Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 14 janvier 2013
La Cour des comptes juge l’aide française à Haïti
Dévoilé par La Croix, un rapport de la Cour des comptes paru le vendredi 11 janvier dresse le bilan de l’aide française, trois ans après le séisme du 12 janvier 2010.
Le rapport juge plutôt favorablement la réaction des autorités et le travail des ONG françaises tout en soulignant que des améliorations demeurent nécessaires.
Trois ans tout juste après l’effroyable séisme qui a provoqué la mort de plus de 220 000 personnes à Haïti, le 12 janvier 2010, un rapport de la Cour des comptes, que dévoile La Croix en exclusivité, fait le point sur l’aide apportée par la France aux populations sinistrées.
À l’issue d’un travail mené depuis dix-huit mois et nourri de deux missions sur place, les magistrats livrent des conclusions globalement favorables aux acteurs de l’aide humanitaire.
En ce qui concerne les services de l’État, la Cour des comptes n’a pas noté de défaillance manifeste. Le rapport salue même la « réactivité » des différents intervenants et se félicite du travail de coordination mené par la « cellule de crise » du Quai d’Orsay et du savoir-faire des gendarmes français déployés sur place.
UN ÉCART ENTRE LES ANNONCES ET LA RÉALITÉ DES AIDES DÉBLOQUÉES
Reste tout de même des constats moins enthousiastes. La Cour déplore notamment que, durant la phase d’urgence, la coordination sur place ait« présenté les mêmes faiblesses » que celles relevées lors de rapports publiés après le tsunami ayant frappé l’Asie du Sud-Est en 2004. Cette remarque vise les réticences de certains services de la sécurité civile à se placer sous l’autorité de l’ambassadeur.
La Cour regrette aussi l’écart existant entre « effets d’annonce et réalité des chiffres » à propos des aides promises par les autorités françaises à Haïti. Alors que « l’aide supplémentaire était censée se monter à 326 millions d’euros », la France n’en a finalement versé que la moitié (153 millions). « Cette différence s’explique par le fait que l’annonce initiale intégrait des décisions financières prises en faveur d’Haïti avant le séisme », notamment des annulations de dettes de plus de 50 millions d’euros, a calculé la Cour.
Au final, l’aide publique française apportée à Haïti représente 2 % du total des sommes versées par la communauté internationale pour les opérations d’urgence et de reconstruction.
LES FONDS COLLECTÉS PLUTÔT BIEN SUIVIS PAR LES ONG
Coté ONG, l’apport français s’est révélé plus important. En fournissant 240 millions d’euros d’aides, dont 87 millions issus de dons des particuliers, les ONG françaises ont contribué pour 12 % du total de l’aide privée mondiale.
La Cour des comptes, chargée de surveiller les institutions faisant appel à la générosité publique, s’est penchée sur les résultats obtenus par les plus grosses associations qui ont récolté à elles seules 80 % des dons : la Fondation de France (26 millions d’euros), le Secours catholique (13,4), la Croix-Rouge (10,3) ainsi que Unicef-France, Action contre la faim, le Secours populaire et MSF.
Le rapport estime que ces grandes associations ont « globalement respecté leurs obligations en matière de suivi de fonds collectés et d’information des donateurs ». Un jugement bien plus clément que celui émis lors d’un rapport similaire consacré à l’aide envoyé après le tsunami asiatique, où certaines ONG avaient dépensé des sommes pour des programmes différents de ceux mis en avant dans leurs appels.
AMÉLIORER LA TRANSPARENCE
Les magistrats financiers jugent toutefois que la transparence financière doit encore être améliorée et émettent des remarques sur certaines pratiques. Le rapport rappelle ainsi aux associations qu’elles ont l’obligation de bien préciser, lors de chaque appel à la générosité, la part de la somme réellement utilisée sur place et celle qui couvrira le coût de collecte des dons.
Ces frais restent parfois minimes (0,4 % pour le Secours catholique), tournent généralement autour de 5 à 8 % et peuvent parfois atteindre des proportions plus importantes, culminant à plus de 10 % pour l’Unicef France.
VERS LA FIN DES ADOPTIONS DIRECTES
Le rapport de la Cour des comptes revient également sur la polémique créée par les demandes de familles françaises de hâter le départ vers la France des enfants haïtiens en cours d’adoption après le séisme de 2010. Jugeant les critiques émises contre le ministère des affaires étrangères infondées, la Cour estime que celui-ci a agi « dans l’intérêt des enfants et des familles ».
Surtout, les rapporteurs estiment que « la catastrophe haïtienne illustre les difficultés supplémentaires que crée l’usage de la procédure d’adoption individuelle », où les parents effectuent eux-mêmes les démarches, sans passer par des organismes officiels. Le rapport demande la fin de cette procédure, rappelant que la convention de la Haye, ratifiée par la France, recommande sa suppression progressive.
MATHIEU CASTAGNET
http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/La-Cour-des-comptes-juge-l-aide-francaise-a-Haiti-_NG_-2013-01-10-897648
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