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lundi 12 novembre 2007

Scandale sexuel en Haïti : Les autorités militaires sri-lankaises accusent Médecins Sans Frontières, mais promettent de punir les coupables

Les officiers responsables de l’enquête, qui soutiennent que seuls six soldats auraient commis des crimes et délits, s’étonnent de voir l’ONU expulser 111 casques bleus sur la base d’allégations de civils "frustrés" de ne plus recevoir une assistance alimentaire onusienne
dimanche 11 novembre 2007,
Radio Kiskeya

Les officiers supérieurs chargés par les autorités de Colombo de mener l’enquête sur l’implication présumée d’une centaine de casques bleus sri-lankais dans des actes de délinquance sexuelle commis en Haïti se sont déclarés étonnés de constater le renvoi des suspects sans qu’ils n’aient été interrogés sur l’incident.
Le quotidien local Colombo Post a rapporté au cours du week-end que les dirigeants militaires sri-lankais attribuent la plainte à l’origine de l’expulsion des 111 officiers et soldats pour abus sexuels sur des prostituées et des mineures haïtiennes à l’ONG française Médecins Sans Frontières (MSF) qui serait hostile au Sri-Lanka. Le brigadier Udaya Perea, directeur des opérations au sein de l’armée, précise qu’une fois que les allégations d’abus sexuels étaient parvenues au gouvernement, le commandant des forces armées, le général Sarath Fonseka, avait décidé de dépêcher à Port-au-Prince le brigadier Kumudu Pera, responsable de l’entraînement des troupes, la brigadière Shirani Warusawihtana, un avocat et un autre investigateur en vue de conduire une enquête impartiale sur cette affaire de concert avec les Nations Unies.
Les hauts gradés soutiennent que seuls six agents ont été reconnus coupables, deux de mauvaise conduite sexuelle et les quatre autres de mensonge devant la commission. "Cependant, après nos investigations, l’ONU a associé l’ensemble du bataillon aux accusations portées par des civils. Beaucoup des casques bleus incriminés s’interrogent et nous autres aussi nous nous demandons comment des civils peuvent-ils entraîner le rapatriement de 108 soldats et trois officiers", ont indiqué les responsables militaires sri-lankais.
Plus loin, ils expliquent que depuis un certain temps, il y a de plus en plus d’animosité entre les troupes et des civils haïtiens parce que "conformément aux instructions de l’ONU, nous avons cessé de leur fournir les excédents d’aliments que nous avions l’habitude de leur donner". La supression de cette aide aurait motivé une levée de boucliers contre le bataillon sri-lankais déployé au sein de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).
Toutefois, les officiers ont, malgré leur mécontentement évident face à la réaction de l’ONU, promis que les casques bleus coupables seront sévèrement punis. "Nous avons demandé au bureau de l’ONU en Haïti de nous envoyer toutes les évidences disponibles contre les soldats de la paix", a assuré le directeur des opérations de l’armée sri-lankaise.
Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour Haïti, Hédi Annabi, avait déclaré jeudi dernier qu’après les sanctions administratives qu’a impliquées l’enquête interne, le sort des casques bleus dépendait exclusivement, sur le plan pénal, des autorités sri-lankaises. Se montrant conscient de la gravité de l’affaire, il avait rappelé la doctrine de "tolérance zéro" de l’ONU en la matière et présenté ses "regrets aux victimes et au peuple haïtien". Mais, le diplomate tunisien avait écarté les accusations de "viols", préférant parler de relations consentantes ayant entraîné des "faveurs sexuelles en échange d’argent". Il a simplement annoncé une assistance médicale et psychologique en faveur des victimes alors qu’à Port-au-Prince des organisations féministes et de défense des droits humains tels Solidarité Femme Haïtienne (SOFA), Fanm Yo La, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) et le Comité des Avocats pour le Respect des Libertés Individuelles (CARLI) ont réclamé "justice et réparation", selon les dispositions de la législation haïtienne. Certaines d’entre elles ont même souhaité l’extradition des militaires sri-lankais et le départ d’Haïti de la force onusienne.
Un bataillon de 950 soldats sri-lankais a intégré la MINUSTAH dont les effectifs s’élèvent à 9.000 militaires et policiers. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4405

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