Célina François oublie déjà son âge. Avec ses dix enfants - six garçons et quatre filles-, cette femme noire au visage amaigri vit dans l'enfer de l'abandon et de la sécheresse, qui sévit, depuis octobre, à Grand-Boulage, quartier de la première section de Bombardopolis. Son concubin, Iltino Désinor, père de ses enfants, depuis six ans, a abandonné sa famille pour fuir la misère.
Habitant un taudis placé au haut de l'habitation Grand-Boulage, Célina et sa famille ne vivent que des produits du sous-bois. Une situation pas trop différente pour certaines autres familles de cette localité qui, obligées de mettre à l'écart l'agriculture, passent leur temps à confectionner des macoutes - (paniers de jardin), des corbeilles, des sous-plat, tous faits en latanier, et des balais en paille.
Lima Soirélus
Habitant un taudis placé au haut de l'habitation Grand-Boulage, Célina et sa famille ne vivent que des produits du sous-bois. Une situation pas trop différente pour certaines autres familles de cette localité qui, obligées de mettre à l'écart l'agriculture, passent leur temps à confectionner des macoutes - (paniers de jardin), des corbeilles, des sous-plat, tous faits en latanier, et des balais en paille.
Johnny, fils aîné de Célina, prépare les pailles tombées des cocotiers pour la confection de balais que sa maman et sa soeur Mèmène vendent au marché du bourg. « Je les cherche dans les bois et lui, il les prépare », dit Célina. Johnny est l'aîné de la famille. En dépit de sa cécité, il se veut utile à cette famille qu'il porte dans son coeur.
« J'ai perdu la vue, il y a 7 ans, dit-il. C'est grâce au travail de mes deux parents que j'ai pu survivre à cette dure épreuve de typhoïde. Je leur consacre ce qui reste de ma vie. »Grand-Boulage, considérée dans le temps comme le bastion de l'élevage du cabri bombardopolitain, respire au rythme de la décadence. Son petit-mil, "son pois congo", sa patate, son orange amère, son manioc et son arachide disparaissent sous le poids du déboisement entamé quelque temps après l'abattage des cochons créoles, selon Fanel Dupré, ancien maire de Bombardopolis.
- Une misère provoquée
« J'ai perdu la vue, il y a 7 ans, dit-il. C'est grâce au travail de mes deux parents que j'ai pu survivre à cette dure épreuve de typhoïde. Je leur consacre ce qui reste de ma vie. »Grand-Boulage, considérée dans le temps comme le bastion de l'élevage du cabri bombardopolitain, respire au rythme de la décadence. Son petit-mil, "son pois congo", sa patate, son orange amère, son manioc et son arachide disparaissent sous le poids du déboisement entamé quelque temps après l'abattage des cochons créoles, selon Fanel Dupré, ancien maire de Bombardopolis.
- Une misère provoquée
Ce qui contraste à Grand-Boulage et les autres habitations de cette section, c'est qu'au moment où la vie se calcine sur ce mont, des arbres fruitiers résistent aux ardeurs des lilas (buddleia) et des eucalyptus. Orangers, pamplemoussiers, kénépiers... luttent pour se frayer une petite place dans le ciel de ces arbres forestiers dont on n'ignore pas l'appétit pour l'eau. Plus loin, des lianes desséchées de patate et de giraumon abandonnent la lutte. Placée sur le flanc d'un plateau, Grand-Boulage, comme toutes les autres habitations formant la première section communale de Bombardopolis, est très vulnérable et connaît souvent de grands moments de sécheresse
- « Comparée aux deux autres sections formant cette commune, la première section est plus fragile en raison de la qualité de son sol », explique M. Dupré qui souligne que le régime pluviométrique constitue la plus grande préoccupation des habitants. Toutefois, se rappelle-t-il, c'était une terre très fertile.Une ONG qui passait plus de quarante ans à intervenir dans les domaines de l'environnement, de l'alimentation et de l'agriculture dans la région vient de jeter l'éponge, expliquent certains Bombardopolitains. Les méfaits de certaines de ses interventions, en dehors de tout contrôle de l'Etat, commencent à se faire sentir. -
