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samedi 27 février 2010

En Haïti, Lula da Silva réaffirme l'engagement du Brésil

LE MONDE | 26.02.10 | 14h21  •  Mis à jour le 26.02.10 | 14h21
A la tête de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) et fort du plus gros contingent de casques bleus (2 200 hommes), le Brésil exerce dans ce pays depuis 2004, et à la satisfaction générale, ses prérogatives de puissance émergente aspirant à un grand rôle international.
La catastrophe du 12 janvier l'a conforté dans sa volonté de rester en Haïti le principal "faiseur de paix" dans une société trop longtemps politiquement déchirée, mais aussi de devenir un maître d'oeuvre ambitieux et généreux de la reconstruction. Tel est le message qu'a transmis le président Luiz Inacio Lula da Silva à son homologue René Préval, jeudi 25 février, lors d'une visite officielle (la troisième depuis l'engagement brésilien) de quelques heures, à Port-au-Prince.
Le président Lula a assuré "le camarade Préval" que le Brésil ferait tout ce qui est en son pouvoir pour aider Haïti "en accord avec le gouvernement légitime" de ce pays qu'il "faut renforcer". Et surtout qu'il modulerait son assistance : "C'est à Haïti de dire ce qu'on doit faire, où le faire, et comment."
Il a également exhorté les créditeurs internationaux d'Haïti, notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, à annuler leur dette, estimée à 1,3 milliard de dollars (958 millions d'euros) : "Ce pardon de la dette ne suffira pas à satisfaire tous les besoins d'Haïti, mais il lui permettra de recevoir de nouvelles lignes de crédit."
En attendant, il y a les urgences, que M. Lula da Silva a pu mesurer lors de la visite d'un quartier en ruines et du survol en hélicoptère de la capitale : "La situation est bien plus grave que je ne l'imaginais." Il faut déblayer les montagnes de décombres, tâche qui équivaut, selon les experts, à remplir un millier de camions pendant mille jours.
Centrale hydroélectrique
Il faut surtout trouver un abri pour les quelque 2 millions de personnes sans toit ou qui n'osent pas réintégrer un domicile jugé peu sûr. Pour l'instant, 1,2 million d'habitants ont récupéré un abri précaire, sous une tente ou des bâches. Pour les autres, le temps presse à l'approche de la saison des pluies. Le gouvernement haïtien, avec l'accord du Brésil, privilégie, conformément aux voeux de la population, la création de campements abritant de 50 à 100 familles.
Aucun des deux présidents n'a évoqué publiquement le différend qui se profile quant à l'avenir de la Minustah. Le Brésil souhaite que cette force, amenée à durer sous son autorité accrue, obtienne pour mission de "reconstruire" le pays, et non plus seulement de le "stabiliser", objectif un peu périmé depuis le 12 janvier. Le chef de la Minustah, le Guatémaltèque Eduardo Mulet, s'oppose à cette transformation.
Le Brésil et Haïti ont signé jeudi plusieurs accords concernant l'agriculture, l'éducation, la formation professionnelle et la capture des eaux de pluie. Avant sa visite, M. Lula avait confirmé que des entreprises brésiliennes construiraient à Haïti une centrale hydroélectrique dont l'étude est en cours, à 60 km de Port-au-Prince, et qui satisfera les besoins en énergie de 600 000 personnes. Un projet durable, typique de la reconstruction que le président brésilien souhaite pour ce pays meurtri.
Jean-Pierre Langellier

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