Valéry Daudier
Ils étaient des centaines de fans de l'orchestre Tropicana d'Haïti à venir célébrer le cinquantenaire de la formation musicale au Club International, samedi soir. Différentes institutions ont décerné des plaques d'honneur à la « Fusée d'or internationale », un patrimoine national. Avec le phénomène Tabou Combo comme invité à une telle soirée, la fête était carrément belle.
Des cheveux blancs. Des barbes blanches. Des rides sur certains visages. Ils sont tous là pour fêter avec leur groupe musical qui les fait danser depuis plusieurs années : Tropicana d'Haïti.
Ils dansent Tropic depuis leur jeunesse. Tropicana touche la barre du demi-siècle ils dansent encore. Les anciens fans comme les nouveaux sont présents au Club International pour fêter avec leur groupe.
Il est seulement 21h 11, le club où joue traditionnellement Tropic est quasiment rempli. De longs bouchons sur la route de Frères. Dehors, le trafic est dense, à l'intérieur, un public impatient d'assister aux premières notes de leur groupe musical s'amuse.
Les membres du comité organisateur du cinquantenaire placent leurs mots de remerciement, rendent hommage au groupe qui joue sans complexe un peu partout dans le pays, et dans toute la diaspora « Tropicana n'est pas seulement une institution musicale, c'est aussi un patrimoine national. Le groupe n'appartient pas aux musiciens ou aux responsables, mais à la communauté », estiment à l'unanimité ceux qui ont pris la parole, dont Marvel Dandin de radio Kiskeya et Kesner Pharel.
Ils ont par ailleurs décerné des plaques d'honneur à l'orchestre à l'instar d'autres institutions qui apprécient le travail de la formation musicale.
La designer Murielle Leconte, malade malheureusement et qui vit aux Etats-Unis depuis quelque temps, est rentrée pour la soirée. « Nous vivons dans une société de désorganisation où les institutions fonctionnent à son image. Mais heureusement, Tropicana a échappé à cette tradition », se félicite un fan de l'orchestre, estimant que les jeunes musiciens du groupe ont une lourde responsabilité. Ils doivent garder le flambeau allumé.
22h 25, le moment tant attendu arrive.
Tropicana joue sa première partition. Comme un public qui motive son équipe de football, des applaudissements pour saluer les musiciens retentissent.
Dès les premières notes, la piste de danse est déjà remplie. Avec Tropic, c'est comme ça. Si l'on est seul(e), on peut le regretter. « Yon sèl karo ». Il est déconseillé d'aller au spectacle de cet orchestre sans être accompagné.
La formule est appliquée ce soir au Club International. Tenue décente aussi. C'est une vieille tradition. Côté musical, la rigueur est de taille. L'orchestre joue ses bals comme s'il était dans un studio d'enregistrement. Ils ne sont pas beaucoup, les groupes musicaux à le faire ainsi. Pour un public conquis à l'avance, Tropicana passe en revue ses hits.
La piste de danse est trop petite. Certains dansent à côté de leur table. « Ce n'est pas le lieu où l'on danse qui est important, l'essentiel est de profiter de l'orchestre », indique Ronald Romain, 69 ans, costume noire, chemise rouge, grillant une cigarette. Sa femme Marlène Romain, 45 ans, robe noire, est heureuse. « Cela fait 25 ans que je danse Tropicana, dit-elle. Et j'ai toujours envie de danser à chaque fois que l'occasion se présente. »
1h du matin. Tropicana met fin à sa prestation.
Certains se demandent pourquoi ça se termine si tôt. Mais, le Tabou Combo, surnommé « ambassadeur du compas », doit performer.
Le groupe, qui joue un peu partout à travers le monde, ne saurait commencer sans rendre hommage au groupe âgé de cinq ans plus que lui. Shoubou, chanteur vedette de Tabou, décerne une plaque à Tropicana. Et quand il entame sa prestation en interprétant « Joyeux anniversaire », le public est ému tellement l'interprétation est extraordinaire.
Et quand Tabou, qui célèbre pour sa part ses 45 ans, joue la chanson « Zap zap », une ambiance électrique règne dans le club. En enchaînant avec « Baby paramount », « Phénomène Tabou », « Lakay », « Konsole », « Mabouya », le public en a pour son argent. Voire trop. On danse, on saute, on crie, on chante.
Tout se Tabou.
Pourtant, on ne le savait pas.
Dener Séïde est excellent à la guitare, et Jonas Imbert fait son show à la batterie. Tabou Combo, c'est aussi du spectacle. Pour ce 50 e anniversaire, la musique haïtienne était tout simplement à l'honneur. Avec ces deux géants sur une même scène, imaginez le reste.
Valéry Daudier
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120233
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mardi 20 août 2013
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