Le secteur privé haitien semble manifester de plus en plus d'intérêt à investir dans l'éducation. Avec d'autres organismes nationaux et bailleurs de fonds internationaux, il s'y engage.
La problématique du système éducatif haïtien a fait l'objet de grands débats hier lundi à l'Hôtel Montana. En partenariat avec la Fondation canadienne pour les Amériques (FOCAL) et l'Inter-American Dialogue (IAD), des représentants du secteur privé des affaires, notamment les tenants de la Fondation UNIBANK, du consortium pour l'éducation, du ministère de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, ont discuté pendant plus de trois heures des contraintes liées au bon fonctionnement du système éducatif haïtien. Les discussions ont surtout porté sur le besoin pressant et fondamental d'investir dans l'éducation. C'est d'ailleurs la raison principale qui explique la présence des organismes internationaux FOCAL et IAD, à ce symposium, la troisième rencontre du genre depuis février 2007 à Atlanta aux Etats-Unis.
Là-bas, des bailleurs de fonds internationaux, des membres du secteur privé des affaires avaient plaidé en faveur de l'amélioration de l'éducation comme priorité et objectif commun pour tous les secteurs de la vie nationale. Pour asseoir ce projet combien ambitieux, on a donc confié à la Fondation UNIBANk la noble tâche de prendre le leadership de cette initiative citoyenne. Et c'est sous les hospices de cette institution que les tenants de ce partenariat ont à nouveau remis sur le tapis l'intérêt et la nécessité d'ouvrir le secteur éducatif aux investisseurs nationaux et internationaux.
En effet, en terme de code d'investissement, le secteur éducatif haïtien est souvent traité en parent pauvre. La priorité est accordée à d'autres secteurs de la vie économique, selon M. Carl Braun, de la Fondation UNIBANk « Il y a un code d'investissement dans d'autres secteurs de la vie nationale, tels le tourisme et l'industrie d'assemblage ; mais il n'y a pratiquement rien d'incitatif à l'investissement dans le secteur éducatif », souligne M. Braun. Malgré les efforts de certains organismes dans le secteur, notamment du Consortium pour l'éducation, cela n'empêche que le système est confronté à des obstacles structurels majeurs.
Le Consortium pour l'éducation qui réunit une douzaine d'associations évoluant dans le secteur de l'éducation, représente près de 93 % de l'effectif des écoles privées et 80 % des élèves du privé. Cette instance ne peut grand-chose pour améliorer les conditions de fonctionnement de certaines écoles. « Les écoles fonctionnent avec leurs faibles moyens. Jusqu'à présent, nous avons des difficultés pour accompagner, comme nous le souhaitons, les écoles haïtiennes », a répondu sèchement Marc Anthony Alix, responsable du consortium pour l'éducation, à un des participants.
Le secteur privé des affaires qui, depuis la rencontre d'Atlanta, se donne pour mission de contribuer au renforcement du système éducatif haïtien, offre son appui au consortium en vue de renforcer le travail qu'effectue cette instance dans le secteur. Pour ce faire, ils ont confié le leadership de ce partenariat à la fondation UNIBANk
Pourquoi ce partenariat ?
Le dialogue entre le privé et le public a donc pour objectif de porter l'Etat haïtien et les bailleurs de fonds internationaux à jeter un regard favorable sur le secteur éducatif haïtien qui fait face à de grandes difficultés. A ce niveau, un projet de loi, portant création de l'Office national du Partenariat (ONAP), a été soumis au Parlement haïtien.
Ce projet de loi n'a, jusqu'à présent, été scellé par le Pouvoir législatif.
Ce blocage, mal vu par la majorité des participants, serait dû, selon le ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, Gabriel Bien-Aimé, à la réticence des sénateurs, perplexes quant au contenu de ce projet. Ils ont peur que ce partenariat ne profite plutôt au secteur privé. « Au Sénat, on a hésité de voter ce projet de loi, de peur que le MENFP ne soit réduit à sa plus simple expression », a-t-il dit.
Interrogé sur une éventuelle possibilité que les parlementaires changent leur fusil d'épaule, le ministre Bien-Aimé n'a pas trop de certitude que le Sénat va voter ce projet de loi dans les prochains jours. « Au moins sept rencontres ont déjà eu lieu au Parlement, mais jusqu'ici, il y a un blocage. Pour le présent moment, il n'y a aucune certitude quant au vote de ce projet de loi ».
Le ministre Bien-Aimé a toutefois félicité l'initiative du dialogue privé et public en faveur de l'éducation. Il propose, à défaut du vote des parlementaires, un conseil qui jouait le rôle de l'ONAP en attendant l'acceptation de ce projet. « Il faut être inventif pour rendre ce partenariat opérationnel », s'exclame-t-il d'un ton soutenu à l'assistance.
La rencontre entre les secteurs privé et public a constitué aussi un espace de propositions visant à faciliter l'accès à l'éducation et l'amélioration du système éducatif. Certains participants ont ainsi mis l'accent sur la nécessité d'accorder une attention spéciale aux enseignants, les premiers dépositaires du pain de l'instruction aux élèves. D'autres ont évoqué l'urgence d'un Plan national d'éducation pour renforcer le système éducatif haïtien, de renforcer le dialogue privé-privé et d'encourager le partenariat public-privé en vue de soutenir l'éducation en Haïti.
Après cette rencontre, une importante conférence devra se tenir en janvier prochain à Port-au-Prince entre les différents acteurs de cette initiative, notamment le consortium pour l'éducation, le secteur privé des affaires et les bailleurs de fonds internationaux.
Les membres de ce partenariat présenteront aux investisseurs étrangers leurs axes prioritaires en terme d'investissement dans le secteur éducatif. Ils soumettront également leurs attentes au gouvernement haïtien.
Entre-temps, d'autres débats entre le secteur privé et le consortium en vue de trouver une stratégie commune pour relancer le secteur de l'éducation, se tiendront fréquemment à Port-au-Prince, selon les responsables.
En attendant que le Parlement haïtien approuve le projet de loi proposé par les membres de cette initiative citoyenne, les participants se disent déterminés à aller jusqu'au bout de leur objectif commun : l'accès et l'amélioration de la qualité de l'éducation en Haïti. Une détermination qu'applaudit vivement l'ancien Premier ministre du Canada, Joe Clark qui est venu supporter l'initiative haitienne. " Je vous remercie de votre motivation et votre détermination à investir dans le secteur'', s'exclame-t-il satisfait.
Jean Max St Fleur
tmaxner@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=46831&PubDate=2007-07-31
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 1 août 2007
Le moment d'investir dans l'éducation
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