vendredi 30 octobre 2009, Radio Kiskeya
Sans surprise, les Sénateurs de Lespwa et alliés ont renvoyé Mme Pierre-Louis et son gouvernement qui ne s’étaient pas présentés au Parlement arguant que les motifs de l’interpellation n’étaient pas précisés alors que l’issue du vote était connue à l’avance.
Seul le Sénateur Jean William Jeanty (Konba/Nippes, sud-ouest) a fait abstention.
Le vote s’est déroulé peu après minuit (00h34 locales et 05h34 GMT) en l’absence de six Sénateurs qui avaient auparavant dénoncé l’inconstitutionnalité de la séance en s’appuyant notamment sur les articles 107 et 107.1 de la constitution relatifs à la limitation des pouvoirs du corps législatif (Chambre des Députés et Sénat) en session extraordinaire, comme c’est le cas actuellement.
Youri Latortue (AAA/Artibonite, nord), Rudy Hérivaux (Lavalas/Ouest), Evallière Beauplan (Pont/Nord-Ouest), Andris Riché (OPL/Grand’Anse, sud-ouest), Edmonde Supplice Beauzile (Fusion/Centre) ont abandonné la salle de séance au terme d’un réquisitoire solidement argumenté qui risque de jeter le doute sur la légitimité de ce vote de censure.
Non contents d’avoir souvent pris le dessus dans les débats sur des membres d’une majorité restés pour la plupart sans réaction et accusés d’exécuter l’agenda du Président René Préval, les leaders de l’opposition au Sénat ont d’ailleurs annoncé leur intention de poursuivre leur croisade contre l’illégalité du vote qui s’est déroulé sur deux jours. A cet effet, une correspondance sera adressée à la Première ministre Michèle Pierre-Louis pour lui demander de continuer à exercer ses fonctions en ignorant la motion de censure.
Pour leur part, les représentants de la majorité au pouvoir ont approuvé une résolution en trois points selon laquelle le bureau de la Chambre haute doit signifier sa destitution à Michèle Pierre-Louis et inviter le chef de l’Etat à engager des consultations avec les présidents des deux Chambres en vue de désigner un nouveau Premier ministre.
Dans ce qui pourrait être, de l’avis de certains observateurs, une victoire à la Pyrrhus, le président du Sénat, Kély Bastien, issu de Lespwa, a probablement perdu des plumes. En manque d’autorité sur une assemblée tempétueuse, il a adopté une posture jugée trop partisane et manquant de hauteur de vue. Son leadership risque d’être désormais mis à mal.
Amie proche du Président René Préval, mais en froid avec ce dernier depuis quelques mois, la Première ministre destituée, qui bénéficiait du soutien de la communauté internationale, était arrivée à la Villa d’Accueil (siège de la Primature) il y a tout juste un an, en septembre 2008.
Deuxième Première ministre de l’histoire d’Haïti -après Claudette Werleigh (1995-1996) -, elle est également devenue le deuxième chef de gouvernement à être censuré après son prédécesseur Jacques-Edouard Alexis, sévèrement sanctionné par le Sénat, le 12 avril 2008, à la suite d’émeutes de la faim meurtrières qui avaient menacé la stabilité du pays.
Haïti fait face à nouveau à un vide politique risqué, à quelques mois d’échéances constitutionnelles cruciales devant conduire, fin 2010, aux élections présidentielles et au moment où s’amorçait une certaine relance de l’économie après des années d’agonie et d’interminables turbulences politiques. spp/Radio Kiskeya
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