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jeudi 27 septembre 2007

L'Etat prêche d'exemple

Les salaires mensuels des grands commis de l'Etat, des fonctionnaires et agents de la fonction publique vont connaître un ajustement allant de 20% à 36%, a-t-on appris de sources sûres. Cet ajustement préparé par le Comité de Pilotage du Ministère de l'Economie et des Finances (MEF) devrait être effectif à partir du mois d'octobre 2007, avec le vote du budget de la République. Il s'agit du troisième réajustement des salaires par rapport au coût de la vie consenti depuis en moins de trois exercices fiscaux.

Les pouvoirs publics avaient déjà opéré en janvier 2005 un ajustement des salaires des fonctionnaires et agents de la Fonction publique. Cet ajustement a été rendu possible après une rectification du budget de la République. En octobre 2006, employés, fonctionnaires et agents de la Fonction publique ont reçu un ajustement de salaire d'au moins 14% pour les aider à faire face à l'inflation et à la cherté de la vie. Et pour le prochain exercice fiscal, cet ajustement variera de 20 à 36%, selon les prévisions du Ministère des Finances.

Du personnel de soutien au personnel de décision pour le barème de salaire intermédiaire, du clerc de l'Office d'état civil au président de la Cour de Cassation pour les membres des instances judiciaires, de l'Agent I au Directeur général de la PNH, le personnel de la Police nationale d'Haïti, et de l'Instituteur I au Directeur de Lycée, en passant par les professeurs suppléants, les professeurs à temps plein et les censeurs pour le personnel enseignant, ce nouveau barème essaie d'intégrer tout type d'acteurs de l'Administration, selon les documents préparés et proposés par le Comité de Pilotage du MEF. A mesure que le fonctionnaire ou l'agent de la fonction publique est placé sur un échelon inférieur de la hiérarchie, à mesure que son pourcentage d'ajustement est plus élevé, selon les termes des nouvelles propositions.

Pour les membres de l'appareil judiciaire, par exemple, le président de la Cour de Cassation, plus haute personnalité du pouvoir judiciaire, qui gagnait jusque-là 101.000.00 Gourdes comme salaire va voir celui-ci augmenté de 20% pour passer à 121.000.00 Gourdes. Le Commis-Parquet des tribunaux de Première Instance qui, du personnel judiciaire, perçoit le plus bas salaire, va maintenant recevoir une rémunération passant de 4.700.00 Gourdes à 6.350.00 Gourdes suite à un ajustement de 35%.

En termes réels, le plus grand écart de salaire observé au niveau de l'appareil judiciaire est celui existant entre les Commissaire du Gouvernement et leurs substituts. En effet, à la Cour de Cassation, le Commissaire du Gouvernement et les juges gagnent le même salaire. De 67.500.00, le montant de leur chèque passera à 84.400.00 Gourdes, soit une augmentation de 25%, alors que pour un même pourcentage, les substituts du Commissaire du gouvernement près de cette cour percevront 54.600.00 Gourdes à partir d'octobre prochain, soit un écart d'environ 35%. Le même constat est entre les commissaires du gouvernement et leurs substituts près les Cours d'Appel et des Tribunaux de Première Instance. Pour les Cours d'Appel, le Commissaire en chef aura en octobre 2007 un chèque au montant brut de 50.300.00 et le Commissaire en Chef près les Tribunaux de Première Instance aura, quant à lui, 38.600.00 Gourdes alors que leurs substituts auront respectivement 38.600.00 Gourdes et 28.900.00 Gourdes, soit une différence de 23% pour les premiers et de 25% pour les seconds.

Pour la Police nationale d'Haïti (PNH), à partir de la nouvelle année fiscale 2007-2008, un agent I situé su le premier échelon dans la hiérarchie de l'institution aura, à partir d'octobre 2007, un chèque au montant de 15.400.00 en augmentation du salaire de 11.850.00 Gourdes qu'il gagne jusqu'à présent, soit une augmentation de 30% ; alors que le Directeur général, pour sa part, va recevoir 84.400.00 suite à une augmentation de 25%.

En ce qui concerne la PNH, il faut noter une faible variation de pourcentage d'augmentation comparativement aux autres catégories de fonctionnaires. De l'agent I à l'Inspecteur divisionnaire, le pourcentage d'augmentation par rapport au salaire précédent est de 30% ; du Commissaire de police au Directeur général, le pourcentage est de 25%. Le personnel enseignant est le secteur qui va recevoir le plus grand pourcentage d'ajustement de salaires à partir d'octobre 2007. Les variations pour ce secteur vont en effet de 30% à 36%. Cependant, à comparer aux autres, il s'agit du secteur le plus négligé eu égard aux efforts consentis. En ce domaine, les salaires varient de 24.050.00 Gourdes (30%) pour un Directeur de Lycée à 7.100.00 Gourdes (35%) pour un Instituteur IV. Toujours dans cette catégorie socioprofessionnelle, un directeur d'école primaire (fondamentale) aura 10.900.00 Gourdes (35%) alors qu'un professeur suppléant au niveau secondaire aura, quant à lui, 7.100.00 Gourdes (35%). Le professeur à chaire simple (six heures au maximum par semaine) va recevoir un salaire de 6.200.00 Gourdes (36%), ce qui équivaut à un salaire-horaire d'au moins 250.00 Gourdes par heure.

Il faut noter qu'en dépit ce faible salaire attribué au personnel enseignant par rapport aux autres secteurs, il reste globalement meilleur par rapport au secteur privé. Dans la plupart des établissements scolaires privés, le salaire proposé aux enseignants reste une pitance par rapport aux exigences académiques et aux services fournis. Au niveau du barème des salaires intermédiaires, les variations sont de 25%, 30% et 35%. Les membres du personnel de soutien de niveau III et de classe I, placés dans la rubrique du salaire minimum, vont, suite à un ajustement de 35%, recevoir en octobre 2007 un salaire de 3.650.00 Gourdes. L'agent qui lui est exactement supérieur va, pour sa part, recevoir un salaire de 5.000.00 Gourdes, ce qui équivaut à un salaire de 250 Gourdes par jour à raison de vingt jours de travail par mois. Ce qui est largement supérieur au salaire proposé aux ouvriers du secteur de la sous-traitance.

Avec la cherté de la vie et le taux d'inflation tournant annuellement autour des 10%, cet ajustement de salaire va apporter un ouf de soulagement aux fonctionnaires et agents de la fonction publique. L'Etat haïtien, prêchant d'exemple, à partir de cet ajustement, invite le secteur privé des affaires à emboîter le pas pour ne pas être en reste en matière de ressources humaines qualifiées.

Samuel BAUCICAUT

baucicaut@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=48933&PubDate=2007-09-25

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