Les chefs des groupes civiques rencontrés par Mme Jean reprochent à l'Etat de contrôler la planification du développement et le financement de l'aide.

Le dirigeant d'une importante organisation non gouvernementale locale a déclaré que le tremblement de terre avait exposé au grand jour des problèmes structurels qui étaient déjà présents au pays.

«Nous (les Haïtiens) avons besoin d'une meilleure gouvernance, a plaidé Gérald Mathurin, de l'organisation CROS. La capitale, Port-au-Prince, est devenue la République d'Haïti (...). Une guerre entre la nation et l'Etat est en cours.»

Mme Jean a répliqué que le Canada n'avait pas oublié les plus petites régions d'Haïti. Elle a évoqué les efforts du Canada pour aider la population de Jacmel et de Léogâne, ajoutant que le réflexe de la majeure partie de la communauté internationale avait été de diriger l'aide vers la capitale.

«Ces communautés ont été abandonnées durant trop longtemps», a poursuivi Mme Jean.

La gouverneure générale a ensuite fait part de ses espoirs pour la région. Mme Jean rêve de voir Jacmel être dotée d'un port moderne pour le transport maritime et le tourisme.

Elle a ajouté que des idées étaient en place, que de nombreux plans de développement avaient été préparés et qu'il était maintenant temps de passer à l'action.

Après sa visite en Haïti, Mme Jean passera la journée de mercredi en République dominicaine, le pays voisin, pour remercier les dirigeants de toute l'aide offerte.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/201003/09/01-4258786-michaelle-jean-visite-jacmel.php

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