Jour 2: Ce matin, départ à 8h30 pour un projet de reforestation à Renaud,
dans le Sud. L'écologie, c'est mon champ d'action... j'ai été longtemps
militant écologiste. Alors il était très intéressant pour moi de visiter ce
projet de "gestion des bassins versants Sud" administré par le
PNUD. D'une portée à la
fois écologique et socio-économique, ce programme consiste à faire replanter de
jeunes arbres à de petits propriétaires terriens. À long terme, cela facilitera
le reboisement des montagnes qui sont complètement pelées. Mais ce qui est
positif, c'est que cela responsabilise les propriétaires et valorise leurs
terres puisqu'ils peuvent ainsi planter des pousses de caféier à l'ombre des
jeunes arbres.
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© Igor Rugwiza, MINUSTAH |
J'ai été touché par la participation importante des femmes dans la
protection de leur environnement. Dans une zone très sèche du Sud, j'ai vu le
fruit du travail d'une association de femmes, un projet bien organisé. La
pépinière de "Tête Létang" comprend 200.000 plantules qui, à long
terme, peuvent déboucher sur la commercialisation des pousses et apporter ainsi
une manne financière à ces femmes. Là, j'ai symboliquement replanté des arbres
dans des godets...ce que je fais depuis l'âge de 14 ans! J'ai une maison à la
campagne, en Bourgogne, et, contrairement à ce que l'on pense, j'aime
avoir les pieds dans la terre plutôt que dans les soirées mondaines.
Ici, ce qui me passionne, c'est l'énergie...les gens travaillent dur ici. Je
dois dire que c'est l'un des voyages les plus passionnants de ma vie. Chaque
jour me surprend davantage!
Ce soir, à Cité Soleil, nous avons été accueillis par le bataillon brésilien
Brabat de la
MINUSTAH. Il s'apprêtait à donner un spectacle préparé
pour les enfants de Cité Soleil dans leur amphithéâtre de
la Place de la fierté. Après un
dîner à la cantine des Casques bleus, le spectacle a commencé: de la musique
brésilienne puis des démonstrations de capoeira avec les soldats brésiliens et
les enfants, ce qui était absolument génial. Ils organisent ce genre
d'événement régulièrement pour les enfants et les adultes de Cité Soleil. Et
puis, après un spectacle de danse traditionnelle, je suis venu présenter un film
pour les enfants, "Sur la piste du Marsupilam". Le propos était de
présenter un divertissement qui a marché très fort en France. Je me dis souvent
qu'on ne sait jamais quelle graine on va semer. Il y a toujours des enfants qui
vont être touchés par quelque chose, qui vont découvrir le cinéma...il faut
toujours se dire qu'on sème à tout vent en espérant que des graines germeront.
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© Igor Rugwiza, MINUSTAH |
J'ai envie de revenir à Cité Soleil, c'est ma pensée ce soir... J'ai appris
aujourd'hui sur l'existence récente du bidonville, liée à des conditions très
spécifiques historiques et économiques. Et puis il y a eu des accroches
journalistiques très spectaculaires sur ce quartier de la capitale comme étant
"l'endroit le plus dangereux de la planète", etc. Mais je pense qu'il
faut savoir déchiffrer, ne pas s'arrêter à un slogan, poser des questions.
Si, un jour, je devais participer à un projet d'aide à Haïti, il serait
fondamental de connaître la carte complète du pays. J'ai plein de questions à
poser: dans la rue, je me demande comment les gens se débrouillent pour acheter
à manger, quel job ils font...Il y a une grande dignité dans le peu de moyens
que l'on rencontre dans la ville, mais à Cité Soleil on est face à une
situation qui suscite de multiples interrogations.
Je crois que ce voyage va déclencher quelque chose en moi. J'ai bien compris
qu'il faut savoir où l'on met les pieds, savoir ce que l'on porte et aider dans
le bon sens. Je n'ai finalement jamais été sur le terrain comme ça, avec des
organisations, de façon aussi longue.
Tout cela fait énormément réfléchir...
http://www.huffingtonpost.fr/lambert-wilson/lambert-wilson-haiti-onu-ecologie_b_3311921.html
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