Le Point.fr - Publié le 16/12/2012 à 10:10 - Modifié le 06/03/2013 à 09:22
La longue agonie du chef de l'État avait permis à ses "enfants putatifs" de compter leurs soutiens. Mais, attention, succession à haut risque !
Depuis l'annonce en 2010 qu'il était atteint d'un cancer, la succession d'Hugo Chávez ne cessait d'occuper ses collaborateurs, ministres et alliés. En décembre dernier, le vice-président, Nicolás Maduro, avait endossé un costume blanc pour informer que le processus postopératoire serait "long et dur". Au bord des larmes, la voix chevrotante, le successeur désigné de Chávez avait alors admis que l'opération avait été "délicate". Cet aveu officiel a transformé pendant quelques semaines cet homme de 50 ans en principal favori pour le pouvoir suprême.
Aucune des trois précédentes interventions chirurgicales qu'avait subies le président depuis 18 mois n'avait été annoncée.
Mais cette fois, Hugo Chávez avait pris soin d'appeler à voter pour son vice-président en cas d'élection présidentielle anticipée, avant de partir en catastrophe pour Cuba. Un samedi soir de décembre, lors de sa dernière allocution télévisée officielle, ses habituelles blagues n'avaient pas fait diversion. Au moment où il embrassait une effigie du Christ, son regard transpirait la détresse.
Les orphelins du "Comandante"
Depuis lors, les chaînes publiques, comme nostalgiques avant l'heure, passaient en boucle des spots glorifiant les 14 ans que Chávez a passés au pouvoir. Pendant ce temps, les chavistes essayent coûte que coûte de prouver la cohérence du processus socialiste. En campagne pour les élections régionales du 16 décembre dernier, les représentants du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) ont serré les rangs pour sauver la révolution.
Conformément aux dernières recommandations du président malade, ils appelaient à l'unité contre la menace d'un retour de la droite "qui profiterait des circonstances" pour installer de nouveau "l'ordre néolibéral". Tout en évitant soigneusement d'envisager le décès de leur leader, les candidats socialistes aux régionales clôturent dorénavant leurs meetings par un nouveau slogan : "À genoux devant vous, Chávez. Aujourd'hui, demain et pour toujours."
Nicolás Maduro, le successeur
Le chantre du "socialisme du XXIe siècle" n'a jusque-là laissé aucune place à d'autres têtes d'affiche du parti. Il a tissé des liens passionnels avec les six millions de militants et militantes du PSUV, qui clament à qui mieux mieux qu'ils préfèrent Chávez à leur père ou à leur mari. L'un des slogans à la mode dans les rues de la capitale, Caracas, depuis samedi est d'ailleurs : "Tout avec Chávez, rien sans lui !"
Quelques leaders émergent cependant, et en premier lieu le vice-président, Nicolás Maduro. Cet ancien conducteur de bus autodidacte, dirigeant syndical, est parfois comparé à l'ex-président brésilien Lula da Silva.
À 50 ans, homme-clé du processus politique engagé depuis 1998, Nicolás Maduro a été en tant que ministre des Affaires étrangères "l'un des principaux architectes de la souveraineté du continent latino-américain", selon le politologue chaviste Luis Delgado Arria. Idéologue du parti, l'homme à l'épaisse moustache noire reste très discret. La sociologue Maryclen Stelling commente : "Il n'a pas le charisme de Chávez, mais Simón Bolívar ou Napoléon non plus..."
L'expérience du vice-président lui a valu le sobriquet de "muy maduro" (très mature). Mais Nicolás Maduro a d'autres atouts. Parmi eux, son épouse, Cilia Flores, une femme de poids chez les chavistes, actuellement procureur général de la République. Luis Vicente León, président de l'institut de sondage Datanalisis, avance un autre argument : "Nicolás Maduro est un homme populaire et attractif politiquement, parce qu'il appartient à l'aile modérée." Au niveau international, il dispose de la confiance des frères Castro.
D'autres dirigeants d'Amérique latine semblent intéressés par son curriculum. Mercredi, le conseiller en relations internationales de la présidente brésilienne Dilma Rousseff a annoncé que son gouvernement avait pris contact avec le vice-président vénézuélien dans le contexte de la succession de Chávez.
"Guerre de succession"
Le principal rival de Nicolás Maduro dans ce que certains cadres de l'opposition appellent déjà une "guerre de succession" se nomme Diosdado Cabello.
Compagnon d'armes de Chávez lors du coup d'État manqué de 1992, il est considéré comme l'homme le plus puissant du Venezuela après Hugo Chávez. Très critiqué pour les liens qu'il entretient avec le monde économique capitaliste et pour quelques scandales de corruption, le président de l'Assemblée nationale dispose aussi de larges soutiens dans l'armée.
Sans conséquence, selon Maryclen Stelling, qui explique que "les réserves du peuple contre les militaires ne sont pas aussi fortes que dans d'autres pays d'Amérique latine. À part la marine, l'armée vénézuélienne est historiquement formée par les couches populaires." Mercredi, lors d'une messe de soutien au président donnée par les forces armées, Diosdado Cabello a tenu à mettre en garde ses opposants contre toute "guerre de contre-information visant à diviser" le camp chaviste. D'après Luis Delgado Arria, "Diosdado Cabello est avant tout loyal à Chávez, il connaît bien Maduro et ne s'opposera pas à la volonté du Comandante de le voir président".
Le troisième homme fort du régime sans Chávez se nomme Elías Jaua. L'ancien vice-président est actuellement en campagne pour les régionales dans l'État-clé de Miranda face au candidat de la droite à la présidentielle, Henrique Capriles. À la fin de ses meetings, il suscite le même engouement révolutionnaire, les mères de famille se jetant sur lui pour lui glisser des papelitos, ces bouts de papier sur lesquels sont inscrites toutes sortes de requêtes.
Il faudra aussi compter sur l'influence du ministre de l'Énergie et président de l'entreprise pétrolière d'État PDVSA, Rafael Ramírez, et sur les contacts d'Adán Chávez, le frère du président malade, gouverneur de la région de Barinas.
En juin 2011, les médecins donnaient au président vénézuélien un ou deux ans de vie ; 21 mois plus tard, leur pronostic s'est confirmé.
http://www.lepoint.fr/monde/le-venezuela-commence-a-penser-a-l-apres-chavez-16-12-2012-1587828_24.php
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 6 mars 2013
ANALYSE - Le Venezuela avait préparé l'après-Chávez
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