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dimanche 16 décembre 2007

De Marseille en Haïti, leçons de santé publique par internet


Author: AFP posted on: Sat, 15 Dec 2007
MARSEILLE, 15 déc 2007 (AFP) -
"Le son est bon? on y va": derrière son bureau de la faculté de médecine de Marseille, le professeur Marius Fieschi branche une simple webcam pour donner son cours à des étudiants du monde entier, de Madagascar ou du Mali jusqu'en Haïti.
"Nous avons commencé il y a trois ans, nous étions alors les seuls à pratiquer un enseignement entièrement conçu pour l'internet: c'est un projet pédagogique global", explique le Pr Fieschi, 60 ans, spécialiste de santé publique et d'informatique médicale qui a notamment lancé le Dossier médical personnel.
Le système avait été élaboré depuis dix ans par son Laboratoire d'enseignement et de recherche sur le traitement de l'information médicale (LERTIM), qui propose un master Expertise et ingénierie des systèmes d'information en santé.
"Ce n'est pas de l'enseignement par correspondance ou simplement un site où l'on va chercher des documents, insiste le Pr Fieschi. Je fais cours, mes étudiants posent des questions via un +chat+ permanent ou prennent la parole grâce aux technologies mises en oeuvre sur notre plateforme".
55 étudiants, surtout des médecins avec une moyenne d'âge de 34 ans, sont inscrits au master cette année, dont 25 soutenus par l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) à raison de 700 euros sur les 1.000 que coûte le master en formation continue.
Beaucoup vivent en Afrique francophone, certains en France. Cette formation évite des frais de voyage ou séjour et permet de continuer à travailler. De même pour les enseignants: l'un a continué son cours depuis Boston durant une mobilité.
"Je recommande cette formation aux Africains pour leur éviter toutes les galères liées à leur déplacement sur l'Europe pour acquérir du savoir", dit un médecin malien diplômé l'an dernier.
Il suffit d'un ordinateur doté d'un navigateur gratuit comme Firefox et d'une ligne internet haut débit. Seul le contrôle des connaissances se fait hors internet, dans les centres de l'AUF à l'étranger ou à la faculté de médecine de Marseille.
Dans ce système à l'accès sécurisé, chaque étudiant a son bureau virtuel et peut consulter les documents numérisés de la bibliothèque universitaire, en particulier des milliers de revues scientifiques, ainsi que les supports de cours et corrigés.
Des "chats" et un forum permettent les contacts. Une dizaine de tuteurs - des étudiants "seniors" - aident les élèves, dont les questions les plus intéressantes suscitent des réponses facilement téléchargeables en courts podcasts. Pour les cours eux-mêmes, il faut être au rendez-vous.
"Je m'attendais à une plateforme de travail plus ou moins opérationnelle et conviviale, ça été le bluff complet", commente un médecin français qui s'est lancé cette année dans le master sans lâcher son cabinet.
Tous les étudiants ont été sélectionnés sur dossier, à raison d'un sur plus de trois demandes. "Je veux que le niveau soit celui d'un bon master, on ne va pas le dégrader parce qu'il se fait à distance", insiste le Pr Fieschi.
Personne n'a encore abandonné face aux difficultés techniques - coupures d'électricité fréquentes en Afrique, débit internet insuffisant - ou aux aléas professionnels.
Mais dès qu'il le peut, le Pr Fieschi rencontre "en vrai" ses étudiants lors de voyages professionnels. Et pour lui, l'enseignement à distance "ne peut s'imposer comme solution unique, surtout en médecine".
lch/ca/dv

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