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mardi 4 septembre 2007

La rivière, un simple spectateur

La charmante et paisible petite ville de Cavaillon a accueilli, du 31 août au 2 septembre 2007, la troisième édition du festival de la rivière. En dépit de l'absence, cette année, de plusieurs ténors de la musique haïtienne, des milliers de festivaliers se sont, le temps d'un week-end, gavés de plaisir au bord de la rivière de cavaillon.
Vendredi 31 août 2007, 7 h PM. Les rues adoquinées, propres et ordinairement paisibles de Cavaillon fourmillent de gens. Venus des 5 sections communales et des communes avoisinantes dont Aquin, Saint-Louis du Sud, Cayes voire de Port-au-Prince, tous ont convergé comme des pèlerins vers Martineau, le site où se tient la 3e édition du festival de la rivière. Monté sur un podium et bénéficiant d'une sonorisation signés Musique des Antilles de Jean Claude Verdier, un fils de Cavaillon, DJ Lambada, également originaire de la commune, a fait danser une foule compacte.

Le groupe « Love Compas » de Cavaillon a pris la relève pour passer le flambeau au groupe Racine Mapou de Azor qui a su tenir le public en haleine pendant plus de deux heures. Au milieu de cette foule, Adeline, 28 ans, teint clair et de taille moyenne, s'abandonne à la musique. Résidant à Port-au-Prince, elle a fait le déplacement pour venir fêter avec les Cavaillonnais et Cavaillonnaises. « J'habite à Port-au-Prince, j'ai assisté à la première édition. Depuis lors, cela est devenu pour moi un rendez-vous à ne pas manquer », a-t-elle confié sourire aux lèvres.
Selon Daniel Rivette, maire principal de cette attrayante commune, l'initiative a été prise par l'Association des étudiants universitaires d'Haïti (AEUCAH). « La vie des Cavaillonnais est inséparable de la rivière. Partis étudier dans les universités de Port-au-Prince et des Cayes, ces étudiants ont décidé de lancer cette activité afin de mettre en évidence cette rivière qui constitue en quelque sorte le moteur économique de la ville », a-t-il expliqué.
Cavaillon est traversée par une rivière qui porte son nom. Cette commune est réputée pour ses écrevisses et sa gelée. Grâce à des ingénieurs originaires de Cavaillon notamment Michael Berret et Jean Robert Simon, toutes les rues de la ville ont été adoquinées dans les années 95. Malheureusement, Cavaillon ne dispose pas de structures hôtelières pour accueillir des touristes. Ce que déplore Adeline. « J'ai des amis de Port-au-Prince qui aimeraient participer au festival, mais ils n'y a pas de chambres d'hôtel », s'est-elle plainte.

La rivière : absente des festivités
Samedi 1er septembre, pour des raisons économiques, l'artiste Belo annoncé la veille ne s'est pas présenté. Toutefois, une troupe de danse et des groupes musicaux de Cavaillon ont assuré le spectacle auquel ont pris part la ministre à la Condition féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF), Mme Marie Laurence Jocelyn Lassègue, et le président de la Cour de Cassation, M. Harold Elie, respectivement marraine et parrain du festival.
Le dimanche 2 septembre, le groupe Kampèch a électrisé la foule avec ses tubes. Le groupe Mass Konpa qui devait performer par la suite aux environs de 2 heures du matin n'a pas pu le faire en raison d'un incident survenu sur le podium. Ce qui a malheureusement mis fin au festival.
Adeline déplore surtout le fait que la rivière ne soit pas associée à aucune activité au cours de ce festival. « C'est la fête de la Rivière de Cavaillon. C'est bien d'avoir la prestation de groupes musicaux au bord de la rivière, mais les organisateurs auraient pu mettre sur pied des activités pour que la rivière ait une présence beaucoup plus active comme ce fut le cas lors des deux premières éditions », a-t-elle ajouté.
Idée que partage la ministre à la Condition féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF), Mme Marie Laurence Jocelyn Lassègue. « Je crois que Cavaillon à intérêt à s'inspirer du festival de la mer de la ville des Cayes, avec des concours de "bwafouye", de natation. Il faut que la rivière ait une présence beaucoup plus réelle, beaucoup plus active, il faut qu'on voie des activités sur cette rivière », a-t-elle souligné.
Elle dit souhaiter qu'une date définitive soit arrêtée pour ce festival. Elle a émis le voeu qu'il soit organisé en décembre afin qu'il ne coïncide pas avec les patronales et la saison cyclonique.
Lancé en 2005, le festival de la rivière de Cavaillon s'est taillé une place dans les festivités marquant le département du sud. Cette troisième édition a été patronnée par le ministère de la Culture, la compagnie aérienne Tortug-Air, Caribbean T-shirt et la mairie de Cavaillon.
Alain Gaillard
gtilain@yahoo.fr
Fondée en 1776, Cavaillon est située à 170 kilomètres de Port-au-Prince et à 20 kilomètres de la ville des Cayes. Avec près de 45 000 habitants, elle comprend 5 sections communales : Boileau, Martineau, Gros-Marin, Maré-Henry et Laroque. Elle compte 20 écoles secondaires dont un lycée, une cinquantaine d'écoles primaires dont 6 écoles nationales. Au niveau sanitaire, 8 centres de santé, 7 privés et un public, en piteux état.
Branchée sur le réseau électrique de la ville des Cayes, Cavaillon reçoit 6 à 8 heures de courant par jour.

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