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jeudi 27 septembre 2007

JOURNÉE INTERNATIONALE SANS VOITURES / L’état du transport public en Haïti


Par Jean Panel Fanfan et Ivan Casseus
fanfanjeanpanel@yahoo.fr

La journée internationale sans voiture, excepté pour le transport en commun, observée annuellement le 22 septembre offre l’opportunité, en Haïti, de mettre en relief les conditions de plus en plus préoccupantes dans lesquelles évolue la circulation automobile, particulièrement en ce qui concerne les véhicules publics.

Ils sont légion, en effet, ceux et celles pour qui le secteur du transport de passagers est devenu rien moins que catastrophique. La presque totalité des véhicules préposés à ce trafic sont en tout et pour tout des guimbardes recyclées et ne répondant à aucune norme tant au niveau de leur apparence que de leur fonctionnement. Leurs opérateurs, souvent, ne sont pas eux-mêmes imbus des notions de conduite ou s’en moquent ostensiblement.

Dans toute la zone métropolitaine, l’improvisation s’est érigée en norme car, mis à part les efforts des agents de l’ordre pour maintenir une certaine cohérence le long des grandes artères et intersections, les véhicules publics, qui ne sont pas astreints à des stops spécifiques etbien aménagés pour recevoir et débarquer des passagers, interrompent de façon répétitive le flot du trafic.
Ces dernières années, la pratique consistant à sectionner des trajets autrefois clairement établis est venue s’ajouter aux difficultés quotidiennes des usagers du transport public. C’est ainsi que l’itinéraire Port-au-Prince – Pétion-Ville qui partait autrefois des abords de Notre Dame du Perpétuel secours pour s’achever en face du cimetière de Pétion-Ville est désormais divisé en trois parties. Les directives des autorités dans le but d’y mettre un frein sont apparemment sans effet.

Quid du ministère des Transports ?Il est aujourd’hui clair qu’après les échecs de la Conatra et de Service Plus, deux initiatives étatiques, toute nouvelle entreprise de transport public du même type serait – en l’absence d’une structuration réellement exhaustive et d’investissements proportionnels à l’actuelle explosion démographique –, vouée à un échec certain.

Le palpable désintérêt des autorités préposées au transport public serait aisément explicable à cause de l’évidente carence des fonds nécessaires pour un projet d’une telle envergure. Mais, cette liberté qu’ont des milliers d’entrepreneurs de transporter des dizaines de milliers de passagers comme et où ils veulent, et quand bon leur semble sans la moindre responsabilité de leur part, ne devrait-elle pas, en contrepartie, être sujette à certaines obligations ?
Les chauffeurs de tap tap coupent, inversent et interrompent leurs itinéraires simplement parce que leurs véhicules ne sont pas identifiables. Aujourd’hui, il est impossible pour les passagers de savoir à l’avance s’ils aboutiront à un terminus donné sans changement de route, dépendamment de l’humeur du conducteur ou des opportunités qui surviennent, car c’est l’anarchie totale.
Des couleurs et une numérotation spécifiques pour chaque circuitDans le temps, les véhicules préposés à un circuit donné étaient immédiatement identifiables par leur marque. C’est ainsi que, durant plusieurs années, le circuit Centre ville – Bourdon – Pétion-Ville était assuré par les grosses « Station Wagon » américaines qui furent remplacées par les Peugeot 404 et 504 « familiales ». Maintenant, ce même circuit, ainsi que tous les autres, sont non seulement morcelés mais ils sont parcourus par des pick-up japonais à qui ne sont conformes à aucune norme de sécurité.

Contre le privilège qu’ils ont d’exploiter les différents itinéraires à volonté, l’instance qui a droit de regard sur cette activité économique pourrait, tout au moins, attribuer une ou des couleurs spécifiques reconnaissables par tout un chacun pour chaque circuit donné et dans son intégralité. Le véhicule pourrait, en outre, être requis d’arborer de façon clairement visible le numéro d’un permis exigible en contrepartie du droit d’exploitation du circuit.
Finalement, les opérateurs pourraient établir, conjointement avec ladite instance, un tarif se situant entre les deux ou trois actuellement extorqués et le prix unique que vaut réellement la course.
Le coût de la vie est un fardeau et un sujet de préoccupation pour toutes les couches sociales. Maintenant, avec la rentrée des classes, il passe à un niveau encore plus pénible pour des milliers de parents dépourvus de véhicules personnels et qui doivent quotidiennement conduire leurs enfants à l’école.
Dans ce contexte, l’État ne devrait-il pas intervenir davantage là où, à présent, seules les décisions et récriminations concernant le prix de l’essence et les plaques d’immatriculation font l’actualité.

jeudi 20 septembre 2007
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=8650

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