Google

jeudi 26 avril 2007

Accident en mer...Jérémie pleure ses morts et disparus

« 15 morts, une centaine de disparus, des dizaines de blessés », tel est le bilan provisoire enregistré lors d'un accident de navigation survenu à Jérémie à une centaine de mètres du Wharf. Avec l'aide de la MINUSTAH, les autorités poursuivent les recherches en vue de retrouver d'autres victimes de cette nouvelle catastrophe maritime.

Huit nouveaux cadavres ont été découverts mercredi à Jérémie. Ce qui porte à 15 le nombre de morts dénombrés suite à l'inclinaison, mardi soir, du bateau Lazarus à quelque cent mètres du wharf de la ville d'Etzer Vilaire. Entre temps, les blessés se font soigner à l'hôpital Saint-Antoine, le plus grand centre hospitalier public de Jérémie.

On ignore jusqu'ici le nombre exact de passagers se trouvant à bord du bateau utilisé habituellement pour transporter du ciment. Certains avancent le nombre de 200. Il n'existe aucun registre permettant de confirmer cette information. Selon le délégué de la Grand'Anse, Jean Christin Joassaint, le nombre de passagers pourrait se rapprocher de 1000.
Sans compter les blessés, au moins 225 personnes ont été hébergées dans la nuit de mardi par les autorités locales.

Le drame s'est produit dans la nuit du mardi 24 avril 2007. Selon des témoins, le navire qui transportait des stocks de marchandises a brusquement penché d'un côté précipitant dans la mer un certain nombre de passagers tandis que d'autres, pris de panique, se sont jetés à l'eau. Il a fallu l'intervention d'un autre bateau dénommé Grand'Anse pour rééquilibrer le Lazarus et limiter les dégâts.Le black-out qui bat son plein à Jérémie depuis des mois n'a pas facilité les opérations de sauvetage et de repêchage entrepris immédiatement par le Service maritime et de navigation d'Haïti (SEMANAH), la Police Nationale et la Mission de stabilisation des Nations unies (MINUSTAH). Les blessés étaient conduits à l'hôpital Saint-Antoine pour y être soignés par des médecins haïtiens et cubains.

24 heures après le drame, la ville est plongée dans la consternation. Toutes les activités fonctionnent au ralenti. Le grand commerce et la majorité des écoles ont gardé leurs portes fermées. Tandis que les bateaux qui devaient se rendre à Port-au-Prince restent accostés au wharf. Une délégation de haut niveau composée des parlementaires de la Grand'Anse et des représentants de différentes entités étatiques est arrivée à Jérémie en milieu de journée afin de constater les dégâts. Les membres de ladite délégation promettent de faire de leur mieux pour que des fonds puissent être débloqués rapidement au profit des victimes.


Cette nouvelle catastrophe maritime pourrait déclencher une polémique entre les autorités de Jérémie et celles de Port-au-Prince. Sans détour, le directeur du SEMANAH de Jérémie, Arthur Desroche, accuse les responsables du bureau central d'être responsables de cette tragédie pour avoir autorisé le navire Lazarus à transporter des êtres humains en même temps que du ciment. Le directeur du bureau de l'Autorité portuaire nationale (APN) de la région a aussi pointé du doigt ses supérieurs hiérarchiques pour n'avoir pas procédé au réaménagement du port.

Construit vers les années 1980, le wharf de Jérémie devrait être dragué tous les 10 ans. Cependant, 25 ans après, il n'a été curé pas même une fois. Pire. Il est utilisé comme décharge. Les autorités locales réclament une intervention urgente de Port-au-Prince afin d'éviter d'autres catastrophes. Une demande qui trouve une réponse favorable auprès des membres de la délégation qui promettent de faire draguer le wharf dès cette semaine.

Les précisions du Service Maritime et de Navigation (SEMANAH)Le service Maritime et de Navigation d'Haïti (SEMANAH) informe le public en général et les usagers de la mer en particulier, que le mardi 24 avril 2007, le navire de charge « LAZARUS I » immatriculé au numéro Q-180 PAP affecté au transport de ciment entre la Cimenterie Nationale (CINA) et les villes situées sur la côte Sud, s'est trouvé immobilisé au wharf de Jérémie sous le poids d'un chargement qui ne lui était pas destiné.En effet, ne pouvant pas appareiller, ledit navire a été obligé de solliciter le remorquage du M/V GRAND'ANSE II. Au cours de cette opération, certains passagers, pris de panique, se sont jetés à l'eau.
Cet évènement de mer a coûté la vie à une dizaine de nos compatriotes. Les recherches se poursuivent en vue du repérage d'autres victimes. Les blessés reçoivent actuellement des soins que nécessite leur cas.Le SEMANAH compatit à la douleur des familles touchées par cette situation. Il invite une fois de plus les armateurs et notamment les capitaines à respecter les décisions de l'autorité Maritime en ce qui a trait aux normes et règlements en matière de sécurité maritime.
Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com
------------------------
Commentaire :
De façon presque cyclique, ce genre d’accident nous remet sous le nez une situation catastrophique que la société haïtienne côtoie tous les jours dans cette indifférence absolue caractéristique se basant sur le « bon Dieu Bon » et le « dégager pas pêcher ». Aucune loi n’est respectée même quand cette désobéissance porte gravement atteinte à la dignité voire à la vie d’autrui.
Le transport en commun en Haïti a toujours été un prélude à des catastrophes de tout genre. Quand on observe les conditions dans lesquelles humains et bêtes sont transportés on peut même remercier le ciel que la fréquence des accidents mortels ne soit pas plus élevée.
Aujourd’hui encore une fois le doigt est mis dans cette plaie béante : le transport maritime. Il aura fallu des dizaines de morts pour attirer l’attention des autorités sur cette situation qui exige et demande des solutions drastiques depuis quelques années déjà.
Aujourd’hui, le sursaut des autorités locales fraîchement élues pour embellir et changer la face des villes laisse augurer que quelque chose sera entrepris pour améliorer les conditions dans lesquelles les gens sont transportés vers les différentes villes du pays et qui sait pourra-t-on éviter des catastrophes déplorables de ce type.

Aucun commentaire: