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lundi 10 mars 2008

MASSILLON COICOU

Massillon Coicou, cent ans déjà
Il y a cent ans Massillon Coicou, le barde national pour qui Haïti était ''un bel ange du ciel, sur la terre exilé, qui contemple et qui rêve et qui recommande à Dieu son délice éternel'', était fusillé à la chaude devant les murs du cimetière extérieur. Ses proches parents cherchèrent refuge dans les manguiers de la baie de Port-au-Prince. Après trois jours de cette vie errante, ils revinrent à la capitale d'où ils s'embarquèrent pour l'exil en compagnie d'autres firministes qui avaient choisi cette même voie pour échapper à la fureur d'un tonton Nord déchaîné. Firmin en apprenant leur présence à Kingston leur écrivit cette lettre de condoléances que nous tirons des tiroirs de l'oubli comme un témoignage contre cette tradition néfaste de la politique haïtienne ; le bannissement et l'ostracisme ; car on doit rappeler qu'après l'échec de Firmin, il a fallu attendre trente (30) ans avant de voir un firministe au pouvoir.

De même qu'après février 86, les Duvaliéristes ont du attendre 10 ans avant d'aspirer ''constitutionnellement'' à toutes fonctions électives ou administratives importantes. Les ''putchistes'' n'ont pas épargné les lavalassiens et maintenant l'espoir des uns est le désespoir des autres. Tout ceci prouve que les vieux démons de la politique haïtienne sont encore vivants. Vive la division !
Jr. Robert-Antoine Coicou

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=55140&PubDate=2008-03-08
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Une lettre de Anténor Firmin
A propos de l'anniversaire de la mort de notre poète Massillon Coicou que nous avons signalé hier, nous publions cette lettre que Mr. A. Firmin écrivit à Mrs Camille, Emmanuel, Christian, et Clément Coicou
Saint Thomas, 29 mai 1908A Messieurs Camille Coicou, Emmanuel Coicou, Christian Coicou et Clément Coicou.- KingstonChers compatriotes et amis
Ce n'est que dans la dernière quinzaine de ce mois que j'ai appris votre présence à Kingston. Sans ce retard dans mes informations, je vous aurais déjà adressé quelques lignes pour vous exprimer le profond chagrin et les vifs regrets que m'a causé l'assassinat de mes trois affectionnés amis : Massillon, Horace et Pierre-Louis Coicou, vos biens aimés parents... Ils sont tombés victimes de leur dévouement à notre sainte cause et de leur affection personnelle pour moi. Ils n'ont point mesuré leur zèle et leurs nobles efforts dans le but d'essayer de m'arracher des mains de ceux qui avaient une si grande soif de mon sang. Hélas ! Combien n'aurais-je pas préféré verser ce sang que j'étais allé offrir en holocauste à notre pays, au lieu du leur si plein de sève et de généreuse ardeur ! Car je descends déjà l'échelle de la vie et ils étaient jeunes et forts, nourrissant toutes les nobles aspirations qui m'inspirent dans la lutte pour la génération de notre race. Quelle chose amère et triste que la souffrance et le deuil triplement et si brutalement infligés à notre malheureuse famille.
Mai Dieu en permettant aux bourreaux d'accomplir leur acte d'impiété et de cruauté nous laisse sans doute une pieuse tâche à accomplir même au milieu de nos angoisses et de nos pleurs. Il faut nous pénétrer des sentiments virils dont nos chers disparus - patriotes et martyrs- ont donné l'insurpassable preuve et nous ne devons vivre que pour satisfaire à ce que leur sacrifice héroïque réclame de notre dignité et de notre courage. C'est en unissant mon coeur aux vôtres que je vous presse affectueusement la main et que je vous assure que le nom de Coicou (sauf le traître) restera éternellement sacré pour moi ; pour les miens et pour tous les amis de notre sainte cause.Croyez-moi, chers compatriotes et amis, votre tout cordialement dévoué.

Anténor Firmin
Il est des coupables qui, cachés et impunis, restent durs, rebelles et fiers ; découverts et pris, ils s'écroulent et parfois s'amendent.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=55153&PubDate=2008-03-08

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