Sans-Souci est masqué par au moins six nouvelles bâtisses. Les autorités annoncent qu'elles seront rasées à cause de la vocation touristique du site. Certains, à l'instar de St Thomas, veulent voir avant de croire.
Milot est en effervescence le jeudi 5 avril 2007. Ses rues grouillent de monde. Les marchands de friture, de boissons, de souvenirs... sont aux aguets tandis que des autobus n'en finissent pas de débarquer de nouveaux visiteurs. Comme des fourmis, ils convergent, munis de sacs de couchage, d'eau et de nourriture, vers une rue « adoquinée » du centre-ville qui aboutit aux ruines du Palais Sans-Souci. Certains se rendent à la Citadelle, d'autres à un festival baptisé du même nom où Bélo, Don Kato... et des « groupes racines » dont Boukman Eksperyans sont à l'affiche. Ceux qui visitent pour la première fois cette ville sont renversés par la beauté de son paysage verdoyant. Pourtant, en longeant une cuvette débouchant sur la dernière ligne droite censée offrir une vue imprenable de ce palais, c'est la déception. Le palais, porteur de l'esthétique architecturale de la révolution française avec une combinaison sublime des tendances grecques et égyptiennes, est littéralement masqué par une demi-douzaine de nouveaux édifices à étages érigés en moins d'un an. Une nuisance grave à la vocation touristique du site. Sans-Souci, qui a abrité, entre autres, un hôpital, une école de médecine, une imprimerie, une orfèvrerie, une caserne..., devrait être l'objet d'intervention urgente afin de le protéger. Selon M. Patrick Delatour, ministre du Tourisme, l'Etat doit délimiter une zone de protection périphérique du site tout en établissant des critères de construction de manière à lui garder son intégrité visuelle et panoramique. Il faut planifier le développement urbain de Milot en accord avec les intérêts du Parc national historique qui comporte également la Citadelle et le Palais de Ramiers, souligne-t-il.Rencontré au Cap-Haïtien, l'architecte Harold Gaspard, directeur de la branche nord du programme de révision du plan directeur national du Tourisme, confie que 4 millions de gourdes sont disponibles afin de clôturer Sans-Souci. Sur au moins deux blocs, à partir de l'église, toutes les constructions seront rasées, déclare-t-il.
Dans le cadre de la délimitation prochaine de cette zone tampon, des consultations sont en cours avec la municipalité, informe-t-il.Conscient que cette mesure drastique et nécessaire occasionnera des heurts, M. Gaspard indique que les déplacés seront dédommagés et relocalisés. « On ne peut pas développer le tourisme sans développer les autres secteurs », souligne-t-il tout en rappelant la nécessité de revoir le schéma d'aménagement de Milot. Une ville dont le développement urbain se réalise de manière anarchique et dans le mauvais sens. Pillé après la mort de Henri Christophe le 8 octobre 1820, détruit en grande partie par le tremblement de terre du 7 mai 1842, Sans-Souci, raconte à travers ses murs une histoire exaltante, empreinte de tragédie. Mais aussi et surtout la vision moderne, progressiste du roi bâtisseur qui avait fait de ce lieu le siège administratif, politique et économique de son royaume. Avec la ville de Washington, Sans-Souci transpirait l'architecture post-révolution française où les obélisques, les colonnes doriques et les pyramides consacraient un retour à la Grèce et à l'Egypte. Abandonné, dépossédé, Sans-Souci, sous le président Sténio Vincent en 1940, avait été l'objet d'attention d'architectes qui y avaient réalisé les premiers relevés des conditions existantes.Au cours de cette même année, la chapelle de Milot a été restaurée. Et, entre 1950 et 1956, il y a eu sous le gouvernement de Paul E. Magloire un essai de stabilisation des monuments du site.A la fin des années 70, l'Etat haïtien avait décidé de poursuivre la « re-connaissance » du site de Sans-Souci par un programme de fouilles archéologiques et de recherches historiques à travers le monde et la poursuite du relevé des conditions existantes. Sans-Souci, l'un des trois monuments du Parc national historique, a des atouts sérieux susceptibles d'attirer des touristes haïtiens et étrangers.Comme certains spécialistes, des visiteurs amoureux de l'histoire, de leur patrimoine appellent à l'implémentation des mesures si souvent annoncées pour protéger le site dans la perspective de son exploitation muséographique. Mais,ils sont comme Saint Thomas.
Roberson Alphonse
robersonalphonse@yahoo.fr
Source Journal Le Nouvelliste sur http://www.lenouvelliste.com
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 12 avril 2007
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