Juin 1974, Dominique Frank Simon, reporter photographe et envoyé spécial du Nouvelliste en Allemagne pour la Coupe du Monde fut le seul avec son objectif derrière les buts de Dino Zoff. Il raconte.
Raphael Féquière : Avant toute chose, comment accueillez-vous le départ d'Emmanuel Sanon?
DFS: Ayant fait l'expérience de la mort de proches, mes premières pensées ont été vers son épouse et ses enfants qui font l'expérience du désarroi, du vide mais aussi de l'espoir de revoir Manno dans sa béatitude de la vie éternelle.
RF : - Etais-tu vraiment le seul photographe derrière les buts de Zoff ?
DFS : - Ce 15 juin 74, étais-je le seul à croire au miracle, je l'ignore mais je me suis retrouvé sur la gauche de Dino Zoff seul tandis que qu'Henri Francillon avait une meute de téléobjectifs, de zoom et d'appareils photos à moteur derrière lui.
RF : - Après le but, espèrais-tu réaliser un autre cliché du même genre ?
DFS : - Techniquement, je ne savais pas si la photo du but avait été réalisée. Une fois, la certitude d'avoir vu le ballon dans les filets de Zoff, sans même me retourner vers le premier arbitre, je me souviens avoir déposé ou laissé tomber mon appareil sur la pelouse de l'Olympia Stadium de Munich et ma joie s'est manifestée au niveau de mes reins, à l'haïtienne. Quand je me suis rappelé que j'étais photographe, j'ai consulté le compteur de ma caméra qui affichait la dernière pause, je ne pouvais pas savoir si la séquence du but avait été photographiée. J'ai donc vécu la fin de la rencontre dans l'appréhension d'avoir manqué ce moment important de la sélection haïtienne.
RF : - Cette photo a fait le tour du monde, racontez-nous ?
DFS : - Je ne suis pas directement responsable de la circulation de la photo qui a été vendue à une agence de presse après la conférence de presse des entraîneurs.
RF : - On raconte qu'avec le coût des frais des droits d'exploitation de cette photo, vous avez pu prolonger tes vacances en Allemagne ...?
DFS : - Cette photo m'a ouvert les portes de l'agence de presse qui m'a gardé jusqu'en fin de championnat, bénéficiant ainsi de ma carte d'accréditation de reporter. Il était de même pour un ami zaïrois. Nous avons eu, les deux, une offre d'emploi en Allemagne que cet ami avait acceptée et que moi j'avais déclinée.Ai-je eu tort ? Mon camarade zaïrois est mort comme reporter sur le front au Biafra quelques années plus tard. Ceci dit, j'ai pu grâce aux prestations reçues prolonger mon séjour en Allemagne, visiter la Belgique et la France.
RF : - Cette photo n'a pas été saisie sur une pellicule couleur, pourquoi ?
DFS : - Les photos de sport demandent des films de haute sensibilité. En 1974, seule la société GAF produisait une diapositive couleur de 1000 ASA. L'autre raison était que Le Nouvelliste s'imprimait strictement en noir et blanc. Pour mes confrères, je me rappelle que le film TX 400 avait été poussée à 1600, la vitesse était de 1 sur 500 pour une ouverture de 5.6.
Propos recueillis par Raphael Féquière
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=54876&PubDate=2008-03-05
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 5 mars 2008
Histoire d'une photo historique ... 15 Juin 1974: But d'Emmanuel Sanon contre Dino Zoff..Portier de la Squadra azzurra
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