Des dizaines d'enfants haïtiens adoptés chaque année à l'étranger
Orphelins, abandonnés par des familles trop pauvres pour les faire survivre, fruits de grossesses précoces, des dizaines d'enfants haïtiens sont adoptés chaque année à l'étranger par l'intermédiaire de foyers comme celui de la Nouvelle Vie à Pétionville.
"Les enfants nous sont signalés par l'Institut du Bien Etre Social et de Recherches (IBESR), la police, des notables ou des religieux.
Nous effectuons une enquête sociale, psychologique, sanitaire et au bout de trois mois, un enfant peut être déclaré adoptable mais tout est fait pour le laisser dans sa famille d'origine", assure Yva Samedy, la directrice du foyer créé en 1992. "Si le ou les parents peuvent assurer un repas par jour à leurs enfants, ils ne pensent pas à l'adoption mais parfois quand la misère devient trop grande...", explique-t-elle.
Le foyer, qui fait adopter 10 à 20 enfants par an, n'accepte pas tous les enfants et dispose d'une enveloppe pour améliorer les revenus de certaines familles et leur permettre de garder leur progéniture auprès d'elles. "Parfois, il faut un minimum pour détourner un parent d'abandonner son enfant", dit la directrice. "Il suffit par exemple d'une machine à coudre qui permettra à la mère de travailler".
La Nouvelle Vie est notamment le correspondant pour Haïti de Médecins du Monde, habilité depuis peu comme organisme autorisé à l'adoption dans ce pays. En Haïti, comme dans les 10 autres pays où elle évolue en tant qu'organisme autorisé pour l'adoption, l'ONG souhaite, conformément à sa charte, "rechercher une famille pour les enfants et non l'inverse" et "donner la priorité aux fratries, enfants les plus âgés, porteurs de handicaps ou de pathologies médicales".
Selon les chiffres officiels, l'adoption par des Haïtiens représente 10% des adoptions totales d'enfants haïtiens. L'essentiel des enfants adoptables part donc pour l'étranger dans des conditions parfois nettement moins encadrées qu'au foyer la Nouvelle Vie d'où le sentiment de certains Haïtiens que les enfants de ce pays pauvre sont "vendus" à des pays plus opulents.
Certains abus ont entraîné une période de blocage des autorités haïtiennes et des protestations de l'Unicef. "De septembre 2004 à septembre 2006 en particulier, les autorités ont été contre l'adoption internationale, qu'elles assimilaient notamment à des trafics d'organe", précise Mme Samedy.
Le foyer a "33 passeports bloqués au ministère de l'Intérieur depuis janvier et le parquet nous fait aussi des problèmes", poursuit-elle. "Les procédures s'allongent de 10 mois à deux ans".
La directrice raconte qu'un enfant de cinq ans répète tous les jours "je veux rejoindre ma maman blanche" mais admet aussi que certains enfants au moment de partir "ne veulent pas nous lâcher et s'accrochent à nos jupes".
Le foyer a connu des histoires qui finissent bien comme celle de cette fillette adoptée à cinq mois, partie en Suisse et devenue biochimiste et revenant régulièrement travailler dans le lieu où elle séjourna bébé.
Mais aussi des épisodes douloureux: un homme malade et pauvre qui déposa son fils devant un orphelinat de Petit-Goave et ressurgit deux ans plus tard demandant des nouvelles de l'enfant, adopté en France.
Ou encore cet enfant adopté, otage d'un divorce houleux entre "une dame qui était partie avec un monsieur et son mari qui était aussi parti avec un monsieur". "Les enfants adoptés ne sont pas différents des enfants biologiques, leur vie n'est pas parfaite", conclut la directrice.
Le coût d'une procédure d'adoption en Haïti avec un organisme agréé oscille entre 7.500 et 8.700 euros selon le pays d'origine des parents adoptifs. Ce coût ne comprend pas les billets d'avion et les frais de séjour des parents. "Ce qu'on paie c'est la procédure", souligne Mme Samedy. "Jamais on ne doit dire ou penser qu'on achète un enfant".
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
dimanche 27 mai 2007
Adoption... Des dizaines d'enfants haïtiens adoptés chaque année à l'étranger...Une procédure définitivement trop complexe...
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