Les députés du CPP ont monnayé leur vote, selon le député Dorson Jean Beauvoir. Jacques-Edouard Alexis serait derrière ces manœuvres politiciennes ayant fait obstacle à la ratification de Pierre Ericq Pierre. Est-ce un affrontement à distance entre Préval et Alexis ?
Le député Dorson Jean Beauvoir a révélé que des députés du CPP (Concertation des Parlementaires Progressistes), tombeurs du Premier ministre désigné Pierre Ericq Pierre, ont, à travers des maires, des Casecs et des organisations bidons de leurs circonscriptions, obtenu de la Primature, à l'initiative de Jacques Edouard Alexis, des chèques allant de 400 000 à 600 000 gourdes pour financer des projets fictifs, dont la réhabilitation d'écoles.
« Quand il y a eu des scandales, des grognes autour du caractère sectaire de cette affaire, on a donné des chèques à d'autres députés qui ne sont pas membres du CPP », a indiqué, à l'édition du journal « Tout nouvel » de Magic 9, le député Dorson, président de la commission chargée d'étudier les pièces de Pierre Ericq Pierre.
« Ce sont des accusations gratuites. Il faut faire de la politique autrement », a rétorqué le député Gasner Douze du CPP.
« A la primature, il y a une liste de projets. Cela ne date pas d'aujourd'hui », a ajouté Gasner Douze qui rejette ces accusations de favoritisme et de corruption. « C'est normal. Les fonds ont été débloqués. Il faut maintenant vérifier sur le terrain si les travaux sont réalisés », a-t-il dit.
Le vote des 51 députés du CPP ayant mis fin à cette nouvelle aventure de Pierre Ericq Pierre, 63 ans, n'a surpris personne. La décision était arrêtée, croit plus d'un.
Ericq Pierre, visions et désillusions
Vraisemblablement indifférent et étranger au jeu politique fait de tractations, M. Pierre avait, dans un entretien à l'Associated Press, dévoilé ses cartes. « Je veux dire à tout le monde que je ne suis pas ici pour être Premier ministre à tout prix. Nous devons nous asseoir et discuter de ce que nous pouvons faire pour le pays.»
Le Premier ministre débouté avait confié « qu'il faut se concentrer sur des stratégies, sur le long terme afin d'aider des millions d'Haïtiens à sortir de la misère qui s'est considérablement aggravée suite à la flambée des prix des produits alimentaires ».
L'agronome Pierre Ericq Pierre, présenté comme un « banquier international », avait, selon l'AP citée par le quotidien Miami Herald, promis d'appuyer la politique du président René Préval d'augmenter la production agricole nationale et de créer des emplois en vue de faire face à l'augmentation des prix des produits alimentaires qui a provoqué des manifestations meurtrières au début d'avril.
« Les priorités pour ce pays sont très claires : combattre la cherté de la vie et créer des emplois. Emplois, emplois et emplois, avait-t-il martelé. Cela prendra des décennies avant que le pays ait les ressources nécessaires pour faire face à la pauvreté. »M. Pierre, désigné quelque 15 jours après le renvoi de Jacques-Edouard Alexis le 12 avril, avait à tort estimé, dans un grand rire, qu'il avait 50 % de chance d'être ratifié par la Chambre des députés.
Selon les prescrits de la Constitution de 1987, le président doit maintenant désigner un autre Premier ministre en consultation avec les présidents des Chambres au Parlement.
Dans les salons, les noms des « preministrables» circulent sur fond de dépit en raison des stratagèmes utilisés pour débouter M. Pierre Ericq Pierre alors que la population haïtienne souffre de la faim. Entre-temps, beaucoup estiment que René Préval et Jacques Edouard Alexis, par pions interposés, s'affrontent sur les restes de la Plate-forme Lespwa. Au grand dam de tous.
Roberson Alphonse
robersonalphonse@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=57422&PubDate=2008-05-13
Commentaires :
Il suffit d’être haïtien, haïtien natif-natal pour être plus clair, pour savoir que les données de cet article ne rapportent pas des accusations infondées. Nous savons mieux que bien qu’il n’y a jamais de fumée sans feu.
Chez nous cette maxime est encore plus et toujours vérifiée. Il ne faut surtout pas attendre à ce qu’une commission interne aboutisse avec des investigations sur le sujet. « Le brassage » est tout ce qui importe au niveau du savoir-faire politique haïtien.
Les négociations les plus importantes pour la bonne marche du pays se cantonnent souvent à une simple distribution de postes dans l’administration. Aucun débat autour d’un programme politique. Pourquoi on s’emmerderait à élaborer un Projet ou un programme de gouvernement puisque le citoyen haïtien n’en demande pas autant ?
Tous les haïtiens sont convaincus que les députés sont réputés pour tirer leur épingles du jeu au détriment de tout ce qui intérêt national.
Avec un parlement composé d’éléments de cet acabit quelle démocratie pourra-t-on construir.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 14 mai 2008
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