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jeudi 15 novembre 2007

« L'aide humanitaire » en vente libre ?.. (A propos d'une déclaration maladroite d'un fonctionnaire de Dajabon!)

Il y a quelques jours, le gouverneur de Dajabón, avait qualifié d'aide humanitaire les relations commerciales entre Haïti et la République dominicaine. Ce qui a été un peu mal perçu par nombreux compatriotes haïtiens. L'aide humanitaire serait-elle en vente libre au pays voisin, se demandent plus d'un ?

Les produits en provenance de la République dominicaine pullulent de plus en plus le marché local. Haïti importe presque tout de son voisin. Des produits cosmétiques, des articles ménagers, des vêtements neufs ou usagers mais surtout des produits agro-industriels transformés, notamment les produits laitiers. « Tous les produits de première nécessité, les denrées agricoles: bananes, oeufs, lait, les maraîchères, mêmes les plus insignifiants, bonbons, chicot, nous viennent du voisin... », s'indigne un ancien milicien rencontré dans une camionnette à Delmas. Le sexagénaire tentait d'expliquer à quelques jeunes passagers certaines causes qui, selon lui, ont fait d'Haïti un pays pratiquement importateur.

En fait, Haïti importe de la République dominicaine plus de 20 denrées agricoles, selon Gilles Damais, un responsable du Laboratoire des Relations Haïtiano-Dominicaine LAREHDO. Et, ces importations font quelque peu la force de l'économie de la république voisine. Il y a seulement cinq mois, Haïti a été classée 5e partenaire commercial de la République dominicaine par le Centre d'exportation et investissement (CEI-RD.
Selon l'agronome Henry Châtelain, le marché haïtien absorbe chaque mois 30 millions d'œufs en provenance de la République Dominicaine. D'après la Banque Centrale Dominicaine : « Les œufs comme produit agricole ont enregistré une exportation de 7.78 millions de dollars et se sont exportés dans leur quasi totalité vers le marche haïtien ». Entre autres, les importations de bananes plantains par année s'élèvent entre 3 à 6 millions de dollars américains.
Des études menées par LAREHDO en 2005 ont démontré que les importations haïtiennes s'élèvent à près de 300 millions de dollars américains contre seulement 20 millions pour les exportations qui demeurent jusqu'ici informelles. Tandis que les grossistes et intermédiaires dominicains ont un accès libre à l'achat des produits locaux, les acheteurs haïtiens se heurtent au niveau des postes d'échange, même les plus reculés du marché dominicain, à des postes de douane ou d'un poste militaire. « Les exportations haïtiennes ne sont pas enregistrées. Les acheteurs dominicains traversent la frontière pour s'approvisionner des produits locaux », explique Gilles Damais.

La plus part du temps, les intermédiaires dominicains achètent à vil prix les produits haïtiens pour les revendre à des prix exorbitants. Un avocat payé 1.5 pesos soit 2 gourdes au producteur haïtien peut être revendu dix fois plus cher au consommateur dominicain de la capitale. C'est pratiquement le même scénario pour le café haïtien, dont la première destination est le marché dominicain.



Ceci dit, le commerce transfrontalier nourrit le grenier dominicain mais n'offre pas trop d'avantages aux haïtiens, si l'on se fie aux rapports publiés par certains organismes nationaux et internationaux sur la relation commerciale haitiano-dominicaine. Seulement pour la saison 2004-2005, les responsables de LAREHDO avaient estimé à 10.000 tonnes métriques les quantités d'avocats exportées sur l'ensemble de la région frontalière pour une valeur de 1,5 à 2 millions de dollars américains. Un volume d'exportation informelle qui, selon eux, dépasserait les quantités de mangues exportées vers les Etats-Unis par le secteur formel. Haïti nourrit quand même en partie le marché dominicain. Le pays fournit à son voisin entre 7 à 8 mille tonnes métriques de mangues par année pour une valeur de 0,5 à 0,6 millions de dollars américains. Tandis que les exportations informelles de café grandement demandées en République dominicaine s'estiment entre 5 à 10 millions de dollars américains par année.Les relations commerciales entre les deux peuples présentent un déséquilibre flagrant mais cela n'empêche qu'Haïti reste l'un des meilleurs partenaires de la République dominicaine. Selon LAREHDO, les produits agricoles haïtiens sont essentiellement consommés dans les grandes villes dominicaines notamment Santo Domingo et Santiago ou exportés après avoir été transformés (pois congo mis en conserve, café). Et, les produits dominicains sont consommés un peu partout à travers le pays notamment dans les zones frontalières.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=50715&PubDate=2007-11-15
Commentaires :
Il est souvent désagréablement ridicule de voir comment des déclarations idiotes de pseudo fonctionnaires du gouvernement dominicain peuvent servir à mettre du feu aux poudres en ce qui concerne les houleuses relations entre Haïti et République Dominicaine. Comment quelqu’un peut-il oser étiqueter d’action humanitaire des échanges commerciaux trop déséquilibrés et inégaux dont le montant s’élève a plus de 300.000.000 de dollars ?
Les échanges avec les Etats-Unis ou la Corée rentrent –ils dans cette catégorie ? Sinon pourquoi les relations commerciales avec un balance hautement favorable aux dominicains ne peuvent pas rester dans le cadre tout bonnement et simplement d’échange ?

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