Dominique Goudreault, Le Nouvelliste.-
(Trois-Rivières) À voir le buzz médiatique entourant la candidature de Wyclef Jean à la présidence d'Haïti, on pourrait croire que la population entière du pays s'est entichée du chanteur devenu politicien. Certaines personnes émettent toutefois des réserves face à l'ancien membre des Fugees. Parmi elles, on retrouve Claude Bélizaire, Haïtien arrivé dans la région il y a 45 ans.
«Pour être honnête, je dois avouer que je connais peu la musique de cette personne. À mon âge, on ne peut pas dire que je fais partie de la génération hip-hop», indique dès le départ l'ancien professeur de latin, d'histoire et d'économie du Collège Marie de l'Incarnation. Celui-ci connaît la vie politique d'Haïti par contre.
Du charisme et de la popularité, nul ne peut douter que Wyclef Jean en possède. «Lorsqu'il descend dans les quartiers défavorisés de Port-au-Prince, il est accueilli en héros par les jeunes de la rue.» Le Trifluvien d'adoption demeure aussi convaincu de l'amour que porte le candidat présidentiel à la perle des Antilles. «Tout le monde sait que Wyclef Jean est un fervent amoureux de son pays et du peuple haïtien, il l'a démontré à de nombreuses reprises.» Toutefois, Claude Bélizaire doute que ces qualités humaines suffisent pour devenir un chef d'État.
Le candidat devra tout d'abord être accepté par le Conseil électoral provisoire et prouver que sa seule nationalité est haïtienne, car la constitution interdit la double nationalité. Même si l'artiste a émigré aux États-Unis à l'âge de neuf ans, celui-ci compte se servir du titre d'ambassadeur de «bonne volonté» que lui a décerné René Préval en 2007 pour faire valoir son statut de citoyen haïtien.
Le candidat devra ensuite se démarquer de la vingtaine d'autres aspirants à la présidence. Un nombre trop élevé selon Claude Bélizaire, mais inévitable. «Il y a de plus en plus de candidats à chaque élection, mais c'est le cas de tous les pays fragiles où le monde politique est en miettes.»
L'apprenti-politicien devra aussi miser sur un programme électoral plus consistant qu'en ce moment. «Il parle des carences en éducation, des problèmes de santé, du manque d'investissements dans l'économie, etc. Il répète exactement les mêmes promesses que les autres. En même temps, comment pourrait-il parler d'autres choses que ce dont Haïti manque cruellement?» se demande le professeur retraité.
Wyclef Jean a été entaché par une histoire de malversations financières cette année, dans le cadre de sa fondation Yélé Haïti. Des journalistes américains ont dénoncé le fait que le chanteur ait reçu des centaines de milliers de dollars en cachet pour un spectacle supposément bénévole. Toutefois, Claude Bélizaire ne croit pas que la population s'en formalisera lors du jour du vote. «Les gens qui n'ont pas l'expérience de la vie démocratique n'accordent pas autant d'importance à l'honnêteté de leurs leaders.»
Malgré les zones grises de son histoire, Wyclef Jean continue de promettre un État au service des masses. «Tous les politiciens l'ont dit lors de leurs campagnes, «je serais plus propre qu'un tel ou un tel». Pourtant, personne n'a jamais attaqué la gangrène de cette société, la corruption. Personnellement, j'ai un devoir de réserve face à n'importe quel candidat à la présidence haïtienne», explique M. Bélizaire.
Dans l'éventualité où il emporterait le suffrage de ses concitoyens, l'ancien chanteur des Fugees n'aurait toujours pas les coudées franches pour mener ses réformes. «Le Parlement ne sera pas entièrement renouvelé lors des prochaines élections. L'élu devra alors composer avec un lot de pommes pourries dans le panier législatif. Le vrai changement devra partir de la base jusqu'au sommet», expose le passionné de politique.
