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vendredi 14 décembre 2007

L'ENTRETIEN DE MADAME MIRLANDE MANIGAT ACCORDE A MONSIEUR ROBERT BENODIN DE RADIO CLASSIQUE INTER

RB : Il y a une absence totale de sens de direction au niveau de l’Exécutif. Préval fait une multitude de déclarations banales, sans expliquer le pourquoi et encore moins le comment. Alexis chef de gouvernement semble ne pas pouvoir motiver ses ministres à prendre des initiatives. Comment expliquez-vous cet état de stagnation totale du pouvoir exécutif ?

MHM : Il y a beaucoup de bruits qui circulent, en ce qui concernent les rapports entre le président Préval et le premier ministre Jacques Edouard Alexis. De toute évidence, parfois on a l’impression que c’est un attelage qui ne marche pas. C’est comme deux chevaux qui iraient dans des directions différentes, le carrosse ne peut pas marcher. Ce qui se précise. Ce qu’on peut observer, c’est un manque de synchronisation, un manque de convergence dans l’attitude des deux. Des fois le premier ministre parle. Peut être le lendemain, il pourrait être contredit par le président de la République. Ou alors un ministre s’exprime avec beaucoup de prudence. Les ministres n’ont pas un grand pouvoir, parce qu’ils sont ministres, c’est-à-dire qu’ils ont un pouvoir très limité. Ils ont un pouvoir de décision administrative dans le cadre de leur ministère. Mais cependant ce ne sont pas eux qui déterminent la bonne marche, ni de leur ministère, ni de l’Etat. Cela me rappelle le propos du ministre Chevènement, c’était sous le président François Mitterrand. Il avait démissionné parce qu’il n’était pas d’accord avec une orientation. Je crois qu’il s’agissait de la guerre de l’Irak, la première guerre de l’Irak. Et il a eu ce mot très fort. « Un ministre ça ferme sa gueule, ou il démissionne. » Pardonnez moi la vulgarité de l’expression, c’est exactement les mots qu’il avait employés. A savoir lorsqu’on est ministre, hé bien l’on suit. C’est comme quand on est ambassadeur. L’ambassadeur n’a pas d’état d’âme. L’ambassadeur n’a pas d’idée. L’ambassadeur n’a pas d’opinion. Il exécute. Un ministre a quand même plus de pouvoir d’appréciation qu’un ambassadeur. Mais, s’il est en désaccord avec le premier ministre, voir avec le président, ces désaccord ne peuvent se prononcer, ne peuvent s’exprimer qu’en conseil des ministre. Et ça ne peut pas sortir, normalement du conseil des ministres. Il est invraisemblable qu’un ministre critique le gouvernement auquel il appartient. Alors je ne sais pas comment cet attelage fonctionne entre les deux têtes de cet Exécutif bicéphale. Cependant il y a un fait par exemple, que je peux dire, c’est que le 17 octobre le président Préval a critiqué la Constitution. Et il a eu à dire ceci, il nomme le premier ministre, c’est d’ailleurs partiellement vrai, il dépend aussi du parlement, cette procédure associe la présidence de la République et les deux chambres. Il nomme le premier ministre mais il ne peut pas le révoquer. Il trouve cette situation pour le moins inconfortable. D’accord, mais le premier ministre était présent. Il m’a semblé ce jour là qu’il aurait pu dire, un petit mot en faveur du premier ministre. Il aurait pu dire, heureusement qu’entre monsieur Jacques Edouard Alexis et moi, les choses vont très bien. Il n’a rien dit. J’ai trouvé vraiment quand vous parlez d’un problème général. Mais lorsque vous avez présente la personne concernée par cette généralité, vous pouvez maintenir votre position de principe, critiquer la Constitution qui dit que vous n’avez pas le droit de révoquer le premier ministre. Mais cependant, la personne est là, vous auriez pu quand même dire un petit mot. Je me suis demandé, si ce n’était pas l’aveu d’un malaise pour le moins entre le président et le premier ministre. Je ne suis dans l’intimité du gouvernement. Je connais Jacques Edouard Alexis comme recteur de l’Université Quisquéa au quelle j’appartiens. Les gens changent peut être en changeant de fonction. Je ne peux pas me prononcer d’avantage sur les difficultés qui s’observent entre d’un coté les deux et de l’autre l’ensemble des ministres.

RB : La lutte contre la corruption lancée tambour battant par Préval a fait ses premières victimes dans le secteur privé. Quant au scandale du CNE affectant des gouvernants passés et présents, on s’est empressé d’y mettre rapidement une sourdine. Les rapports de la CEA, de l’UCREF et de l’ULCC, qui ont offert des preuves de culpabilité irréfutables contre des dirigeants lavalassiens, sont jetés au rancart. Préval a mis fin à la poursuite contre Aristide par-devant les tribunaux de la Floride, pour malversation. Pouvons-nous faire foi à cette mascarade de lutte contre la corruption ?

