Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 5 avril 2013
24ème Promotion de la PNH : l’avenir de la police d’Haïti passe par les femmes
Dès sa création en 1995, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a eu des femmes en son sein. Pourtant, 18 années plus tard, elles ne représentent que moins de 10%. Cette année elles sont 114 jeunes femmes à entamer une formation de sept mois à l’Académie de Police, bravant, pour nombreuses d’entre elles, les réticences familiales.
Jeunes, fonceuses et déterminées, les aspirantes-policières ont presque toutes un point commun, la réticence de leur famille face à leur choix de carrière. « Malgré l’avis contraire de ma mère j’ai opté pour la PNH, parce que j’ai toujours rêvé de devenir policière », avoue Béatrice Jean-Baptiste, 22 ans, originaire de Gros-Morne (Artibonite). Courageuse, elle se voit déjà revêtir l’uniforme du Corps d’Intervention et de Maintien de l’Ordre (CIMO), où les femmes sont encore faiblement représentées.
Nadège Dorélus, elle, a 25 ans et vient du Cap-Haïtien (Nord). N’ayant pas encore achevé ses études, ses parent se sont opposé à ce qu’elle aille s’inscrire. « Ma famille m’avait une première fois interdit de postuler et j’ai dû accepter contre ma volonté, mais en 2008 c’était trop fort pour moi et je me suis inscrite », avoue-t-elle. Patiente, elle finira par être admise à suivre les formations à l’académie cinq ans plus tard. « Je suis une femme vaillante, j’aime le mouvement et j’aime la police », dit-elle avec assurance. « C’est ce qui m’a donné la détermination de devenir policière ».
De son côté, Béatrice Mondésir, 22 ans, vient de terminer ses études secondaires l’année dernière. « Mon père ne voulait pas au début mais il a quand même fini par accepter ma décision », déclare la jeune haïtienne, qui réside dans la capitale. Consciente des dangers auxquels font face les agents chargés de faire respecter l’ordre dans des quartiers parfois difficiles, elle se dit être prête à relever le défi.
Pour cette première semaine de formation, débutée le 1er avril, elles ont revêtu l’uniforme des aspirants, à savoir baskets noirs, pantalons et t-shirts blancs siglés du logo de l’institution. Tout comme leurs camarades masculins, elles s’entrainent sur la cour de l’Académie de Police de Port-au-Prince.
Réparties en 18 groupes, elles suivront sur place une formation de sept mois suivie d’un stage de terrain dans les commissariats du pays et de séances de formations continues. Au bout d’un an, les 1 102 jeunes femmes et hommes seront testés pour devenir officiellement les cadets de la 24ème promotion.
Selon le directeur de l’Académie de Police, l’Inspecteur Miguélite Maximé, les formations sont les mêmes, tant pour les hommes que pour les femmes. « Elles suivent des cours dans les mêmes salles de classe que les hommes et pratiquent les mêmes exercices physiques », fait-il savoir. Par contre, leurs dortoirs et toilettes sont séparés.
Vers la féminisation de la PNH
Si la PNH comprenait des agents féminins dans sa première promotion en 1995, les femmes ne représentent toujours qu’un un faible pourcentage de l’effectif total. « Partout à travers le monde on prône le respect d’un quota de 30% de femmes dans les institutions publiques alors qu’au sein de la PNH, sur un effectif de 10 000 policiers, on a moins de 800 femmes », regrette l’Inspecteur Maximé.
Cependant, des efforts considérables sont consentis pour encourager les femmes à intégrer la Police Nationale d’Haïti. « Nous donnons des séminaires dans les écoles de filles comme le Lycée des jeunes filles à Port-au-Prince où nous nous entretenons avec elles pour leur parler de leur importance au sein de la PNH », précise M. Maximé qui ajoute « que les femmes ont leur place à la PNH et que la société a aussi besoin d’elles au sein de la force publique, car elles sont capables ».
« Elles n’ont pas besoin de faire la queue pour s’inscrire », rassure M. Maximé qui ajoute cependant que, par souci d’égalité, « les femmes doivent passer par le même chemin que les hommes pour pouvoir intégrer la force ».
Pour être admis à l’Académie, les postulants doivent passer des tests de connaissances générales, des exercices physiques et psychologiques, des examens médicaux et un entretien de motivation.
Pendant les sept mois de formation, les aspirants-policiers de la 24ème promotion se pencheront sur les violences faites aux femmes, les techniques de menottage, les tactiques défensives et autres disciplines relatives au travail de policier.
« Les femmes ont fait honneur à la PNH » se réjouit Miguélite Maximé, en référence à Manoucheka Rémy, un agent de police championne en arts martiaux au Chili où elle suit actuellement des cours à l’Ecole d’Investigation. « C’est une brillante agent de police et elle va être déployée au niveau de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) », ajoute-t-il.
Toujours dans le but de féminiser l’institution policière, une dizaine de jeunes femmes suivent également une formation spéciale d’un an sur le traitement des cas de violences basées sur le genre en Colombie. Une fois la formation achevée, elles auront à gérer ces types de problèmes dans leurs commissariats respectifs.
Jonas Laurince
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire