Une agréable saveur locale...Même s'il n'a pas grand-chose à offrir au visiteur, le paysan haïtien dispose très souvent d'une bonne tasse de café à lui proposer. Le délicieux produit local est apprécié ici et un peu partout à travers le monde.
Haïti dispose à l'heure actuelle de 100 000 hectares de terres plantés en caféiers, soit 3,6 % du territoire national. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée sur le café en 2005 par la Banque Interaméricaine de Développement (BID) de concert avec le ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARDNR). Cette étude a aussi révélé que les caféières assurent jusqu'à présent la plus grande couverture boisée du pays, soit 12,1 %. Les petits agriculteurs, les véritables acteurs.
La culture du café intéresse beaucoup les Haïtiens. Le nombre de familles haïtiennes impliquées dans ce secteur s'élève à 200.000. La plupart d'entre elles se regroupent en associations ou en coopératives. Citons, entre autres, le Réseau des Coopératives de Café des régions du Nord (RECOCARNO), la Fédérations des Associations caféières natives (FACN) dans la Grand'Anse et le Sud-Est, la Coopérative des Planteurs de café de l'arrondissement de Belle-Anse (COOPCAB) dans le Sud-Est et la CAP dans le Plateau central.Ces organisations ont pratiquement remplacé, depuis une dizaine d'années, les grands exportateurs traditionnels et leur armée de spéculateurs qui ont fait faillite. Elles s'occupent particulièrement du soutien financier et technique des coopératives de production et du conditionnement des cerises de café, appelé encore café vert, jusqu'au produit fini. Mais ceux qui connaissent la fatigue des champs, les détours du processus de transformation, ce sont les petits agriculteurs, particulièrement les femmes. Elles s'occupent en général des trois premières étapes du traitement : la cueillette, le lavage et le triage. A la Coopérative agricole caféière Gabart Levaillant (CACGAVA), dans la commune de Dondon, il n'y a que des femmes à s'occuper du triage du café. Mélany Lindor y travaille depuis plus d'une vingtaine d'années. C'est son gagne-pain quotidien et celui de ses enfants. Le 15 mars 2007, elle était au rendez-vous à la CACGAVA. Le triage, c'est sa spécialité. « Je suis habituée à ce travail, dit-elle. Des fois j'amène mes enfants, je les initie au métier qui leur donne à manger », explique la femme agriculteur, sélectionnant les mauvaises fèves dans un van (layé) avant de soumettre le produit aux responsables de l'atelier. Du jardin caféier à la tasse.
Le café qu'on déguste à la maison ou qu'on exporte vient de loin. Le café cerise est, après la cueillette, dépulpé, fermenté; puis lavé et séché à 12 degré d'humidité. Il est ensuite acheminé vers un centre de traitement. Là, on le décortique, le trie à nouveau avant d'être emballé pour l'exportation. Le café naturel, appelé encore café pilé, préparé traditionnellement par le paysan, est vendu sur le marché local, ou en République dominicaine.Les choses ne sont pas faciles.
La culture du café local n'est pas chose facile pour les producteurs, selon l'ingénieur-agronome Eddy Victor, agent de liaison attaché à RECOCARNO. De nombreuses difficultés accompagnent le processus. Souvent, le paysan, au moment de la cueillette, constate avec peine que sa récolte est à moitié perdue. « Les caféiers, en effet, sont souvent attaqués par des insectes, notamment la scolyte et les pourridiés », explique l'agronome. Longues de 5 mm, les scolytes sont des insectes coléoptères très nuisibles. Elles creusent des galeries dans les caféiers qui entravent ainsi la croissance de la plante. Les pourridiés sont des champignons parasites. En affectant les racines du caféier, ils entrainent souvent la mort de la plante. Entre autres, les saisons pluvieuses n'offrent pas trop d'avantage au caféier. Des fois, trop de pluie fait tomber les cerises de café avant même d'arriver à maturation.
Les contraintes continuent après la cueillette. Les producteurs ne disposent pas assez de matériel pour le séchage adéquat du café naturel ou lavé. Le plus fort du café haïtien, bien qu'intrinsèquement bon, perd sa qualité à cause des mauvaises conditions de préparation.