Par charité chrétienne, Claude Bélizaire souhaite bonne chance à Wyclef Jean dans sa nouvelle entreprise, content de le voir éveiller la conscience démocratique des jeunes. N'empêche qu'il garde quelques réserves: «nous sourions devant ce qui se passe là-bas, un sourire peut-être jaune me direz-vous, mais un sourire quand même».
http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/201008/07/01-4304668-entre-lespoir-et-le-scepticisme.php
Du charisme et de la popularité, nul ne peut douter que Wyclef Jean en possède. «Lorsqu'il descend dans les quartiers défavorisés de Port-au-Prince, il est accueilli en héros par les jeunes de la rue.» Le Trifluvien d'adoption demeure aussi convaincu de l'amour que porte le candidat présidentiel à la perle des Antilles. «Tout le monde sait que Wyclef Jean est un fervent amoureux de son pays et du peuple haïtien, il l'a démontré à de nombreuses reprises.» Toutefois, Claude Bélizaire doute que ces qualités humaines suffisent pour devenir un chef d'État.
Le candidat devra tout d'abord être accepté par le Conseil électoral provisoire et prouver que sa seule nationalité est haïtienne, car la constitution interdit la double nationalité. Même si l'artiste a émigré aux États-Unis à l'âge de neuf ans, celui-ci compte se servir du titre d'ambassadeur de «bonne volonté» que lui a décerné René Préval en 2007 pour faire valoir son statut de citoyen haïtien.
Le candidat devra ensuite se démarquer de la vingtaine d'autres aspirants à la présidence. Un nombre trop élevé selon Claude Bélizaire, mais inévitable. «Il y a de plus en plus de candidats à chaque élection, mais c'est le cas de tous les pays fragiles où le monde politique est en miettes.»
L'apprenti-politicien devra aussi miser sur un programme électoral plus consistant qu'en ce moment. «Il parle des carences en éducation, des problèmes de santé, du manque d'investissements dans l'économie, etc. Il répète exactement les mêmes promesses que les autres. En même temps, comment pourrait-il parler d'autres choses que ce dont Haïti manque cruellement?» se demande le professeur retraité.
Wyclef Jean a été entaché par une histoire de malversations financières cette année, dans le cadre de sa fondation Yélé Haïti. Des journalistes américains ont dénoncé le fait que le chanteur ait reçu des centaines de milliers de dollars en cachet pour un spectacle supposément bénévole. Toutefois, Claude Bélizaire ne croit pas que la population s'en formalisera lors du jour du vote. «Les gens qui n'ont pas l'expérience de la vie démocratique n'accordent pas autant d'importance à l'honnêteté de leurs leaders.»
Malgré les zones grises de son histoire, Wyclef Jean continue de promettre un État au service des masses. «Tous les politiciens l'ont dit lors de leurs campagnes, «je serais plus propre qu'un tel ou un tel». Pourtant, personne n'a jamais attaqué la gangrène de cette société, la corruption. Personnellement, j'ai un devoir de réserve face à n'importe quel candidat à la présidence haïtienne», explique M. Bélizaire.
Dans l'éventualité où il emporterait le suffrage de ses concitoyens, l'ancien chanteur des Fugees n'aurait toujours pas les coudées franches pour mener ses réformes. «Le Parlement ne sera pas entièrement renouvelé lors des prochaines élections. L'élu devra alors composer avec un lot de pommes pourries dans le panier législatif. Le vrai changement devra partir de la base jusqu'au sommet», expose le passionné de politique.
Par charité chrétienne, Claude Bélizaire souhaite bonne chance à Wyclef Jean dans sa nouvelle entreprise, content de le voir éveiller la conscience démocratique des jeunes. N'empêche qu'il garde quelques réserves: «nous sourions devant ce qui se passe là-bas, un sourire peut-être jaune me direz-vous, mais un sourire quand même».
http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/201008/07/01-4304668-entre-lespoir-et-le-scepticisme.php
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