La coalition parlementaire, qui a réuni 68 voix sur 87, a lancé de graves accusations de détournement de fonds, népotisme et politique de clan contre Elie, condamné à tirer sa révérence
mardi 31 juillet 2007,
Radio Kiskeya
Le ministre de la culture et de la communication, Daniel Elie, a été poussé vers la sortie par les Députés qui lui ont infligé mardi un cinglant vote de censure lors d’une séance d’interpellation axée sur la présumée politique discriminatoire de l’intéressé vis-à-vis de la province.
Par 68 voix pour, 5 voix contre et 14 abstentions, les parlementaires ont adopté la motion de censure après avoir développé un argumentaire que M. Elie a vainement tenté de contester.
Comme une victime expiatoire, sa tête était mise à prix depuis plusieurs jours.
Les chefs de file de cette campagne, Jonas Coffy et Poly Faustin (Lavalas), Laurore Edouard (UNION), Accluche Louis-Jeune (OPL) et Isidor Mercier (RDNP) avaient déjà crié sur tous les toits que le ministre courait à sa perte tant sa gestion était jugée insatisfaisante et clanique.
Les critiques les plus acerbes ont porté mardi sur l’utilisation du budget alloué au ministère de la culture qui serait détourné et essentiellement consacré à la capitale au détriment des autres régions du pays, frappées d’exclusion. Dans le texte de la motion de censure remis à la presse et défendu avec acharnement à la tribune de la Chambre basse, les anti-Elie ont reproché au ministre, désormais démissionnaire, d’avoir mobilisé au profit exclusif de Port-au-Prince les 80 millions de gourdes initialement prévus pour les festivités du carnaval 2007. De fait, soutiennent-ils, les trois jours gras ne l’étaient que de nom en mars dernier dans les villes de province.
Dans le même registre, les Députés ont vertement critiqué la répartition des 30 millions de gourdes débloqués pour la fête du drapeau et l’abandon des fêtes patronales. Dans un élan régionaliste, ils ont clairement exprimé leur intention de consolider leur base électorale à travers les interventions ministérielles. A ce titre, les autres membres du cabinet Préval/Alexis sont prévenus que le sort de Daniel Elie risque d’être aussi le leur, un peu plus tard.
Après l’avoir pratiquement taxé de corruption, les élus ont même estimé qu’il serait juste de juger le ministre par-devant la haute cour de justice pour avoir interprété et exécuté à sa façon la loi de finances 2006/2007.
D’autres arguments plus farfelus et à résonance mesquine ont alimenté les débats. M. Elie s’est vu notamment reprocher la présence dans son cabinet particulier de sa prédécesseure, Magali Comeau Denis (2004-2006) ainsi que ses présumés liens de parenté avec son chef de cabinet, Auguste D’Meza et le directeur général du Théâtre National, Frantz Jacob.
Il a été même question du retard mis à payer la location de 169 chevaux pour le transport des écrivains et intellectuels présents aux rencontres fondatrices de Caraïbes en création organisées en juin à la Citadelle Henry (Nord).
Accompagné de ses plus proches collaborateurs, Daniel Elie a réfuté une à une les accusations portées contre lui. Connu comme un grand taciturne, l’architecte a préféré la lecture tranquille d’un mémoire sur la complexité de son travail à la cadence infernale des questions/réponses qu’implique nécessairement une interpellation.
Il s’est défendu d’avoir fait une utilisation irrationnelle et partisane du budget du carnaval et s’est félicité d’avoir favorisé un retour aux traditions lors de la fête du drapeau, le 18 mai. Pendant plus d’une heure, M. Elie s’est surtout évertué à indiquer aux parlementaires l’ampleur de sa mission et les spécifités de son portefeuille par rapport aux maigres ressources disponibles.
Rares étaient les soutiens dont disposait le condamné dans l’assemblée. Tout compte fait, ils n’étaient que cinq, parmi eux, l’ancien président de la Chambre, Frantz Robert Mondé. Mais, Voyant que le verdict était inévitable, ce dernier a loué la compétence du partant, rappelé leur enfance commune avant de lancer une mise en garde aux "aventuriers", apparemment nombreux au Parlement.
Après avoir essuyé ce camouflet, visiblement déçu, Daniel Elie a quitté le Palais Législatif sans faire la moindre déclaration. Comme le prévoit la constitution, il doit liquider les affaires courantes en attendant la désignation de son successeur.
Sous la Présidence de Jean-Bertrand Aristide, Lesly Gouthier avait dû abandonner son portefeuille au commerce et à l’industrie à l’issue d’une séance d’interpellation défavorable.
Réputé proche du Président René Préval, Daniel Elie était arrivé à la tête du ministère de la culture et de la communication le 9 juin 2006.
Architecte et peintre de profession, il a notamment dirigé l’institut de sauvegarde du patrimoine national (ISPAN) et a, à ce titre, participé aux importants travaux de restauration de la Citadelle. Il a aussi fait partie du comité de célébration du 250e anniversaire de la ville de Port-au-Prince, en 1999.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 1 août 2007
La Chambre des Députés approuve un vote de censure et renvoie le ministre de la culture, Daniel Elie
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