- « Comparée aux deux autres sections formant cette commune, la première section est plus fragile en raison de la qualité de son sol », explique M. Dupré qui souligne que le régime pluviométrique constitue la plus grande préoccupation des habitants. Toutefois, se rappelle-t-il, c'était une terre très fertile.Une ONG qui passait plus de quarante ans à intervenir dans les domaines de l'environnement, de l'alimentation et de l'agriculture dans la région vient de jeter l'éponge, expliquent certains Bombardopolitains. Les méfaits de certaines de ses interventions, en dehors de tout contrôle de l'Etat, commencent à se faire sentir. -
Comment s'y prendre
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Pour Henry Max Dumornay, un habitant de Bombardopolis, le choix de planter des arbres fruitiers ou forestiers ne devait pas incomber à la seule compétence des ONG. Mais l'accompagnement par l'Etat haïtien est plus qu'urgent dans la mesure où ces acteurs n'agissent que de manière à faire de la publicité. « En plantant des arbres qui croissent rapidement, cela leur donne des résultats sur des périodes record qui garantissent leur financement », dit-il.Selon lui, la situation de misère qui règne dans le Far West est imputable aux ministères de l'Agriculture et de la Planification. « Les ONG font ce qu'elles veulent à cause de l'absence de l'Etat dans la région, dit M. Durmonay. Tandis que des études sont effectuées dans le Far West et je crois que les résultats sont là. A quelle fin ont-ils dépensé pour ces études ? »
Henry Max Dumornay montre du doigt une maisonnette portant le logo du Ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural avec pour indice « Bureau communal de Bombardopolis ». « Il y a plus de 15 ans que ce bureau du MARNDR ne fonctionne plus », lâche-t-il.L'agronome bombardopolitain Allen Henri du bureau de l'ordonnateur national, quant à lui, estime que le bas Nord-Ouest est victime du centralisme caractérisant l'Etat haïtien. Pour lui, chacune des zones de cette région possède ses propres capacités de produire. « Beaucoup d'endroits offrent des possibilités agricoles variées, fait-il remarquer, tandis que d'autres, moins fertiles, donnent des avantages au point de vue de l'élevage et de la pêche. »
Entre-temps, les familles croupissent dans la misère. Condition féminine et aux Affaires sociales ou encore l'Institut du Bien-être social, les habitants de Bombardopolis ignorent ces noms comme l'a dit en riant Célina François, « Ministè fanm, Afè sosyal, he hey ! Connais pas ».
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Pour Henry Max Dumornay, un habitant de Bombardopolis, le choix de planter des arbres fruitiers ou forestiers ne devait pas incomber à la seule compétence des ONG. Mais l'accompagnement par l'Etat haïtien est plus qu'urgent dans la mesure où ces acteurs n'agissent que de manière à faire de la publicité. « En plantant des arbres qui croissent rapidement, cela leur donne des résultats sur des périodes record qui garantissent leur financement », dit-il.Selon lui, la situation de misère qui règne dans le Far West est imputable aux ministères de l'Agriculture et de la Planification. « Les ONG font ce qu'elles veulent à cause de l'absence de l'Etat dans la région, dit M. Durmonay. Tandis que des études sont effectuées dans le Far West et je crois que les résultats sont là. A quelle fin ont-ils dépensé pour ces études ? »
Henry Max Dumornay montre du doigt une maisonnette portant le logo du Ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural avec pour indice « Bureau communal de Bombardopolis ». « Il y a plus de 15 ans que ce bureau du MARNDR ne fonctionne plus », lâche-t-il.L'agronome bombardopolitain Allen Henri du bureau de l'ordonnateur national, quant à lui, estime que le bas Nord-Ouest est victime du centralisme caractérisant l'Etat haïtien. Pour lui, chacune des zones de cette région possède ses propres capacités de produire. « Beaucoup d'endroits offrent des possibilités agricoles variées, fait-il remarquer, tandis que d'autres, moins fertiles, donnent des avantages au point de vue de l'élevage et de la pêche. »
Entre-temps, les familles croupissent dans la misère. Condition féminine et aux Affaires sociales ou encore l'Institut du Bien-être social, les habitants de Bombardopolis ignorent ces noms comme l'a dit en riant Célina François, « Ministè fanm, Afè sosyal, he hey ! Connais pas ».
Lima Soirélus
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