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mardi 17 juillet 2007

Le Plateau central frappé par la chique

On dénombre plus de 200 cas de chique à Ravine Palme, une localité de Savanette. Maladie de la misère, la chique peut être évitée en portant des chaussures. Tout simplement.
Un vieux chapeau sur la tête, le visage passablement creusé par la misère, Joseph, 50 ans, est assis à l'ombre d'un corossolier sur la cour de l'église de Korosse, une localité de Savanette dans le bas Plateau Central.
Les yeux voilés par une douleur contenue, il se met brusquement à gratter ses talons où des larves arthropodes responsables de la chique ou Tungiase ont élu domicile.
« C'est comme ça. Parfois, je passe des nuits blanches à me gratter », explique-t-il en évitant soigneusement les parties hypersensibles et celles littéralement dépecées par les insectes voraces.
« Les recettes à base de plantes médicinales n'ont été d'aucun secours », déplore-t-il.
En plein conciliabule avec son jeune fils, lui aussi souffrant de la maladie, il est happé par le récit tragique d'un compère : ...les chiques se sont répandues sur tout le corps de ma mère. Et avant de mourir, elles lui ont mangé les yeux ». Le comble pour Joseph, est d'apprendre d'un leader communautaire que dans la seule localité de Ravine Palme où il vit, plus de 200 cas sont dénombrés.

« La Chique, jadis éradiquée à Savanette est revenue au début des années 2000. Sournoise, elle fait des ravages dans la communauté et particulièrement dans les mornes au cours de la saison sèche », poursuit son interlocuteur.« Imagine le quotidien d'une personne atteinte de chique qui doit marcher au moins 4 heures pour trouver de l'eau », dit-il comme pour inviter à la réflexion. Face aux difficultés de ceux qui sont atteints de chique, Ambroise, un sexagénaire, estime que l'Etat n'existe plus.
« J'étais encore en culotte courte quand j'accompagnais le commandant Lobo partout à travers les mornes pour réaliser le recensement des personnes souffrant de « Pian » et de chique afin afin d'être soignées. C'était l'époque où le Dr François Duvalier dirigeait une campagne nationale contre ces maladies », se souvient-il avec nostalgie.« Nous n'avons pas de président dans le pays. Les responsables de l'Etat ne pensent qu'à s'enrichir », maugrée-t-il.Selon le député de Savanette Joseph Louis Joël, le ministère de la Santé publique doit intervenir incessamment à Savanette, à Boucan Carré, à Thomonde et à Cerca Cavajal où des cas de chique sont signalés.Le parlementaire qui a organisé le vendredi 13 juillet 2007 une distribution de chaussures (boyo) dans sa circonscription en présence de M. Jean Alix Boyer, directeur général du Ministère des Affaires sociales, estime que son intervention n'est qu'un palliatif.« L'idéal serait de soigner ces gens », déclare-t-il.

Susceptible d'entraîner la paralysie, la chique, une maladie de la misère que l'on peut éviter en portant des chaussures révèle l'état d'urgence de bon nombre de nos compatriotes de l'arrière-pays, du « pays en dehors ».
Du reste, Joseph et ceux qui risquent d'être paralysés ou même de mourir à cause de ce mal veulent croire à l'existence de l'Etat et de la notion de solidarité. Tout simplement...
Roberson Alphonserobersonalphonse@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=46251&PubDate=2007-07-16

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