Les cyclones et leurs effets dévasteurs tuent les jardins caféiers. Selon l'agronome Paul Duret, spécialiste en production de café, d'autres facteurs internes ont contribué à la baisse de la production du café en Haiti: les besoins économiques pressants des agriculteurs, par exemple. Ces derniers ont tendance à remplacer des jardins caféiers par des plantations de haricots qui donnent des revenus en trois mois, tandis que le caféier doit attendre quatre ans. Le prix des haricots connaît au niveau local une hausse vertigineuse.
Par-dessus tout, le problème dans la commercialisation du café reste et demeure au niveau des prix. Le ''Haitian blue'', en dépit de sa reconnaissance internationale depuis 2001, n'améliore pas la situation des producteurs de café parce qu'il n'est pas produit en quantité suffisante (3 500 sur les 400 000 sacs de la production annuelle). De plus, durant ces quatre dernières années, les prix ont baissé sur le marché international.
De ce fait, la dégradation de la filière a atteint son point culminant en 2005 avec la disparition quasi totale du système bancaire traditionnel. Tout cela a diminué le volume de la production. L'étude de la BID sur le café haïtien en 2005 rapporte que la production est passée de 600 000 sacs de 60 kg en 1950 à moins de 400 000 en 2004. Et les exportations ont chuté de 60 %, passant de 27 000 Tonnes métriques en 1950 à 11 000 Tonnes métriques en 2005.
Le café local a de grands atoutsLe café local a, malgré tout, de grands atouts et constitue un créneau de production pour le pays. Le secteur dispose de ressources humaines qualifiées, des ressources matérielles suffisantes capables de relancer la production caféière.
Cette idée de relance du café local, en effet, a déjà suscité, depuis ces dernières années, un regain d'activités dans ce secteur. De plus en plus, les organisations s'unissent entre elles. Des cadres compétents s'engagent dans le domaine. Des ingénieurs-agronomes, techniciens en agriculture, producteurs et agriculteurs, depuis ces dernières années, conjuguent leurs efforts pour relancer la filière. Ils ont implanté plusieurs structures pour la promotion et la valorisation du café local, dont l'Institut national du Café haïtien (INCAH).
Les 23 et 24 mars 2007, à Limonade, sous les auspices du programme PRIMA de l'Union européenne, l'ONG Vétérimed a organisé un colloque régional sur la production agricole, notamment le café, avec les acteurs de ce secteur. " Le café local est comparable et est souvent comparé au Blue Mountain (café jamaïcain, réputé pour sa qualité), lance élogieusement l'agronome Paul Duret.
Le café local attire les exportateurs internationaux Plus de 200.000 exploitants travaillent dans le domaine. La qualité améliorée, le produit est devenu plus compétitif sur le marché national. Et les exportateurs internationaux ne cessent de faire la cour au café local. Le café naturel est exporté aux Etats-Unis et dans certains pays de l'Union européenne. Le café naturel est exporté en République dominicaine et le café lavé expédié vers d'autres pays comme: Japon, Taïwain, Angleterre... Ceci, grâce aux efforts considérables des entreprises de production, notamment la FACN, le RECOCARNO, la COOPCAB et d'autres structures évoluant dans le secteur.
Selon le Laboratoire des relations haitiano-dominicaines (LAREHDO), en combinant les chiffres des exportations officielles (5 millions de dollars américains par année) et ceux des exportations informelles vers la République dominicaine (5 à 10 millions de dollars par année), le café constitue encore aujourd'hui la première denrée agricole d'exportation du pays.
Le café, très apprécié pour sa qualité, constitue une source génératrice de devises, selon l'agronome Jean Luckner Bonheur, spécialiste en appui aux organisations de producteurs de café. Redynamiser le secteur, en supportant les entreprises de production et de transformation, en faisant la promotion de la perle noire haïtienne, rapportera gros au pays.
Jean Max St Fleurtmaxner@yahoo.fr
Jounal Le Nouvelliste sur http://www.lenouvelliste.com
Note:
Ou est passé notre fameux label Saint Marc extra choix posé jadis sur les sacs de café?
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 2 avril 2007
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