Deux candidats ont finalement considéré que les fraudes attribuées au parti au pouvoir du prétendant Jude Célestin n’étaient pas si graves. Heureusement, constate Théodat, car le pays n’a pas les moyens «d'organiser de nouvelles élections». Effectivement, il y a une confusion avec les candidats qui se sont déclarés majoritairement contre le maintien du processus. Je constate que l’un des porte-paroles de ce groupe, Michel Martelly – qui avait été signataire de ce mot d’ordre – s’est rétracté quand il a compris qu’il était peut-être en tête dans le département de l’Ouest. Il dit aujourd’hui attendre démocratiquement le résultat des élections. Il y a donc une certaine confusion, mais c’est la publication des premiers résultats qui va décider de la suite des évènements.
Jean Marie Théodat est professeur à l’école normale supérieure de Port au Prince. Géographe et Maître de conférences à l’Université Paris I – La Sorbonne, il est retourné vivre à Haïti d’où il écrit quotidiennement des chroniques.
Leurs postures sont à mon sens mal inspirées, car ils ont demandé une annulation de vote qui peut leur être très défavorable. En réalité, ils ont pris conscience dans la soirée même, que d’une part, il était peu probable qu’on ait les moyens d’organiser de nouvelles élections, et que d’autre part, ce n’était véritablement pas la priorité. 1.500.000 personnes déplacées vivent encore dans des abris de fortune à Port-au-Prince! Les candidats ont compris que, finalement, il valait mieux accepter des élections imparfaites, plutôt que pas d’élections du tout. Finalement, ce n’est pas une mauvaise chose d’avoir un processus électoral capable d’aller jusqu’à son terme.
Non. Les gens se sentent très concernés par les élections. Dans les rues, les administrations, universités, il y a beaucoup d’échanges sur la politique. Ils misent beaucoup sur elles, et attendent du nouveau président qu’il change significativement la situation. Les difficultés matérielles sont telles, que des élections sans ambages auraient été une véritable surprise. Maintenant tout est une question de mesure: s’il y a eu fraude massive, on le saura très vite, les résultats parleront d’eux-mêmes. Est-ce qu’il y a eu seulement des dysfonctionnements ici et là ? Vu la situation, c’est presque inévitable. Il faut attendre les premiers résultats, et si ces élections sont indignes, je pense qu’on le saura.
Les résultats officiels des élections présidentielles sont attendus à partir du 7 décembre. Un deuxième tour pourrait se tenir le 16 janvier 2011. En attendant, une période instable de contestation, de la part des candidats, mais aussi des haïtiens, est plus que plausible.
Mirlande Manigat, la première dame : Ancienne sénatrice et Première dame de 70 ans. La candidate du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) fait campagne sur l’aide aux démunis, 11 mois après le tremblement de terre qui a dévasté Haïti. Celle que l’on surnomme «Maman» a fait des études à la Sorbonne, avant d’enseigner à Trinidad et au Venezuela.
Il y a une contradiction au sein même de l’électorat entre la province et la capitale, entre le Nord et le Sud. Jude Célestin n’est pas très populaire à Port au Prince, mais il est connu en province. Il n’est donc pas forcément disqualifié pour le second tour. Il a bénéficié de l’argent public pour faire sa campagne, c’est un fait, mais cela ne lui garantit pas automatiquement le fauteuil présidentiel. Je ne pense pas que dans les conditions actuelles d’implication de la communauté internationale, on puisse imposer par la fraude un candidat aux Haïtiens, si ce n’est pas celui choisi par les électeurs.
Nous avons les politiciens que nous avons. Des dix-neuf candidats en lice, il n’y a aucun messie. J’aurai eu peur d’un candidat qui promet monts et merveilles qu’il devienne un tyran, cela s’est déjà vu dans l’histoire du pays. Je me réjouis d’avoir des candidats qui se tiennent dans un même rang. Maintenant, nous verrons à l’usage, car le défi est tellement grand qu’il ne faudra pas attendre très longtemps pour savoir si la personne est à la hauteur ou pas. Maintenant, aura-t-il autour de lui une équipe avec les compétences requises pour changer la situation ?
http://www.streetpress.com/sujet/1295-les-elections-en-haiti-relancees-sil-y-a-eu-fraude-massive-on-le-saura-tres-vite
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 1 décembre 2010
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