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mercredi 30 mai 2007

Haïti/Fonds Verrettes : Les conditions objectives d’une autre catastrophe

Lundi 28 mai 2007par Djems Olivier
Fonds-Verrettes, 28 mai 07 [AlterPresse] --- La vague de déforestation ininterrompue que connaît la commune de Fonds-Verrettes serait l’une des principales causes des inondations meurtrières survenues dans ce secteur depuis plusieurs décennies, selon les informations fournies par les habitants à AlterPresse.
Dans cette partie du département de l’Ouest, se trouve l’un des plus importants bosquets d’Haïti, dénommé la forêt des pins, dont la superficie est passée de 32 hectares à 8 hectares, selon Dérilus Marcellus, coordinateur du conseil d’administration de section communale (Casec) de Fonds Verrettes.
Pour combattre la faim qui les tenaille, certains paysans recourent à la coupe des arbres pour fabriquer le charbon de bois.
Sensibiliser la population locale sur les méfaits du déboisement figure parmi les priorités de la nouvelle commission communale de Fonds-Verrettes, présidée par Junel Jean.
Fraîchement arrivé au timon des affaires publiques, l’édile de cette commune croit nécessaire d’enclencher au plus vite un processus de reboisement pour éviter d’autres catastrophes naturelles.
Il y a trois ans, ils étaient plusieurs milliers de familles à être victimes des inondations dévastatrices qui s’étaient produites dans la ville de Fonds-Verrettes, aujourd’hui disparue.
« Les inondations de 2004 sont le résultat de cette vague de déboisement. Les gens continuent de couper les arbres en toute quiétude ; qui plus est, nous n’avons pas de policiers à Fonds-Verrettes depuis plusieurs années », se lamente le maire Junel Jean.
Des démarches pour la construction de commissariats de police et le redéploiement de policiers dans la zone sont en cours, dit -il.
Aux dires du maire principal, toutes les conditions sont réunies pour avoir d’autres inondations à Fonds-Verrettes et les pertes en vies humaines seraient alors très lourdes.
… une date indélébile
Le 23 mai (2004) reste une date ineffaçable dans la mémoire des résidents et originaires de Fonds-Verrettes, dont le centre principal a été détruit par des eaux en furie. A la moindre averse, personne n’a la quiétude d’esprit.
« Quand il pleut ici, on a l’impression que quelque chose de mal va se passer », affirme le septuagénaire Lochard Bastien.
Père de 50 enfants, Lochard Bastien, originaire de la Croix-des-Bouquets, s’est établi à Fonds-Verrettes dès son jeune âge. Il y est resté après son recrutement, comme agent de développement local, par le Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr).
Ce 23 mai 2007, il était aux côtés de plusieurs personnes sinistrées qui regardaient avec amertume les photos des inondations du 23 mai 2004 exposées dans une salle à la Mairie de Fonds-Verrettes.
Les dégâts causés par les inondations de 2004 sont supérieurs à ceux enregistrés durant le passage des cyclones George et Gordon, à en croire le maire Junel Jean.
Pourtant, les promesses faites à la population locale par les autorités nationales et les organisations non gouvernementales n’ont pas été honorées, se plaint le député Pierre Jude Destiné. Le parlementaire promet de travailler comme agent de développement en vue de permettre à la population locale de retrouver sa dignité.
Des projets de logements sociaux
De mai 2004 à mai 2007, aucun projet de construction de logements sociaux n’a été exécuté à Fonds-Verrettes.
« L’Etat ne s’est pas encore engagé, pourtant des mesures devraient être prises en faveur de la relocalisation de la ville », estime le maire Junel Jean.
De nombreuses familles sinistrées dorment encore aujourd’hui à la belle étoile et vivent misérablement.
« Mon mari a été tué par les eaux, je vis misérablement avec mes trois enfants, je n’ai pas la possibilité de les nourrir, voire de les envoyer à l’école », crie une mère de famille.
Pieds nus, bouche édentée, cette paysanne, vêtue en haillons rapiécés, peine à regarder les grosses pierres et les alluvions qui occupent désormais l’emplacement de la ville de Fonds-Verrettes.
« Ici, les gens existent mais ne vivent pas. C’est l’enfer, la misère, la désolation », déclare Martino qui sert de guide à la Presse. A l’instar d’autres résidents, ce géant garçon a lui aussi perdu sa femme, emportée par les eaux.
Selon certaines victimes, l’Organisation internationale de la migration (OIM) aurait expérimenté un programme d’assistance aux familles sinistrées, consistant en la construction de maisonnettes moyennant que ces dernières disposent d’un morceau de terre.
« Je faisais de mon mieux pour participer, mais rien n’a été fait en faveur des plus démunis. Ce sont les plus riches qui ont bénéficié de ce projet », soutient Arnold Jean-Baptiste qui a sauvé quelques-uns de ses 10 enfants lors de ces inondations.
La canalisation de l’aide
Père de 7 enfants, Jean Tony Romulus dénonce le fait qu’après les inondations du 23 mai 2004, l’aide nationale et internationale, mobilisée en faveur des populations sinistrées, n’aurait pas touché les vraies victimes.
« Les paysans qui sont les vraies victimes ne reçoivent aucune aide. Trois ans après, je ne suis même pas en mesure de payer le loyer, alors que des profiteurs font de l’argent au nom des victimes de Fonds-Verrettes », désapprouve-t-il. [do rc apr 28/05/2007 11:40]

Source http://www.alterpress.org
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Les catastrophes de Fonds Verrettes en 2004 avaient suscité un mouvement de solidarité sans précédent au sein des associations qui travaillent en faveur d’Haïti donnant naissance à ce qui est aujourd’hui le Collectif Haïti de Provence qui fête lui aussi son troisième anniversaire.
Notre bonne volonté avait été dépassée par les inconvénients liés à l’amateurisme en matière de solidarité et de vie associative. Malgré la récupération de dons en espèce additionnant un montant de plus de 4.000 dollars américains, aucun projet d’envergure n’avait pu être réalisés pour plusieurs raisons : Absence de partenaires fiables, la mobilité réduite des volontaires haïtiens due au climat d’insécurité.
Finalement l’argent aurait été distribué à des sinistrés de la région. Nous regrettons énormément ce manque de transparence et surtout l’absence de suivi d’un projet quelconque.
Les habitants de fonds Verrettes aujourd’hui font état de leur abandon d’un côté et de leur vulnérabilité face à d’éventuelles catastrophes du même genre dans la mesure ou aucune mesure n’a été prise depuis 2004.
Nous avons le pressentiment d’être passé à côté de quelque chose d’important et de bien.
Nous espérons pouvoir partager nos expériences lors de la prochaine rencontre du 9 Juin de façon à gagner en efficacité dans nos prochaines interventions.

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