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mardi 4 septembre 2007

Educateurs, parents, élèves aux abois

La réouverture officielle des classes a eu lieu ce Lundi 3 août 2007 à travers le pays. Educateurs, parents, élèves sont aux abois. A Port-au-prince et ses environs, les rues ont été vides: très peu d'élèves en uniformes ont repris la route de l'école. De rares établissements scolaires ont ouvert leurs portes. D'autres ont convenu de reporter la rentrée (la leur) à la huitaine. Espérant que les parents y verront un peu plus clair. Sur le plan économique, la nouvelle année scolaire est très mal partie. C'est le cas de le dire

A l'avenue Christophe, zone ordinairement très fréquentée par les écoliers, aucun indice de rentrée officielle des classes n'a été pratiquement observé. Ni élèves en uniformes munis de sacs d'écoliers, ni enseignants en costume ou munis de cravates d'occasion. C'était l'absence totale ou presque. Car l'Institution du Sacré-Coeur a bel et bien fonctionné. Avec tout son effectif. Fermées généralement à la presse, les révérendes soeurs se sont refusées à toute rencontre. Raison évoquée: c'est la rentrée scolaire. Les activités administratives sont nombreuses...

Un peu plus loin, soit à la rue Lamarre, le légendaire Petit Séminaire Collège Saint-Martial (PSCSM) a également fonctionné. «Vêtus de leur uniforme, les élèves se sont présentés en grand nombre», a indiqué un responsable sous couvert de l'anonymat.

Mais à Delmas, Pétion-Ville, Frères, Martissant, les écoles n'ont pas fonctionné. Elles auraient consacré cette première semaine pour accueillir les parents soucieux de leurs obligations envers leurs enfants. Et organiser en même temps des séminaires de planification de l'année scolaire à l'intention de leur corps enseignant. «Nous avons jugé bon de bien planifier la rentrée au niveau de l'administration. Nous faisons la mise en place nécessaire en vue d'une année scolaire pleinement réussie», explique Me Roc Aspil Pierre-Louis, directeur du Collège Mixte Frère Roc, qui reconnaît à son compte que l'année scolaire 2007 s'avère la plus difficile pour éducateurs, parents et élèves. Un vrai défi.

«Malgré la subvention directe annoncée par le gouvernement, l'année scolaire de mes deux enfants est presque hypothéquée. Faute d'argent. Je n'ai pas encore versé un seul sou pour leur scolarité qui a doublé presque de moitié», se plaint un parent venant de faire la queue à la Primature qui se propose d'accompagner les familles dans le cadre de la rentrée scolaire. jusqu'à huit mille (8000) personnes, pour le département de l'Ouest, recevront chacune une enveloppe de sept mille (7.000.00) gourdes dans le cadre de ce programme qui devra s'étendre sous peu dans les villes de province.
Le MENFP n'a pas les moyens de sa politique«Nous n'avons pas malheureusement les moyens de notre politique : le budget 2006-2007 avait proposé huit (8) milliards de gourdes. Nous n'avons pu obtenir que moins de cinq (5) milliards», explique le ministre de l'Éducation Gabriel Bien-Aimé qui avoue qu'il a des difficultés à exécuter ce qu'il avait planifié à son échelle.
Toutefois, pour la rentrée scolaire 2007-2008, M. Bien-Aimé se félicite, grâce à OIF, UNICEF, CHF, d'avoir réhabilité plus de deux cents (200) écoles à travers le pays. «C'est un vaste chantier dans lequel nous nous sommes engagés, en plus des 360 établissements réhabilités dans le cadre du PARQE et des 304 salles de classes aménagées dans le cadre du Projet d'Education de Base (PEB)», indique le titulaire du MENFP qui fait état de vingt (20) écoles sur vingt-sept (27) réhabilitées dans le département de l'Ouest.
A propos de l'état lamentable dans lequel se trouvent des établissements scolaires, au seuil de la rentrée scolaire, Gabriel Bien-Aimé fait remarquer que c'est un «héritage». Et que cela est dû à l'irresponsabilité de certains directeurs d'écoles dans la gestion des infrastructures scolaires. «La question est globale : l'Etat ne représente que 10% dans le parc scolaire. Un couteau dans la plaie : l'ouragan Dean a détruit complètement sept (7) écoles et soixante-treize (73) autres ont été endommagées», se plaint-il en précisant avoir besoin de 75 milliards de gourdes pour faire face à cette nouvelle situation qui s'ajoute à la planification à moyen, à court et à long terme qu'il avait faite bien avant le passage de Dean, et qui était estimée à un milliard soixante-dix millions de gourdes.
«Nous sommes en train de renforcer la direction du génie scolaire en termes de ressources humaines, d'appui technique et logistique pour que suivi soit effectué dans le dossier de réhabilitation des infrastructures scolaires», assure M. Bien-Aimé qui dit prévoir une enveloppe de cent millions de goures pour des interventions urgentes au niveau des infrastructures scolaires ciblées. Mais, ajoute-t-il, des mesures ont été adoptées pour responsabiliser les chefs d'établissements scolaires à travers le pays. Eux qui ont pour tâche d'accompagner l'Etat dans leurs efforts d'entretien. Pour des questions cohérentes à des questions pertinentes
«Les parents, dans leur grande majorité, n'ont pas d'argent pour envoyer leurs enfants dans les écoles privées où les frais augmentent de plus en plus», dénonce le secrétaire général de l'Union des Normaliens Haïtiens (UNNOH), Josué Mérilien. Il s'exprimait ce lundi au cours d'une conférence de presse à l'Ecole Normale Supérieure.
Réagissant au discours du ministre Bien-Aimé qui n'apporte pas, selon lui, de réponses cohérentes à des questions pertinentes portant sur l'école haïtienne, M. Mérilien dit s'étonner que les prix augmentent dans les écoles et que le titulaire du MENFP n'en dit mot.
La question des arriérés de salaire des enseignants, le faible pourcentage alloué à l'éducation au budget rectificatif national, les 70% des candidats ayant échoué aux examens du Bac, l'état physique de certaines écoles... autant de dossiers qui intéressent l'UNNOH qui propose un débat public et national sur l'éducation dans le cadre de la rentrée scolaire 2007-2008.
Robenson Bernard

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