Dimanche 29 août 2010 Par Myrtha Gilbert *
Soumis à AlterPresse le 27 aout 2010
C’est avec stupeur et indignation que j’ai reçu l’information relative à l’inauguration d’une bibliothèque affublée du nom de Rosalie Bosquet-Mme Max Adolphe, personnage de triste mémoire dans l’histoire récente de notre peuple. Ce projet fut conçu par la sénatrice du Plateau Central, Edmonde Supplice Beauzile.
Au nom des milliers de victimes de la barbarie duvaliériste, je dénonce de toutes mes forces, cette honteuse tentative de réhabilitation du macoutisme, du crime et du terrorisme d’Etat, dans ses plus sinistres représentants, un bourreau de l’acabit de Madame Max Adolphe, de son nom de jeune fille, Rosalie Bosquet.
Quel modèle veut donc présenter Mme Beauzile à notre jeunesse en pleine perte de repères ? Les icones du crime, du sadisme, de la démence répressive ?
La sénatrice a-t-elle rappelé à l’occasion, le rôle joué par Mme Max Adolphe durant la dictature trentenaire ?
Quand papa doc lui confia au tout début de son régime, l’organisation de l’incendie criminelle du quartier de la Saline pour créer les masures de Cité Simone et faire place nette à la jeune sous-traitance. Sinistre au cours duquel des bébés furent brûlés vifs.
Quand elle fut nommée chef macoute de Fort-Dimanche (fò lanmò), où fut englouti les rêves les plus chers du peuple haïtien, pendant que Rosalie l’infâme et sa bande de bourreaux et de tortionnaires torturaient des patriotes, des révolutionnaires, de simples citoyens ramassés au hasard, les laissaient pourrir dans leurs geôles infectes ou les exécutaient dans les bayahondes, sans épargner ni les mères ni leurs bébés.
Quand cette sadique, n’a pas hésité, sous le regard atterré de macoutes et militaires, à transformer en torche vivante, sur la cour de Fort-dimanche, une femme, présumée maîtresse de son mari Max Adolphe.
Quand pour se moquer du savoir et des nombreux intellectuels patriotes, le régime duvaliériste la propulsa, directrice de la bibliothèque nationale ; haut lieu du savoir, qu’elle abandonna aux intempéries, causant la perte d’innombrables volumes et dont les salles de lecture furent souvent transformées en dortoir pour les pauvres paysans, arrachés de leurs bourgs et de leurs sections pour prendre part aux mascarades organisées par le régime.
Rosalie l’infâme reste et demeure, un pilier du régime des ténèbres duvaliéristes, un être ignoble, un assassin qui n’a sa place que dans les poubelles de l’histoire.
Des modèles véritables, devant servir de guide à notre jeunesse, oui nous en avons. Il s’agit de ceux qui continuent contre vents et marée à lutter la tête haute et sans compromissions, pour une société haïtienne plus juste et aussi, et combien, ces patriotes et révolutionnaires généreux et courageux, qui ont offert leur vie en holocauste pour la cause de la libération du peuple haïtien.
Citons de mémoire : Rosette Bastien, Gérald Brisson, Marie José Féval, Henry Claude Daniel, Julien Silaire, Jean-Jacques Dessalines Ambroise, Mario Rameau, Rony Lescouflair, Yanick Rigaud, Guy Lomini, Raymond Jean-François et tant d’autres.
Honneur et Gloire à nos héros et nos martyrs !
Patriotes haïtiens soyez vigilants ! Le ventre de la bête immonde qui a accouché des ténèbres du fascisme duvaliérien est encore fécond !
* Chercheure, éducatrice, militante
http://www.alterpresse.org/spip.php?article9912
Commentaires:
Lors d'un récent voyage en Haïti, nous avions été conduits vers le Plateau Central. Histoire de voir le travail prioritaire du gouvernement de Preval qui consiste à vue d'oeil, à désenclaver certaines régions. Nous avions été éblouis par le réseau routier qui conduit au plateau central. Vous vous direz que le mot est fort: ébloui!
Ce fut en fait le cas pour moi car je me rappelle que quelques années auparavant (1999) nous avions mis sept heures pour arriver à Hinche. Et en 4x4, s'il vous plaît. Là, de Tabarre à Mirebalais nous avions mis un peu moins d'une heure!
Après nous avions vu la route en construction qui passe par Saut d'eau, Lascahobas, pont sondé etc... Nous avions eu envie de dire que c'est du bon boulot.
En arrivant à Mirebalais certes, nous avions aperçu l'immeuble de la bibliothèque locale portant les traces des lettres qui composent le nom de cette dame.
Nous avions eu à faire une réflexion à ce sujet mais puisque nos interlocuteurs étaient des français le sujet n'a pas été trop retenu parmi les sujets multiples de conversation.
Cependant nous croyons que la triste mémoire de ces gens ne devrait pas faire l'objet d'évocation qui tendrait à les sublimer. Peu importe les apports de ces personnages en faveur de leur communauté, l'ère du makoutisme doit être rappelé comme un vrai mauvais souvenir.
Il faut aussi se rebeller contre ceux qui ont eu à comparer les derniers chefs d'état que le pays a connus et qui ont fini par dire que Jean Claude Duvalier a été le meilleur président des cinquante dernière années.
Personnellement j'ai l'habitude de dire, quand on veut lancer une comparaison entre Aristide, et Jean-Claude c'est comme si on vous demandait de choisir entre deux lots d'excrément celui qui sent le moins mauvais.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 30 août 2010
Haiti-Mémoire : Non à la réhabilitation des criminels !
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