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dimanche 16 décembre 2007

Les mangues franciques méritent un meilleur traitement

Le traitement des mangues de variété francique à l'eau chaude est important mais ne suffit pas pour combattre les larves des mouches de fruits qui les infestent, selon des techniciens en production agricole. Ces derniers proposent une nouvelle méthode : les techniques d'irradiation.
La production fruitière abonde en Haïti. Le pays dispose près de 150 espèces et variétés de fruits, selon les techniciens agricoles. Pourtant, moins d'une dizaine d'entre elles sont commercialisées et consommées. Le problème de commercialisation serait lié au manque d'infrastructures routières entre les zones de production et le marché.
Le transport se fait dans des conditions tellement difficiles que la moitié des récoltes en saison de pluie sont souvent perdues. « Parfois, la récolte est si abondante que je suis obligée, à défaut de moyen de stockage et de transport, d'abandonner quelques fruits de bonne qualité dans les parages du jardin », se plaignait Gilsia, une paysanne rencontrée à la Grande-Rivière du Nord en mars dernier.
Les mouches des fruits, nos pires ennemis
Depuis quelque temps, un autre problème majeur fait obstacle à la commercialisation. Les quelques rares fruits que nous exportons, notamment les mangues franciques, sont infestées de larves vivantes de mouches des fruits (la trozophille melanogaster). A deux reprises, cette année, nos exportations vers les Etats-Unis ont été ainsi refoulées sur le marché local. Cette série de suspension aurait coûté à Haïti une perte de plus de 6 millions de dollars américains, selon les données de l'Association nationale des exportateurs de mangues (ANEM), explique Donald Joseph, du Ministère de l'Agriculture des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR). Une perte énorme que le pays n'aurait peut-être pas essuyée si les exportateurs et techniciens agricoles disposaient de moyens technologiques modernes de protection et de contrôle de qualité, estime l'agronome Donald. Le spécialiste en production agricole qui avait représenté Haïti en octobre dernier à l'atelier sur l'utilisation de l'irradiation comme traitement phytosanitaire à Mexico organisé par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique(AIEA), croit que cette nouvelle technologie pourra bien aider nos producteurs à lutter contre les mouches et tout autre insecte qui détruisent nos productions fruitières. « L'utilisation des techniques d'irradiation permettrait de réduire ces pertes et faciliterait une plus grande disponibilité d'aliments pour la population », soutient-il.
C'est quoi l'irradiation?
L'irradiation est une méthode de traitement de produits alimentaires par la radiation ionisante visant à combattre les agents pathogènes, réduire la charge microbienne et l'infestation par des insectes. Les techniques d'irradiation empêchent la germination dans les cultures de racines et prolongent la durée des produits. « Ce processus est approuvé et reconnu comme une méthode sure et efficiente par les organismes internationaux chargés de la régulation alimentaire dans le monde, dont le Fonds des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ils voient dans cette technologie une méthode de plus de conservation d'aliments qui peut contribuer à solutionner des problèmes de santé et des pertes d'aliments », explique l'agronome Joseph.
Le technicien croit que l'application de cette technologie renforcera la position d'Haïti au rang des plus grands pays producteurs de mangues à travers le monde. En fait, selon les rapports du Laboratoire des relations haïtiano-dominicaine (LAREHDO) publiés sur la filière en 2005, la production nationale de mangues s'estimait entre 200.000 et 400.000 tonnes métriques. Au cours de cette même année, les exportations vers la République dominicaine se chiffreraient autour de 500.000 à 600.000 dollars américains, toujours selon le rapport de LAREHDO.
L'expérience des techniques d'irradiation renforcera également le procédé traditionnel qui est le traitement à l'eau chaude, procédé reproché par le porte-parole du Département de l'Agriculture des Etats-Unis, Mme Melissa O'Dell lors de la première suspension de nos exportations en juillet dernier. « Nous avons suspendu le programme en raison des failles dans le système de traitement en eau chaude dans trois entreprises, ce qui ne constitue pas un cas isolé », avait-elle alors affirmé.
AIEA se proposeDans le cadre d'une coopération avec Haïti, l'Agence internationale de l'énergie atomique, par le biais du Ministère de l'Agriculture des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR), a déjà posé certaines actions devant faciliter l'application de cette technologie dans le pays, a fait savoir le directeur du Laboratoire Vétérinaire et de Contrôle de Qualité des Aliments de Tamarinier (LVCQAT) à Bon Repos, Alain Louis. « AIEA a déjà mis à notre disposition certains matériels de grande capacité technologique pour le contrôle des aliments. L'organisme international à même permis à plusieurs cadres du ministère de suivre des formations spécialisées en technologies d'irradiation à l'étranger pour mieux faire le travail », a précisé l'agronome Alain Louis.Cependant, reconnaît le directeur du LVCQAT, il reste beaucoup à faire pour que ce procédé soit réellement effectif en Haïti. « Le pays doit répondre d'abord à ses responsabilités envers l'AIEA qui consiste en l'appui logistique et technique dans le cadre de cette coopération », souligne l'agronome qui plaide également en faveur de l'adoption d'une législation sur la question. « Le partenariat avec le secteur privé est fondamental non seulement pour définir et préciser la direction à suivre, la faisabilité économique, mais aussi pour parvenir a l'appui et l'orientation de la recherche », conclut, pour sa part, l'agronome Donald Joseph.
Jean Max St
Fleur

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