MHM : Vous avez résumé un petit peu les dernier événements, qui montrent que l’ULCC, l’UCREF, n’ont pas été créé par le président Préval, mais par le gouvernement provisoire. Ils ont établi des rapports. Certains sont rendus publics avec des noms, avec des faits, avec des preuves. Et on se rend compte que les personnes dénoncées se trouvent encore en liberté, alors que les charges qui pèsent contre elles sont assez graves pour les envoyer devant les tribunaux. Quand on parle de la corruption, il faut d’abord identifier dans les structures mêmes gouvernementales, les secteurs, les poches de corruption. Il faut établir les faits. Et lorsque les faits sont établis. Les personnes accusées de malversation preuves à l’appui sont dénoncées. Il s’agit de les poursuivre devant les tribunaux. En d’autres termes, il y a une séquence dans la lutte contre la corruption. Il y a effectivemenrt les dénonciations verbales. On peut dénoncer verbalement. On peut affirmer urbi et orbi qu’on va lutter. Qu’on est décidé à extirper la corruption. Que la corruption cesse ! Qu’on va poursuivre quelque soit la personne etc. Ils savent que tout ceci c’est du bla, bla, bla ! Lorsque à la deuxième étape les faits sont établis. Les cas de malversation sont documentés. Et on ne fait rien.

Qui peut faire ? Ce n’est pas le pouvoir Exécutif qui peut. Le pouvoir exécutif peut par exemple se défaire d’un ministre compromettant qui est accusé. Avant même qu’il ne passe devant les tribunaux, le pouvoir exécutif peut dire, c’est vrai, il peut bénéficier de la présomption d’innocence. Mais lorsque les faits sont assez graves documentés, qui affectent un haut personnage de l’Etat. Je crois que le geste le plus élémentaire et le plus sain, c’est de s’en défaire.

La troisième étape c’est l’intervention du pouvoir judiciaire. Quand je dis pouvoir judiciaire, il faut bien savoir que la chaîne pénale commence avec le pouvoir exécutif. Car le Commissaire du gouvernement est un fonctionnaire du ministère de la justice intégré donc au pouvoir exécutif. Il faut donc que la chaîne pénale soit mise en mouvement. Et que ces personnes soient traduites par-devant les tribunaux. Si ceci n’est pas fait, on peut remonter les étapes, et se rendre compte que toutes ces paroles, n’ont pas de sens dans la mesure où elles n’expriment pas une volonté réelle du pouvoir exécutif de lutter contre la corruption.

Donc pour l’instant, la population est un peut sceptique. Ou alors la population dit, on prend une tête par-ci, on prend une tête par-là. Et vous l’avez dit le secteur privé. C’est possible effectivement qu’au niveau de la douane, il y ait des malversations qui ont été commises. Mais on ne peut pas mettre les gens en prison comme cela. Et les sortir de prison sans jugement. On ne peut pas ! On n’en n’a pas le droit ! Je ne sais pas si les gens du secteur privé ont été coupables ou pas. Mais cependant, si leur culpabilité est démontrée, logiquement, ces personnes devraient passer par-devant les tribunaux. On n’a pas le droit de jeter les gens dans une cellule et les sortir comme cela, sous pression, sur intervention ou sur négociation, et puis rien du tout. Ce n’est pas possible !

Ceci met en doute la crédibilité d’une détermination gouvernementale à lutter contre la corruption. J’attends pour ma part de voir. Vous avez parlez du secteur privé. Le secteur public aussi offre des poches de corruption, offre des possibilités de corruption. C’est encore plus facile. Car quelqu’un qui travail dans le secteur privé est un salarié. On connaît le niveau de son salaire. On le voit se livrer à des dépenses extraordinaires, maisons, voitures voyages. Sa femme aussi affiche un appétit pour les dépenses. On sait qu’il a une maîtresse, ou deux, ou trois et que ces femmes aussi se mettent à dépenser. Ce n’est pas difficile de documenter cela.

Il y a un système en France qui a été adopté depuis quelques années, qui s’appelle « Les signes apparents de richesse ». Ceci a été adopté de façon à lutter contre la fraude fiscale. Les gens font des déclarations d’impôt. S’ils ont telle somme comme revenu. Cependant des agents du fisc peuvent se rendre chez eux et réaliser qu’ils ont deux, trois voitures dans leur garage. Que dans leur maison, il y a des meubles de prix estampillés. Qu’ils ont un Fragonard. Qu’ils ont un Renoir comme tableau. A ce moment là ceux sont des signes apparents de richesse. Et ces gens sont taxés non à partir de ceux qu’ils ont déclarés comme revenu. Mais à partir des qu’ils possèdent.
Ce sera difficile. Il faudra vraiment réformé notre système fiscal, notre système d’investigation fiscale pour aboutir à cela.
Ce pour dire que les fonctionnaires de l’Etat qui ont un salaire sont repérables quand ils se mettent à faire des dépenses qui ne correspondent pas à leur salaire. Il y a une présomption de culpabilité qui devrait permettre à l’Etat, au bras judiciaire de l’Etat d’intervenir pour établir leur culpabilité.

Donc, sans toutes ces mesures là, j’estime que ceux sont des paroles en l’air !

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