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mardi 12 février 2008

Beaucoup de voiliers, peu de lambis

La pêche aux lambis et autres fruits de mer pourrait être une activité rentable pour les Léogânais. Dommage, leur matériel artisanal ne leur donne accès qu'à quelques mètres de la mer.
Il est trois heures de l'après-midi. De petits commerçants, sac et cuvette en main, se rassemblent sur les côtes de Petite-Rivière, localité de Léogâne. Les yeux rivés sur la mer, ils attendent impatiemment l'arrivée des dizaines de pêcheurs qui, depuis 8 heures du matin, ont jeté les voiles en quête de poissons et autres fruits de mer. Certains d'entre eux ont fait des commandes et attendent avec assurance, d'autres au contraire s'inquiètent. Même s'il y a beaucoup de voiliers, la pêche sera maigre.Quelques minutes après, un premier voilier s'approche du rivage. A bord, cinq pêcheurs, l'air épuisé par les coups de soleil et les secousses des vagues, font les manoeuvres pour amarrer une petite embarcation toute abîmée. Quelques marchands s'approchent de la bicoque et retournent sur leur pas. Il n'y a pas de quoi pour les servir. « Attendons Fritz avec son voilier. Peut-être nous trouverons quelques lambis », lance une dame à une autre qui craignait de rentrer chez elle avec son sac vide. Alors qu'ils continuent d'attendre, d'autres voiliers regagnent les côtes, notamment celui de Fritz dont la construction artisanale et le matériel de pêche laissent à désirer. En fait, les piètres conditions de la pêche n'intéressent pas trop les clients qui se jettent, comme des loups affamés, sur la petite embarcation au fond de laquelle frétillent encore quelques frêles poissons et lambis.

Les conditions de la pêche inquiètent Fritz et son équipe encore moins que leur souci de rentrer à la maison avec quelque chose en poche. « On connaît le danger que cela représente. Mais, que veux-tu, c'est notre gagne-pain », se résigne-t-il.Pour faire la pêche, ces paysans ne disposent que du matériel artisanal : filet, nasse, rets, plongeoir. Bref, un arsenal rudimentaire qui leur donne droit qu'à quelques mètres du rivage. Alors qu'avec du matériel moderne, ils pourraient voguer en haute mer et sortir avec un meilleur butin. Il n'y a pas encore d'association de pêcheurs à Petite- Rivière qui pourrait valoriser le métier de la pêche dans la communauté. Il en résulte que bon nombre de pêcheurs venus des zones avoisinantes envahissent de plus en plus les côtes et diminuent considérablement la possibilité pour les habitants de la zone de faire bonne récolte. On pèche contre la pêche
Plus d'exploitants, moins de ressources. « Autrefois, les pêcheurs n'étaient pas aussi nombreux. Mais, depuis quelque temps, le nombre grandit et on a moins de chance de tirer des poissons en quantité », explique un plongeur. Pire. Les pêcheurs ont beaucoup de lacunes dans les techniques de pêche. Ce qui leur coûte des fois des handicaps physiques irréparables. « Les plongeurs sont victimes de crampe, de rétraction musculaire et d'autres malaises qui les paralysent », explique un pêcheur citant, en exemple, un ancien plongeur paralysé après avoir été victime du courant marin. Les fruits de mer, notamment le lambi bouilli ou boucané, sont pourtant très appréciés à Léogâne pour leur vertu nutritive. Ils constituent des sources de revenus intéressants pour bon nombre de paysans. Le lambi, apprécié, selon les oui-dire, pour sa vertu de stimulant sexuel est fort consommé à Léogâne. Une douzaine de coquilles de grande dimension fraîchement sortie de la mer rapporte, selon la demande et la saison, entre 350 et 500 gourdes aux pêcheurs. Intéressant ! N'est-ce-pas ? Mais faut-il bien que les autorités locales et nationales prennent des mesures concrètes pour valoriser ce métier. A ce moment, la pêche ne sera plus de la mer à boire pour les dizaines de pêcheurs de Petite-Rivière qui mettent leur vie en danger pour ne pas mourir de faim.

Jean Max St Fleur

tmaxner@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=53861&PubDate=2008-02-11

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