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lundi 30 juillet 2007

SOS patrimoine : un week-end de festival dans la cité de la Crête-à-Pierrot

A20, écrivain, membre du collectif « SOS patrimoine, direction Crête-à-Pierrot », revient de l'Artibonite où s'est tenu un grand festival culturel. Il explique son intérêt.

Dominique Batraville: Pourquoi SOS Patrimoine a-t-il organisé un festival culturel au Palais des 365 portes, à la Crête-à-Pierrot et à Sikrèt du 20 au 22 juillet ?

A20 : SOS patrimoine est un coup de tête utile, un geste de folie nécessaire. L'historique: vers le début du mois de juin, des amis m'ont rendu visite à Petite Rivière de l'Artibonite. C'était pour eux l'occasion d'explorer une ville merveilleuse dont on ne parle pas beaucoup. Ils ont été soumis au rituel de tous les visiteurs, à savoir une visite guidée du palais des 365 portes, du fort de La Crête-à-Pierrot et de la belle plage de la rivière l'Estère appelée Sikrèt. Ils sont ainsi passés de l'indignation à l'émerveillement. Le Palais des 365 portes est quasi découvert, des gens et des bêtes se l'offrent comme lieux d'aisance. A la Crête-à-Pierrot, les canons ont disparu: volés, paraît-il, par des individus et des institutions pirates nationales et étrangères. Le temps d'un petit bain à Sikrèt, la bonne humeur était revenue, le sens du risque aussi : « Il faut faire quelque chose », s'est-on écrié. Et voilà ! Sans financement, sans rien, on a embrayé sur l'idée d'un festival pour attirer l'attention sur cet état de fait. Bien vite, une date était prise. A la guerre comme à la guerre. Et là, nous avons été rejoints par le maire de la ville Lucien Rollin Delva qui n'a pas ménagé ses efforts pour nous aider. Les ministères de la Culture et de la Communication et des Affaires étrangères ont aussi supporté le festival.

D.B: Finalement, ce désir de revaloriser les sites historiques de la Petite Rivière de l'Artibonite s'est concrétisé par l'organisation effective du festival. Comment cela s'est-il passé à la maison du roi ou nan Kay Wa a ?

A20 : Bien sûr, le désir s'est concrétisé. Mais ne nous faisons pas d'illusions. On voulait réaliser un zoomage, on y est arrivé. C'était quand même l'affaire d'un week-end, et une telle démarche n'implique pas la résolution du problème. Elle a permis de marquer un début. Début qui tient essentiellement à la générosité d'un ensemble de personnes auxquelles il conviendra de rendre hommage dans les jours à venir. On ne pourra pas, bien sûr, citer tous les noms, car certaines personnes nous ont rattrapés en route, il faudra du temps pour les identifier toutes.
Pour revenir aux festivités proprement dites : elles ont commencé dans la maison du roi le vendredi 20 juillet à 6h du soir avec une communication titrée Mémoire d'avenir prononcée par le professeur François Anick Joseph et une exposition de peinture par de jeunes peintres rivartibonitiens, élèves pour la plupart de feu Ismael Saintilus ; de neuf heures du soir à deux heures du matin nos musiciens et nos poètes ont offert à l'assistance un spectacle improvisé ; toute la journée du samedi a été consacrée à des visites guidées conduites par Luc-Wans Duvalsaint, ex-maire de la Petite Rivière et coordonnateur du festival ; dans la soirée, on a eu un concert de tambour suivi d'un tour de chant de Tamara Suffren accompagnée des musiciens Wooly Saint-Louis Jean et Junior Dorcélus ; un peu plus tard, des musiciens de la ville ont pris la relève, cette étape a duré presque toute la nuit. Le moment-phare du festival a été le spectacle de Syto Cavé le dimanche 22 à midi à Sikrèt.


D.B. : Peut-on s'attendre à une prochaine édition du festival SOS patrimoine en 2008 ?

A20 : Cela va de soi. L'idée de départ est d'instituer SOS patrimoine. Mais SOS patrimoine doit aller plus loin. Il est appelé à enclencher une dynamique qui fasse du patrimoine rivartibonitien une préoccupation quotidienne. En ce sens, je suis certain qu'avant le prochain festival on aura commencé la restauration du Palais des 365 portes. Notre grand rêve, c'est de créer un musée dans ce palais.

D.B. : Le comité SOS patrimoine a-t-il un calendrier de travail pour le département de l'Artibonite en vue d'en faire une vraie destination touristique ?

A20 : C'est, à l'heure qu'il est, prématuré de parler de calendrier de travail. La question du patrimoine déborde le cadre de la Petite Rivière de l'Artibonite, elle est nationale. Dans ces circonstances, on ne saurait limiter sa sphère d'action. Mais il ne faut pas oublier qu'en ce moment nous ne disposons de rien, nous cherchons tout simplement à faire bouger les choses. Notre voeu serait que dans tout le pays des groupes s'organisent pour sauver le patrimoine, bien entendu sans cette forme de dévoiement endémique qui anéantit tous les élans nobles.

D.B: Le patrimoine historique de la Petite Rivière de l'Artibonite fait partie du patrimoine du grand Nord lié inextricablement à Henry 1er. Qu'en est-il, A20 ?


A20 : Il y a des évidences qu'on ne peut pas réfuter: la Petite Rivière de l'Artibonite héberge le Palais des 365 portes de Christophe appelé communément la maison du roi. C'est dire que mon pays est l'un des points clés de ce qu'on continue à appeler le Grand Nord. Mais évitons de tomber dans des anachronismes, il n'existe pas aujourd'hui de Grand Nord, comme il ne saurait exister de royaume du nord, nous sommes un petit peuple, un petit pays dont la question de la survie se pose en leitmotiv, parlons de préférence de la grande Haïti et essayons de sauver le patrimoine commun.

Propos recueillis par Dominique Batraville

Source
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=46695&PubDate=2007-07-28

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