Jeudi 12 avril 2007
Par Emmelie Prophète, responsable de la Direction nationale du livre (DNL) au ministère de la culture
Soumis à AlterPresse le 11 avril 2007
Après Cuba, le Caravansérail du livre haïtien a débarqué ses valises au Salon du Livre de Paris tenu cette année du 23 au 27 mars, Parc des expositions, Porte de Versailles. Pour la première fois dans l’histoire de ce Salon, le plus grand du monde francophone, la République d’Haïti était représentée à travers trois Institutions rattachées au Ministère de la Culture et de la Communication : les Presses Nationales d’Haïti, la Bibliothèque Nationale d’Haïti et la Direction Nationale du Livre.
En droite ligne du mandat de promotion de la culture nationale confié au Ministère de la Culture incluant la publication de livres, la préservation et la conservation du patrimoine littéraire et la promotion du livre haïtien à travers les Editions les Presses Nationales d’Haïti et la Bibliothèque Nationale d’Haïti, et conformément à l’article 3 du décret portant sur la création de la Direction Nationale du Livre, institution devant, entre autres, assurer la promotion du livre haïtien sur les marchés internationaux ainsi que le développement de la coopération avec d’autres pays dans le domaine du livre, une centaine de titres haïtiens étaient présentés sur le stand « i200, Haïti Ministère de la Culture » au Salon du livre de Paris.
Pour une fois, Haïti s’est présenté par d’autres voix, par d’autres points de vue. Autant de perceptions, différentes de celles de la salle de nouvelles du journal de vingt heures. Au même titre que le pays hôte du Salon et des autres pays invités, la République d’Haïti parlait juste, haut et fort à travers Jacques Roumain, René Bélance, Lyonel Trouillot, Yanick Lahens, Gary Victor, Georges Castera, etc.
Les Salons et Foires du livres, surtout ceux de l’envergure de Paris, qui a accueilli cette année 180,200 visiteurs (hausse de 3.5%) dont 15% d’étudiants et 2.3% d’enfants hors cadre scolaire, constituent presqu’un problème pour les amateurs de livres. Comment tout regarder, comment parcourir en quelques heures ces centaines de mètres carrés de livres, visiter tous ces éditeurs, et, le plus difficile, choisir un livre ? Comment jeter son dévolu sur un auteur entre trois ou quatre signant à la même table ? C’est donc acquis ! Pour la plupart des exposants, ce ne sera principalement que de la représentation. C’est ce que nous croyions aussi…
Nous avons été étonnés de voir comment nos livres étaient demandés et presque soulagés le dernier jour du salon puisque ne disposant plus de certains titres, comme Gouverneur de la Rosée de Jacques Roumain ou Etincelles suivi de Gerbes de Sang de René Depestre, Léa Kokoye de Mauricie Sixto.
Ce fut pour certains une halte pour se remémorer une visite, un séjour en Haïti, pour s’étonner que nous ayons tous ces titres, pour questionner sur l’ambiance dans notre pays. Pour d’autres, les compatriotes vivant en France, les Antillais, les Africains, c’était une façon de mettre les pieds dans un territoire connu ou rêvé.
Les occupants des stands voisins, la Tunisie, le Maroc et le Japon, ont regardé avec sympathie et peut-être envié cette joie et ces effusions à chaque fois qu’on accueillait des visiteurs. Nos voisins n’ont peut-être pas compris que certains ne voulaient pas partir et restaient de longues heures à roder autour du stand, alors qu’ils avaient fini de voir, de poser des questions ou d’acheter leurs livres.
De ceux qui restaient avec nous plusieurs heures, il n’y avait pas que des Haïtiens, des Antillais ou des Africains, c’étaient le plus souvent des Français, des Slaves, des Maghrébins. A croire que chez soi souvent c’est là où il y a une parole, des regards humains et de la sympathie. Hier encore nous recevions des photos de nous et de notre stand prises par M. Mahamed Bencharif, nom sur lequel nous n’avons pas encore pu mettre un visage précis.
L’écrivain sénégalaise Ken Bugul est certaine qu’un jour elle viendra vivre chez elle, en Haïti. L’écrivain français d’origine polonaise Sébastien Doubinsky porte dans sa chair des tatouages d’Agwe, de Legba et d’Ogou. Il n’a jamais mis les pieds en Haïti. Mais il le souhaite. Il nous a fait déjà parvenir son texte Paket Kongo qui n’est pas écrit créole, malgré le titre, mais revendique une fraternité haïtienne.
L’écrivain congolais Alain Mabanckou, lauréat du dernier Renaudot avec Mémoire de Porc Epic, Abdourahman Waberi, originaire de Djibouti, auteur du fameux Aux Etats-Unis d’Afrique se réjouissent de séjourner le mois prochain en Haïti. Pour eux, quelque chose de beau, d’enivrant est à vivre dans ce pays. Dans notre pays.
Porte parole et témoin du voyage dans l’imaginaire haïtien, les livres du terroir on séduit le public parisien. Une passion entraîne une autre. Avec les livres, tous les chemins s’ouvrent, tous les rêves sont autorisés, toutes les revendications sont permises.
Bien sur, la prochaine fois il faudra faire mieux, emmener des écrivains en signature et plus de titres. Il est déjà heureux de savoir que nous occuperons encore plus de place afin de faire miroiter la grande diversité de l’édition haïtienne, que nous permettrons à encore plus de gens de découvrir la littérature haïtienne et les livres haïtiens.
La participation haitienne au 27ème Salon du Livre de Paris a été en partie supportée par la Banque de la République d’Haïti.
Source Alter Presse sur http://www.alterpress.org
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 12 avril 2007
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