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mardi 29 janvier 2008

RÉALITÉS NATIONALES / « Shada » réclame des latrines publiques !

Par Marc-Kenson Joseph
jmarckenson@lematinhaiti.com
Pour les 12 000 habitants qui vivent à « Shada », bidonville du Cap-Haïtien, environ cinq latrines sont disponibles. À l’initiative du projet EAuCap, exécuté par le consortium Oxfam GB, Protos et Groupe d’intermédiaire technologie d’Haïti (GTIH), et les autorités étatiques, des latrines écologiques seront construites prochainement.
Dans quelques couloirs, des adolescents jouent à la marelle.

Dans d’autres, des cordonniers réparent des chaussures de troisième main pour les liquider au marché public de la capitale du Nord, à vil prix. Arpentant les couloirs effrayants de « Shada », on découvre une vie communautaire agitée. Des femmes, accroupies dans une intersection, commentent les disputes d’hier soir d’un couple voisin. Dès qu’un inconnu s’approche, on change de sujet.
À quelques mètres, dans un autre couloir, des enfants, nus comme Adam et Eve dans leur innocence, se forcent à sourire. Alors que d’autres adolescents suivent, en grimaçant, un des leurs, tout en blanc et en transes, chantent et lancent des slogans humoristiques, comme au carnaval.
Mais au bout de quelques minutes de marche, un autre spectacle, sordide, s’offre au reporter du Matin. À la queue leu leu, des jeunes s’accroupissent sans gêne aucune pour évacuer leurs intestins, dans des latrines (la mer) à ciel ouvert.
En mal de santé publiquePromiscuité, insalubrité et avec ses latrines publiques en plein air, « Shada » est en mal de santé publique. Bâti en labyrinthe, ce bidonville, situé à la sortie ouest du Cap-Haïtien à proximité du littoral, donne du fil à retordre aux autorités.

Comme à Fort Saint-Michel, la Cité Soleil du Cap, « Shada » peut être considéré comme un autre site de décharge. Les habitants y vivent repliés sur eux-mêmes, chacun pour soi. Construire des latrines publiques dans cet espace de misère dégradante est, dit-on, dans l’ordre des choses irréalisables.
Pourtant, dans le cadre de l’exécution du projet EAuCap, les autorités étatiques et le consortium d’Oxfam GB, Protos et Groupe d’intermédiaire technologie d’Haïti (GTIH), trois Orga -nisations non gouvernementales (ONG), font croire le contraire. Dans un premier temps, elles ont procédé au regroupement de l’ensemble des associations de « Shada ». S’en est suivie une campagne de promotion des règles d’hygiène. Après plusieurs séances de formation pour les associations, la construction de latrines pilotes a été retenue comme la priorité des priorités pour les habitants.
Du « marketing social »Financé par l’Union européenne (UE) à hauteur de 3 millions de dollars américains, EAuCap considère « Shada » comme un défi. Selon le coordonnateur dudit projet, «depuis trois mois, l’équipe est encore en phase de discussion ».

L'Ivorien Kone Amara précise, toutefois, que les ingénieurs ont procédé à l’analyse technique des modèles de latrines adaptées au contexte, discuté des coûts. Reste et demeure l’approbation des riverains de « Shada » car, insiste-t-il, on ne souhaite pas construire pour construire. L’idée est de réaliser des œuvres durables pouvant servir d’exemple à d’autres bailleurs dans d’autres zones.
« De plus, ajoute le coordonnateur adjoint du projet EAuCap, l’initiative de construire ces latrines relève du marketing social. Cela nécessite un faible coût et une gestion facile ». En effet, eu égard aux modèles présentés, les matières fécales seront soit séchées et utilisées à la fabrication de compost, soit curées après au moins une année.
« Shada », informe Samuel Mondestin, est le premier quartier que les autorités projettent de déplacer. Les besoins sont urgents. Dans ce bidonville, les policiers nationaux ne s’aventurent pas, quel que soit l’incident ou le délit signalés : crime, émeute, bagarre, viols ou vols. Pourtant, bravant tous les dangers, l’équipe d’ingénierie-sociale (animation) du projet EAuCap se rend sur les lieux quasiment chaque jour. Pour elle, il est temps qu’un autre cadre de vie soit offert à la population de « Shada ».
mardi 29 janvier 2008
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=10949

Dizon pa-m:
"Construire des latrines publiques irrélisables": kwele kwe wke! nan lane 2008 pou blan pa mete lajan deyor pou konstwi latrri-n nan dezyèm vil peyi ya? Apa nou resi rivé kote nou ta prale -a!

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